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Gratuité des préservatifs annoncée par Emmanuel Macron : avancée réelle ou mesure molle ?

Une «petite révolution de prévention» des infections sexuellement transmissibles. Emmanuel Macron n’a pas fait dans la demi-mesure en annonçant jeudi la gratuité du préservatif en pharmacie à partir de janvier pour les 18-25 ans. Mais qu’en est-il pour les mineurs ? Faut-il aller plus loin ?

Qu’a dit Emmanuel Macron, et pourquoi cette annonce surprise ?

L’effet de surprise n’a pas capoté. «En pharmacie, le préservatif sera gratuit pour les 18-25 ans. Cela va commencer dès le 1er janvier», a lancé Emmanuel Macron, alors qu’on ne l’attendait pas sur le sujet, jeudi lors d’une session du Conseil national de la refondation (CNR) consacrée à la santé des jeunes, à Fontaine-le-Comte (Vienne).

Si les modalités de cette prise en charge restent à préciser, le ministre de la Santé, François Braun, a assuré vendredi que «ça va être très simple : un remboursement à 100 % par la Sécurité sociale», «sans ordonnance». «Un des enjeux majeurs est la santé des jeunes» dans un contexte de «reprise des infections sexuellement transmissibles (IST), qui sont une grande cause d’infertilité», a fait valoir le ministre sur BFMTV et RMC.

Ces dernières années, le nombre de nouveaux diagnostics d’infection au VIH n’a pas baissé en France, stagnant autour de 5 000 en 2021. Et la recrudescence des IST, notamment à chlamydia et à gonocoque, s’est poursuivie. En outre, selon Santé publique France, 15 % des personnes ayant découvert leur séropositivité en 2021 étaient âgées de moins de 25 ans, et la part de cette classe d’âge ne baisse pas depuis 2017.

Quelle prise en charge jusque-là ?

Des préservatifs masculins sont déjà remboursés par la Sécurité sociale, sans limite d’âge, mais sur prescription obligatoire d’un médecin ou d’une sage-femme. Deux modèles sont concernés : «Eden» depuis décembre 2018, auquel est venu s’ajouter «Sortez couverts !» en mars 2019.

Selon les données de l’Assurance maladie, 542 893 boîtes (de 6, 12 ou 24 préservatifs) ont été remboursées en 2021, un chiffre en hausse de 31 % sur un an. Ce dispositif est cependant méconnu : seuls 21 % des mineurs et 29 % des 18-24 ans en ont entendu parler, a indiqué jeudi l’Elysée.

«Cette possibilité d’accès gratuite sur prescription a constitué un premier pas, mais nous savions que le passage par un médecin généraliste pouvait représenter un obstacle», estime Florence Thune, directrice générale de l’association de lutte contre le VIH Sidaction.

Pourquoi ne pas élargir aux moins de 18 ans ?

Si les acteurs (associations, médecins) engagés dans la prévention des IST ont salué l’annonce présidentielle, des questions demeurent. «C’est une bonne chose que de rendre les outils de prévention le plus disponible possible. En revanche nous pouvons nous interroger sur la fourchette d’âge : pourquoi pas avant 18 ans ? Nous savons que la vie sexuelle débute souvent avant cet âge», relève l’association Aides.

Les mineurs sont cependant déjà parmi les principaux bénéficiaires des quelque 5 à 6 millions de préservatifs distribués gratuitement chaque année, que ce soit dans les points accueil et écoute jeunes, à l’infirmerie des collèges et lycées, dans les centres d’animation ou les MJC, etc. A elle seule, Aides en donne plus d’un million par an.

Mais ces distributions gratuites pèsent peu face aux plus de 112 millions de préservatifs vendus en 2021, tous réseaux confondus (grandes surfaces, pharmacies…), d’après Santé publique France.

Pourquoi ne pas aller plus loin ?

Pour Aides, la stratégie du «tout préservatif» n’est pas «suffisante». Selon cette association, «il faut aussi rendre disponibles les autres outils de prévention, notamment la PrEP (prophylaxie pré-exposition)», qui consiste à prendre un médicament afin d’éviter de se contaminer et reste «peu connue chez les moins de 25 ans».

«Il est important de promouvoir d’autres moyens de prévention», abonde Florence Thune, qui estime également que les autorités sanitaires ne parlent «pas suffisamment» de la PrEP.

Quant au préservatif féminin, qui n’est pas pris en charge par la Sécu malgré une recommandation en ce sens du Haut Conseil à l’égalité en 2021, «il est peu promu de manière générale : il faudrait là aussi un effort d’information et de mise à disposition», estime la dirigeante du Sidaction.