France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Groland fête 30 ans de “liberté absolue” à Angoulême

Notre faux JT dans un pays fictif nous a apporté une forme de liberté absolue.

Si l’ambassade du Groland est implantée à Lens, son consulat tient bon à Montemboeuf. On délivre toujours des passeports grolandais Chez Mamie, même si mamie n’est plus là. Et les liens avec la Charente n’ont jamais été aussi forts. Depuis le covid, une structure de production est installée ici.

La rédaction vous conseille
Dans les coulisses de Groland, en Charente

Dans les coulisses de Groland, en Charente

Depuis fin août, l’équipe de l’émission quotidienne Groland sur Canal + a choisi la Charente pour décor à son feuilleton Plus belle l’eau-de-vie. La semaine dernière, le 21e épisode se tournait dans les caves Charlemagne.

Après Plus belle l’eau-de-vie et PQR, c’est la série Télétravailleuses, télétravailleurs qui est tournée sur nos terres. À Bunzac, précisément. « Groland, c’est l’esprit punk, le destroy », témoignent Loïc Bouadla et Flore Zanni, les acteurs principaux, qui étaient à peine nés au lancement du programme. « C’est un monument de la télévision française. Il traverse les générations. » Retour sur la fondation d’un pays déjanté avec Benoît Delépine.

Ce sont des acteurs tirés du quotidien. On a une vraie admiration pour eux. Ce sont eux qui se retrouvent en bout de chaîne à concrétiser nos délires.

Putain 30 ans ! Si on vous avait dit ça au lancement de Groland en 1992, l’auriez-vous cru ?

Benoît Delépine. Pas du tout. Le pilote de l’émission datait de trois ans auparavant. Je m’étais fait jeter de toutes les chaînes donc c’était un peu la loose. Le seul fait d’avoir été choisi par Alain De Greef pour faire un faux JT dans une des émissions de Canal, c’était, déjà, une petite victoire en soi. Alors imaginer un avenir, pas du tout.

Les Guignols n’ont pas survécu. Groland est toujours là. Comment expliquez-vous ça ?

En 1992, quand on a lancé l’émission, il y avait eu un retour de la droite au pouvoir avec un certain Pasqua, non regretté, au ministère de l’Intérieur. On s’était dit : « On ne va pas tenir avec les Guignols. On va se faire dégager, donc inventons une émission dans un pays qui n’existe pas avec des personnages qui n’existent pas ». C’est comme ça qu’on a lancé notre faux JT dans un pays fictif. Ça nous a apporté une forme de liberté absolue. Contrairement aux Guignols que j’ai faits pendant six ans, il n’y avait pas d’attaques ad hominem. Je pense que c’est ce qui explique notre longévité. Quand on fait notre émission, les patrons de la chaîne ne reçoivent pas quatre coups de fil, deux procès…

Le programme a un lien très fort avec la Charente. C’est notamment lié à votre installation à Vars. Désormais, vous n’êtes plus le seul de l’équipe à être installé ici…

Oui, ça fait 25 ans que je suis installé à Vars. Mon compère Frédéric Felder s’est installé ici aussi. Notre productrice est aussi en train de le faire. Tout comme les deux acteurs qui jouent en ce moment dans Télétravailleuses, télétravailleurs. Il y a plein de gens qui ont décidé de faire de la Charente leur base d’exil.

« Télétravailleuses, télétravailleurs », c’est la troisième série tournée en Charente. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

J’avais écrit un long-métrage qui s’appelait comme ça il y a 25 ans en arrivant ici. Il y avait un peu toutes mes peurs -injustifiées - de m’installer à la campagne en ayant travaillé à Paris pendant une quinzaine d’années. Je n’étais pas sûr de faire le bon choix. Pendant les confinements, en retombant sur ce gros scénario de 120 pages, je me suis dit que c’était con de le jeter parce qu’aujourd’hui, il est carrément en phase avec notre société. En prenant quelques scènes importantes, en demandant à Frédéric [Felder], à Gustave [Kervern] et un autre auteur d’écrire des sketchs qui racontent leurs propres histoires, ça donne une série qu’on a écrite pendant tout cet été et qui est à l’antenne maintenant chaque semaine.

L’émission anniversaire a été tournée début novembre au siège du Parti communiste. Elle est animée par Doully. Sans spoiler, que va-t-on y voir ?

C’est le 30e comité central du Groland. On a choisi un lieu culte pour l’honorer. On a réuni tous ceux qui ont fait l’émission et qui sont encore vivants parce que, malheureusement, entre canicules et épidémies, ils ont beaucoup souffert nos acteurs, souvent d’un certain âge. On voulait féliciter les survivants qui continuent à faire des sketchs pour nous, les honorer en les médaillant des Arts et des Litres.

Vous faites monter sur scène des papis, des mamies… qui vous disent tous merci de les avoir entraînés dans cette aventure. Sur scène, cela semble vous émouvoir.

Oui, franchement. Nous, on écrit des sketchs. Les équipes de réalisation les tournent ensuite. Voir tous ces gens en vrai, on a été réellement émus. On a une vraie admiration pour eux. Ce sont des acteurs tirés du quotidien. Ce sont eux qui se retrouvent en bout de chaîne à concrétiser nos délires. Il faut une forme de courage et de fantaisie. Ils ont un côté anar revendiqué à 70-80 balais. Ils arrivent à faire des trucs incroyables et, effectivement, ils en sont contents parce que ça leur permet de rencontrer les équipes de tournage, de rigoler avec les autres acteurs…

Cette émission, c’est aussi un hommage à Christophe Salengro, feu le président de la présipauté de Groland.

On l’a même statufié sur scène. C’est notre grand timonier depuis le début ; il est toujours là dans nos cœurs. J’espère qu’il serait fier de voir l’ensemble de cette émission.

Le tournage a lieu en pleine campagne, à Bunzac.
Le tournage a lieu en pleine campagne, à Bunzac.

Photo Renaud Joubert

30e comité central du Groland, mercredi 7 décembre, à 21h sur Canal + ; dès 20h20 à l’espace Franquin d’Angoulême (gratuit et sans réservation) ; en clair, samedi 17 décembre à 20h. Durée : 1h10.