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Hyperconnexion, danger !

Faites-vous partie des salariés hyperconnectés ? Une étude conduite par le cabinet de conseil en transformation digitale Lecko estime à 10 % la proportion de salariés considérés comme « hyperconnectés ». Ils et elles consultent fréquemment leurs mails en dehors des heures de travail (au moins 9 fois par mois sur un trimestre) – les horaires de travail étant définis dans ce cadre de manière large entre 8 heures du matin et 20 heures. N’ayant pas la possibilité de récupérer pleinement, ces salariés sont exposés à une surcharge mentale excessive qui occasionne une grande fatigue et une perte de capacités cognitives.

« tous victimes et bourreaux »

La grande majorité des salariés (75 %) adopte, elle aussi, ces pratiques de connexion en dehors du temps de travail, mais de manière moins fréquente. « Ce phénomène est la conséquence de la déstructuration des temps liés au travail à distance », souligne Arnaud Rayrole, directeur général de Lecko. « Nous sommes tous victimes et bourreaux. Quand je décide de me remettre au travail après dîner et que j’envoie un mail à un collègue. Celui-ci n’est pas obligé de le lire mais, comme la plupart du temps sa boîte mail professionnelle est accessible via son smartphone, il sera tenté de le consulter et cela risque de gâcher sa soirée », poursuit-il. Pour lutter contre ce phénomène, les leviers d’action sont d’abord collectifs. « Il est important d’établir des règles d’usages numériques », conclut-il.

Responsable de la santé et de la sécurité des salariés, l’employeur doit assurer à celui-ci un droit à la déconnexion. L’article 2242-17 du Code du travail prévoit que les modalités d’exercice de celui-ci doivent être négociées. En l’absence d’accord, l’employeur doit édicter une charte. « Dans le cadre de mes activités de prévention, je ne manque jamais d’insister sur la nécessité de border le temps dans lequel les outils numériques, et notamment les messageries, peuvent être utilisés. Ces règles doivent notamment figurer dans le document unique d’évaluation des risques professionnels », insiste Gérald Demortière, médecin du travail. Pas question de se contenter d’un simple message en fin de mail disant qu’il ne nécessite pas de réponse en dehors des heures ouvrables, c’est bien l’envoi de mails hors temps de travail qui ne doit pas avoir lieu.

« pression cognitive énorme »

Attention aussi à l’hyperconnexion pendant les heures de travail. Du fait du développement des outils digitaux, les notifications de réception de mail, de messageries instantanées se multiplient. « Ces notifications permettent d’éviter de louper des informations, mais elles génèrent une pression cognitive énorme », alerte Marie-Anne Cloarec, formatrice en culture numérique d’entreprise. « Laisser ses mails ouverts, réagir aux notifications donne une sensation d’hyperproductivité, mais celle-ci est trompeuse. Quand on se consacre à plusieurs tâches en même temps, on n’en fait bien aucune. Cet émiettement donne à la fin de journée l’impression d’un travail finalement mal fait. » De quoi alimenter le sentiment de perte de sens du travail.