France
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Inflation sur l’alimentation : les Français à l’heure des privations

Jamais une telle baisse n’avait été observée. Les ménages ont diminué leur consommation en produits alimentaires. Au quatrième trimestre de l’an dernier, elle est en repli de 2,8 % en volume sur un an, soit davantage que l’ensemble de la consommation en biens et services (-0,9 % sur la même période), selon les derniers chiffres de l’Insee. Sur toute l’année 2022, la consommation de produits alimentaires a diminué en moyenne de 4,6 % alors que la consommation en biens et en services était en hausse, de 2,7 %. Depuis le début des séries statistiques, en 1960, jamais un recul d’une telle ampleur n’avait été constaté. «Une seule baisse, de 1 point, a eu lieu en 2021, en lien avec la réouverture des restaurants après les confinements», note Thomas Laurent, le chef de la division des comptes trimestriels à l’Insee.

Hausse de 13,2% des prix du gaz et de l’électricité

Les ménages se sont mis à moins consommer de nourriture, y compris pendant les fêtes de fin d’année, pendant que les prix des produits alimentaires connaissaient des hausses faramineuses. Le retour de l’inflation, d’abord lié à une forte activité économique mondiale après la pandémie, puis à la guerre en Ukraine déclenchée par le Russie le 24 février, avait d’abord touché l’énergie. Puis au fur et à mesure de l’année, la hausse des prix du gaz et de l’électricité s’est diffusée aux prix de l’alimentation et des boissons, au point qu’ils sont devenus les premiers contributeurs de l’inflation en fin d’année. En janvier encore, ils ont crû de 13,2 % sur un an. En décembre, sur un an encore, ils «restent en forte hausse» (+19,4 %), et, calcule l’Insee, «ils se situent environ 26 % au-dessus de leur niveau moyen de 2019».

Différences selon les revenus

Il est encore trop tôt pour savoir sur quels produits les ménages ont fait de tels arbitrages, et pour connaître les foyers concernés par ce changement dans les habitudes de consommation. Néanmoins, en regardant le poids du poste alimentation dans les budgets, les différences sont marquées selon les revenus. Raul Sampognaro, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) souligne : «Les 10 % des ménages les plus pauvres consacrent 17,4 % de leur budget aux produits alimentaires, les 10 % les plus riches n’y consacrent que 13,6 %». Le recul de la consommation alimentaire peut, selon lui, être interprété comme «un signal d’alerte sur le pouvoir d’achat des ménages qui ne disposent pas d’épargne» et rencontrent de grandes difficultés pour faire face au choc inflationniste.