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Invitation d’Élisabeth Borne : l’intersyndicale sur ses gardes

Pour la première fois depuis le début du mouvement social, le 19 janvier, l’exécutif ouvre la porte à une rencontre avec les représentants de l’intersyndicale, après en avoir fermé beaucoup d’autres. Par de brefs e-mails envoyés mardi 28 mars, la première ministre, Élisabeth Borne, a fait savoir qu’elle était prête à recevoir les organisations syndicales en début de semaine prochaine, lundi, mardi ou mercredi.

« Aborder l’ensemble des sujets »...mais pas le report à 64 ans

L’ordre du jour de cet entretien n’a pas été précisé. « Les organisations syndicales pourront aborder l’ensemble des sujets qu’elles souhaitent », ont assuré des proches de Matignon cités par BFM. Pourtant, des membres de la majorité qui se sont chargés mercredi matin du service après-vente de la proposition gouvernementale ont expliqué que le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite ne serait pas au programme.

« C’est le cœur de la réforme, sur lequel, depuis le départ, il n’y a pas d’accord », a justifié sur Public Sénat le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, appelant à « ne pas se focaliser sur les sujets où on n’est pas d’accord » et à parler plutôt du « travail », de la « pénibilité » ou des « reconversions ». « Les 64 ans sont dans le texte, (…) on ne peut pas changer de ligne à ce point », a confirmé François Bayrou, président du Modem, sur le plateau de France 2.

« Une nouvelle preuve de l’enfermement du gouvernement dans ses certitudes »

Un discours qui passe mal auprès de l’intersyndicale, alors qu’une dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a rassemblé, mardi 28 mars, « plus de deux millions de personnes » dans les rues, selon la CGT, et que le mouvement social est toujours massivement soutenu par l’opinion publique dans les sondages.

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« Si on pense qu’on peut parler d’autre chose que de la mesure d’âge, on ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe actuellement dans ce pays. C’est grave, et c’est une nouvelle preuve de l’enfermement du gouvernement dans ses certitudes », alerte le secrétaire général de la FSU, Benoît Teste. « En plein conflit social, c’est complètement irréaliste de penser qu’on puisse parler d’autre chose que de la réforme des retraites », confirme Murielle Guilbert, codéléguée générale de Solidaires.

En l’absence d’ordre du jour figé, les organisations syndicales envisagent cependant de répondre favorablement à l’invitation de la première ministre. « On ira. On pense collectivement qu’on doit y aller pour faire entendre nos propositions », a indiqué dès mardi Laurent Berger. Et le secrétaire général de la CFDT de prévenir : « J’en parlerai (de la réforme des retraites). Et si on me dit “vous ne pouvez pas en parler”, alors on partira » 

« Oui pour y aller, mais à condition de parler retraites » : la CFTC et la FSU, entre autres, sont sur la même ligne. Du côté de Solidaires, Murielle Guilbert annonce une « consultation » interne et souligne que « la logique est toujours d’avancer en intersyndicale, avec l’objectif d’un retrait de la réforme ».

Quant à la CGT, sa décision est suspendue le temps du congrès confédéral, qui s’est ouvert lundi à Clermont-Ferrand et s’achèvera vendredi. « La direction sortante ne s’exprimera pas. Ce sera à la nouvelle direction issue du congrès d’en décider », nous a fait savoir Angeline Barth, membre du bureau confédéral sortant. Rencontre avec Élisabeth Borne ou pas, l’intersyndicale a d’ores et déjà annoncé une onzième journée de mobilisation, jeudi 6 avril.