Géologie.
L’analyse des cernes d’arbres dans la région de Seattle montre que plusieurs failles sismiques se sont rompues à peu près au même moment, il y a plus de mille ans, engendrant de puissantes secousses. Un séisme du même acabit pourrait se produire à nouveau dans la région.

“D’après les légendes du peuple salish, qui vit sur la côte pacifique nord des États-Unis, les falaises et les lacs de la région seraient apparus le jour où A’yahos, un esprit à corps de serpent géant, aurait fait trembler la terre”, raconte Science. La morphologie des lieux semble corroborer cette légende. Désormais, une étude parue le 27 septembre dans Science Advances le confirme : il y a 1 100 ans au moins, deux failles sismiques proches de ce qui est aujourd’hui la ville de Seattle se sont rompues à peu près au même moment, provoquant un puissant séisme.
Pour situer cet événement dans le temps, les chercheurs se sont appuyés sur la science des cernes des arbres tombés à terre et souvent ensevelis depuis, ainsi que sur les méthodes les plus modernes de datation au carbone 14. Leur analyse suggère que des secousses sur une période de six mois entre les années 923 et 924 de notre ère auraient dévasté les forêts et ouvert de nouveaux lacs.
L’étude ne permet pas de déterminer avec précision si les ruptures de failles se sont produites simultanément ou à quelques moins d’intervalles. En l’état actuel des connaissances, les deux scénarios sont possibles. L’équipe a évalué que s’il s’agit d’un séisme “composite”, résultant de la rupture simultanée de plusieurs failles, comme ce qui s’est produit en Nouvelle-Zélande en 2016, la magnitude aurait été de 7,8. Des ruptures successives, comme on en a observé cette année en Turquie et Syrie, auraient engendré deux séismes très rapprochés d’une magnitude estimée à 7,5 et 7,3.
Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’événements extrêmement puissants, rares dans cette région et potentiellement dévastateurs dans des zones densément peuplées. “Les auteurs expliquent que si de violentes ruptures ont déjà eu lieu de manière simultanée le long des failles, ce phénomène pourrait très bien se reproduire”, rapporte Science. “Et cela multiplie le risque de séismes de grande ampleur”, insiste Lydia Staisch, de l’Institut américain d’études géologiques (USGS), qui n’a pas participé à l’étude.
Brian Sherrod, géologue de l’USGS installé à Seattle qui cosigne l’étude, cherche maintenant à estimer la fréquence de ce type de rupture de failles dans la région, ainsi que les risques associés. “Nos conclusions viennent souligner l’importance d’une campagne de préparation aux séismes dans la région de Seattle, qui passe notamment par la planification de l’évacuation des habitants”, affirme-t-il.
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