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Hand féminin. Nodjialem Myaro : « Notre Ligue est la plus structurée en Europe »

Nodjialem Myaro Présidente de la Ligue féminine de handball

On voit et on parle souvent de l’équipe de France féminine, championne olympique en titre, vice-championne d’Europe et du monde, qui est la vitrine du hand féminin, mais ces dernières années le championnat s’est également développé et structuré. Parmi les signes forts de cette structuration, l’intégration cette saison au sein de la Ligue féminine de la Deuxième Division ou l’adoption en mars 2021 d’une convention collective historique, dont la marraine est l’ancienne ministre des Sports Marie-George Buffet, qui offre un véritable statut social aux joueuses. Ancienne internationale (150 sélections), Nodjialem Myaro, présidente de la LFH, nous explique ces évolutions qui font du hand féminin tricolore une référence.

Après avoir craint le pire au début de la crise sanitaire, la Ligue féminine de handball a montré une vraie résilience. Comment avez-vous réussi à rebondir ?

On a beaucoup échangé pour préserver les joueuses, les staffs des équipes et l’économie des clubs en s’adaptant à chaque fois au mieux. Ce qui était important, c’était d’assurer la reprise du championnat (2020-2021), même à huis clos, et de continuer à garder le lien avec le public à travers les réseaux sociaux. Les clubs ont su se réinventer et trouver des canaux de communication innovants et différents de ce qui se faisait auparavant avec la diffusion télé (en août 2019, après trois saisons, beIn Sports n’a pas souhaité poursuivre – NDLR). Enfin, nous avons tout fait pour mener à terme le championnat, malgré les nombreux cas de Covid et les mesures d’isolement à respecter, en faisant preuve de souplesse au niveau du calendrier, tout en essayant, dans cette période compliquée, que le championnat reste visible.

Les partenaires économiques sont restés fidèles, même avec l’arrivée d’un nouveau sponsor cet été. Comment expliquez-vous cette attractivité ?

Nous sommes très heureux d’accueillir cette saison Lidl, qui devient un partenaire majeur de la LFH, et de nos deux championnats : la Ligue Butagaz Énergie et la Division 2 féminine. C’est le fruit du travail et de la dynamique qu’on a mis en place au sein de la Ligue. Avec les partenaires, nous sommes dans une relation de proximité. On échange beaucoup et il ne s’agit pas seulement d’une relation économique. Avec Butagaz, partenaire titre de la LFH, qui a resigné pour trois années, on a par exemple mis en place des ateliers d’écriture. En ce qui concerne les clubs, le modèle économique est assez différent selon les équipes. Les partenariats restent très locaux. Certains reçoivent une part importante de subventions des collectivités, d’autres se reposent plus sur un mécène. Les clubs ont réussi ce défi de conserver un maximum de partenaires durant la crise sanitaire.

Pourquoi avoir intégré la Division 2 au sein de la LFH dès cette saison, alors que ce projet était prévu après les JO de Paris 2024 ?

Plus de la moitié (53 %) des joueuses et des staffs étaient déjà professionnels au sein des clubs de Deuxième Division. Les clubs affichent une vraie volonté d’avancer et beaucoup répondent déjà aux critères nécessaires. Il était donc logique qu’on accompagne cette structuration. Avec désormais deux championnats, le handball féminin se joue à 28 clubs répartis dans toute la France.

Comment se passe l’intégration ?

Très bien. Elle est le fruit du travail mené depuis plusieurs années par les dirigeants, entraîneurs, formateurs. On a de nombreux contacts avec les clubs qui sont assez surprenants. Huit ont le statut VAP (voie d’accession au professionnalisme) accordé par la Commission nationale de contrôle et de gestion (CNCG), c’est-à-dire qu’ils répondent aux critères économiques (notamment un budget prévisionnel minimal de 600 000 euros) et de structuration du cahier des charges (un entraîneur pro à plein temps, quatre joueuses pros, un équivalent temps plein au niveau administratif, standing de la salle, etc.), qui visent à sécuriser le chemin vers la LFH. C’est la première fois qu’autant de clubs cochent ces critères. D’habitude, on en a seulement quatre ou cinq… On essaye d’accompagner tous les clubs au mieux et de les rendre plus visibles via HandballTV (www.handballtv.fr - NDLR), la nouvelle plateforme numérique qui regroupe tous les handballs et propose de la vidéo sur demande ou des matchs en direct.

Ce statut VAP est-il un prérequis pour accéder à la D1 ?

Oui, si un club occupe sportivement le haut du tableau en D2F, il doit posséder le statut VAP pour monter en Première Division. S’il ne répond pas à ces critères, il ne pourra pas y accéder, car on a eu trop de problèmes précédemment avec des clubs instables économiquement. L’économie du sport féminin reste fragile et le seul résultat sportif ne peut pas permettre l’accession à la D1. Il faut que les clubs soient stables.

En mars 2021, le handball féminin est devenu le premier sport à se doter d’une convention collective. En quoi consiste ce texte historique ?

C’est un travail remarquable effectué pendant plus de trois ans par les clubs, accompagnés par la Fédération, qui se sont réunis avec les syndicats des entraîneurs (AJPH), des joueurs (7 Masters) et l’Union des clubs professionnels de handball féminin (UCPHF) pour faire évoluer le statut des joueuses et des entraîneurs. Parmi les mesures phares, il y a la garantie d’un salaire minimum (1 650 euros brut mensuels), l’allongement des congés payés des joueuses à sept semaines comme pour les hommes, la protection des joueuses durant leur maternité avec le maintien du salaire durant une année, et aussi en cas de longue blessure. Avant, dans ces deux situations, les joueuses percevaient leur salaire durant seulement trois mois. Sur le principe et la dynamique, les joueuses et joueurs sont logés à la même enseigne. Ce sont de belles avancées, et d’autres sports collectifs s’en sont inspirés.

Comment se situe le hand féminin français par rapport à ce qui se fait dans le reste de l’Europe ?

La LFH est la première en termes de structuration en Europe. Même si la Ligue reste une commission de la Fédération, nous sommes les seuls en sport collectif à avoir une structuration aussi forte, cette homogénéité et ce modèle de gouvernance lors des comités de direction avec l’union des clubs, les représentants des entraîneurs, des joueuses. Nous sommes régulièrement cités en exemple, c’est une fierté.