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Guerre en Ukraine : pourquoi le risque d’embrasement n’a jamais été aussi élevé

Le risque « d’apocalypse » plane sur le monde, a affirmé, jeudi, le président américain. « Vladimir Poutine ne plaisante pas. Quand il parle d’un usage potentiel d’arme nucléaire tactique ou d’arme biologique ou chimique, on peut le croire (…). Comment peut-il s’en sortir ? Comment peut-il se positionner de façon à ni perdre la face, ni perdre une portion significative de son pouvoir en Russie ? »

Notre direct sur la guerre en Ukraine

Des mots chocs, inusités depuis la crise des missiles de Cuba en 1962, que tempère un peu le cadre choisi pour les prononcer. C’était à New York, à l’occasion d’un déplacement pour honorer une levée de fonds. Si le danger était imminent, soulignent les connaisseurs de la grammaire nucléaire, Joe Biden aurait parlé de la Maison Blanche, entouré de ses généraux, ou du « Norad », enterré dans les montagnes du Colorado, cet état-major hérité de la Guerre Froide, à l’affût de tout lancement de missile stratégique. Reste qu’on n’emploie pas impunément de tels mots.

Plus personne ne souhaite la paix au Donbass

« Effrayer, affoler et, in fine, mettre l’adversaire au pied du mur ». C’est le but de cette nouvelle éruption de la rhétorique nucléaire dans le conflit ukrainien. L’Américain et le Russe, qui l’ont exhumée des cartons de la Guerre Froide à la veille de son déclenchement, l’emploient au rythme de ses évolutions. Le 21 septembre, à la suite des référendums préparatoires à l’annexions du Donbass à la Russie, le maître du Kremlin prévient : « Si notre intégrité territoriale est menacée, nous utiliserons bien sûr tous les moyens à notre disposition pour défendre la Russie et notre peuple. Ce n’est pas du bluff ».

La Maison Blanche évacue d’abord la menace, avant de rallier les analystes européens qui pensent que le risque n’a jamais été aussi élevé d’une montée aux extrêmes, vers un troisième conflit mondial. De fait, à la veille de l’hiver, plus personne ne souhaite la paix au Donbass. La contre-offensive ukrainienne réussie de septembre, et les suites positives de ces derniers jours, incitent les Occidentaux à accroître leur aide et contraint la Russie à hausser le ton.

Une incitation « à commencer une nouvelle guerre mondiale »

Moscou, dont la doctrine nucléaire est fondamentalement défensive, enjoint Washington de ne pas franchir une ligne rouge en Ukraine. Pour cette dernière, impossible de ne pas répondre sur le même terrain. Elle est, en outre, aiguillonnée par ses faucons, qui rêvent ouvertement d’employer le nucléaire tactique contre les troupes russes en Ukraine. La réaction de Volodymyr Zelensky aux propos de Joe Biden l’illustre. Fidèle à sa stratégie jusqu’au-boutiste, le leader a, dans la foulée, appelé l’Otan à réaliser des « frappes préventives sur la Russie afin de rendre impossible l’utilisation d’armes nucléaires par le président Poutine ». Une incitation « à commencer une nouvelle guerre mondiale », dénonce le Kremlin.

Politiquement, l’hypothèse que la Russie cible l’Ukraine paraît peu probable. « C’est le régime de Kiev que nous voulons punir, pas la population », répètent ses leaders depuis le début du conflit. Avant de recourir à une frappe nucléaire, Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, a l’embarras du choix pour envoyer un « ultime avertissement », comme disent les stratèges français, les seuls à considérer que le nucléaire est l’arme du « non emploi » : simuler un raid nucléaire aérien de grande envergure contre Paris ou Londres ; tirer un missile hypersonique (réputé invincible) sans charge militaire contre une cible de l’Otan ; frapper pour de bon… Dans ce contexte explosif, chacun scrute l’autre, mais un incident peut vite mettre le feu aux poudres, savent les militaires.