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Guerre en Ukraine : des cartes de l'armée russe font état d'un important recul de leurs troupes dans la région de Kherson

Après la reprise de la localité stratégique de Lyman dans l'Est, l'armée ukrainienne tente d'encercler Kherson, capitale régionale à l'embouchure du Dniepr, dans le sud du pays.

La reconquête ukrainienne se poursuit, lentement mais sûrement. Après la contre-offensive victorieuse aux alentours de Kharkiv à l'est début septembre, puis la reprise de la ville stratégique de Lyman samedi, l'armée de Kiev avance au sud-ouest de l'Ukraine, vers Kherson, seule capitale régionale dont les Russes se sont emparés depuis le 24 février et vaste cité de 280.000 habitants qui borde les deux rives du Dniepr à son embouchure.

Après la prise de Dudchany hier, à 100 kilomètres de Kherson sur le Dniepr, l'armée ukrainienne a libéré Davydiv Brid à 80 kilomètres de Kherson. Les forces russes, estimées entre 20.000 et 25.000 soldats, commençaient à être encerclées et ont reculé d'environ 40 kilomètres. Des cartes russes montrées mardi par le ministère russe de la Défense lors de son briefing quotidien font état d'un repli important. Cette carte, comparée à celle de la veille, montre que les forces russes ont quitté un grand nombre de localités.

Par ailleurs, la carte montrant la région de Kharkiv, au nord-est du pays, montre aussi que les Russes ont quitté la quasi-totalité de la rive orientale de la rivière Oskil, dernière zone de la région qu'ils contrôlaient encore, les troupes de Moscou ayant été défaites là aussi par une contre-offensive ukrainienne menée depuis plusieurs semaines.

L'armée russe n'a pas pour autant annoncé de retrait, ni commenté ce recul visible sur les cartes.

Le 11 septembre déjà, la diffusion d'images de cartes militaires dans le briefing de l'armée russe avait confirmé l'ampleur du recul russe dans la région de Kharkiv.

Les autorités ukrainiennes n'ont elles pas donné à ce stade d'informations précises sur les opérations en cours dans la région de Kherson. L'état-major ukrainien s'est borné à dire dans un communiqué que dans le sud «l'ennemi est démoralisé». «Ils abandonnent leurs positions et se retirent à une distance sûre, détruisent leurs stocks de munitions, tentent de détruire les ponts», a-t-il écrit sur Facebook.

Un vice-ministre ukrainien de l'Intérieur, Evguéni Enine, a lui fait état de 50 localités libérées dans la région de Kherson sans préciser depuis quand et où, alors que l'armée ukrainienne gagne du terrain depuis plusieurs semaines.

Afin de reprendre Kherson, les Ukrainiens tentent de reproduire la manœuvre d'encerclement qui a été efficace à Lyman. Ils progressent donc le long du Dniepr. L'armée russe, isolée à l'ouest du Dniepr sur la rive droite, connaît également des difficultés de ravitaillement. En effet, les ponts la reliant à ses bases situées sur la rive gauche sont régulièrement bombardés par l'armée ukrainienne et la quasi-totalité sont détruits. Des ponts flottants sont construits, mais également sous le feu de l'artillerie de Kiev.

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«C'est tendu, disons-le ainsi», a reconnu, à la télévision d'État, Vladimir Saldo, le chef installé par la Russie à Kherson. L'Ukraine a libéré la localité de Dudchany, mais «la situation demeure compliquée, des hostilités se poursuivent», commentait lundi la présidence ukrainienne. Selon Kiev, «l'ennemi cherche des moyens pour améliorer l'approvisionnement logistique de ses troupes, continue de mettre en place des traversées (de plans d'eau) alternatives et des réparations près de ponts Antonivsky et de Kakhovka» au-dessus du fleuve. «Lorsque autant de canaux russes sonnent l'alarme, cela veut généralement dire qu'ils sont en difficulté», a tweeté Rob Lee, chercheur du groupe de réflexion américain Foreign Policy Research Institute en publiant des captures d'écran de blogueurs militaires russes.

Cette vaste contre-offensive à Kherson, annoncée depuis plusieurs mois, a déjà permis à Kiev de reprendre 500 kilomètres carrés depuis le début du mois de septembre. Elle aurait créé «un appel d'air» pour les troupes russes qui ont dégarni d'autre front pour renforcer celui de Kherson, comme l'évoquait Joseph Henrotin, rédacteur en chef de la revue Défense et sécurité internationale et chargé de recherche au Centre d'analyse et de prévision des risques internationaux auprès du Figaro«À Kherson, les Russes sont sur une «île» : la ville et toute la superficie de terrain autour se trouvent à l'ouest du Dniepr. Or, depuis deux mois, les Ukrainiens frappent les ponts, détruisent les pontons dans leur dos et la Marine russe ne s'aventure plus dans l'ouest de la Mer Noire. Un retrait par la mer des forces russes est donc devenu extrêmement difficile», ajoutait-il.

L'oblast de Kherson, comme ceux de Zaporijjia, de Louhansk et de Donetsk, a été annexé par la Russie, après des référendums Potemkine. Mais Moscou a annoncé ce lundi vouloir «consulter» la population des régions annexées de Kherson et Zaporijjia pour en établir les frontières. Des frontières qui, à n'en pas douter, seront plus que jamais définies par le bruit des armes.

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