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Iran : les universités, bastions de la colère antirégime

Alors que le mouvement de protestation est entré dans sa troisième semaine en Iran, de nombreux étudiants et certains professeurs se sont mis en grève depuis plusieurs jours sur les campus universitaires du pays. Ils boycottent les cours et exigent la libération de leurs camarades détenus par la police.

Sans que des bilans précis ne soient connus, de nombreux étudiants ont été arrêtés à travers le pays après des manifestations de rue contre la mort de Mahsa Amini aux mains de la police des mœurs.

Une large partie du corps enseignant fidèle au pouvoir

L’université Shahid Beheshti de Téhéran, l’un des plus réputés de la capitale, a été le théâtre de rassemblements d’étudiants, au cours desquels certaines élèves ont ôté et incendié leur hijab sur le campus de l'université. Aydin*, 19 ans, y étudie l’architecture. « L'université s’inscrit dans un État policier. On peut voir de nouveaux visages parmi les jeunes recrues des forces Basij (milice paramilitaire du régime, NDLR) qui tentent de disperser les rassemblements universitaires, affirme le jeune homme. Leur présence déclenche des incidents violents et des conflits physiques dans l’enceinte universitaire. Mes amis des universités technologiques de Sharif et d’Amir Kabir racontent que les forces de l’ordre utilisent des balles et des gaz nauséabonds pour disperser les étudiants. »

Selon cet étudiant, de nombreux professeurs enseignant dans les meilleures universités du pays sont liés au régime de la République islamique. « Leurs intérêts personnels les poussent à prendre le parti des oppresseurs. Mais il existe quand même des professeurs honorables, qui ont annulé leurs cours afin d'être avec les étudiants, malgré la menace de perdre leur emploi. »

« Une révolution se forme »

Malgré la violente répression en cours, Anahita reste très optimiste sur l'avenir de ce mouvement. Avec ses camarades de l’université de Shiraz, où elle étudie la médecine, ils ont scandé dans la cour de l'université samedi : « N'appelez pas ça une protestation, mais une révolution. »

« Nous devons accepter que les étudiants soient les premiers à réagir aux événements politiques et sociaux qui les entourent, estime la jeune femme de 22 ans. Et tout au long de l'histoire contemporaine de l'Iran, les étudiants ont protesté contre l'oppression. Aujourd'hui, une révolution prend forme et les étudiants en sont au centre. La principale revendication est de changer le régime, car il n’y a désormais plus aucun espoir de voir la situation s'améliorer sous le gouvernement actuel, ajoute-t-elle, confiante dans le fait qu’une convergence des luttes peut conduire à l’effondrement du système.

« Les étudiants sont avec le peuple et le peuple est avec les étudiants. Tout le monde se tient ensemble avec un seul objectif : le changement ! Les arrestations généralisées d'étudiants et de leurs familles attisent la colère de tous et si nos amis ne sont pas libérés, nous n'irons pas en cours. »

« La flamme de notre colère brûle » : trois Iraniens témoignent après la mort de Mahsa Amini

Mais toutes les universités du pays ne sont pas en grève. À l’université Nabi Akram de Tabriz, dans le nord-ouest du pays, Bahare, 21 ans, ne connaît qu'une poignée d’étudiants à avoir rejoint le mouvement. « Je m'étais préparée à aller manifester à l'université samedi, mais la sécurité du campus a refusé l'entrée à ceux qui n'avaient pas de carte d'étudiant », raconte l’étudiante en anglais.

De nombreuses forces antiémeutes ont frappé les étudiants qui voulaient entrer sur le campus : « Les étudiants criaient derrière les clôtures et appelaient les passants à les rejoindre. Pendant ce temps, quelques étudiants qui n'ont pas réussi à entrer ont marché avec la foule vers le campus, mais face à la brutalité de la police, ils ont dû se disperser. Les universités ne vont pas reprendre leurs activités de sitôt. »