Étudiants en business school, en design ou simplement cursus de santé, ils ont dû emprunter pour financer leurs études. Avec un diplôme au bout mais de longues années de remboursement.
Emprunter pour étudier : c'est généralement un choix qui s'impose à vous. ce fut le cas pour Rémi Boissel au moment d'entamer une licence puis un master de design à l'université de Nîmes. "J'ai deux frères dans une famille de classe moyenne de Normandie au sein de laquelle ma maman a arrêté de travailler. Mes parents ont toujours voulu financer nos études mais payer trois loyers était devenu compliqué."
Surtout, Rémi avait fait le choix de ne pas travailler parallèlement à ses études "car c'est le facteur numéro un d'échec en raison de l'épuisement."
"Je dois rembourser 800 euros par mois sur 5 ans"
Évaluant ses besoins de financement à 700 euros par mois, il a effectué un emprunt de 35 000 euros sur cinq ans à un taux très bas mais qui montera néanmoins à 45 000 euros avec les intérêts. "J'ai essayé de bien gérer la somme mais j'ai un peu trop bien vécu la première année" concède-t-il, savourant pour le coup "le fait de ne pas être dans la nécessité."
Le retour de boomerang se fait une fois le diplôme en poche : "J'ai commencé depuis avril 2023 à rembourser 800 euros par mois pendant 5 ans. Mes parents m'aident au début puis je prendrai plus à ma charge au fil des mois."
"J'ai emprunté 50 000 euros à 18 ans"
Originaire d'Agde, Alexandra s'est lancée en 2016 dans un parcours de business school aux accents franco chinois qui l'a menée de Toulouse à Paris en passant par Dublin et la Chine. "Avec 10 000 € de frais d'inscriptions annuels sur 5 ans, plus le reste, j'ai pris à 18 ans la décision d'emprunter 50 000 €, mes parents n'ayant pas les moyens, explique-t-elle. Je voulais me concentrer sur mes études avec parfois douze heures par jour entre les cours et les dossiers à rendre."
Tout juste quelques jobs d'été ou de week-end pour colmater un peu. Diplômée en 2021 en Master international business développement, elle a commencé à rembourser 650 € par mois. Seule. "Mes parents se sont porté caution mais je ne veux pas qu'ils aient ça sur les bras, dit-elle. Ils m'ont beaucoup aidé pour la nourriture, le quotidien mais ont quand même culpabilisé de me voir emprunter. Mon salaire de business analyste me permet de m'en sortir et je partage le loyer avec mon conjoint."
Économies dilapidées dans une prépa privée
Nicolas (1), lui, était tombé en 2006 dans le piège d'une école prépa privée très chère à Montpellier, qui a dilapidé les économies de ses parents avec à la clé trois échecs au concours d'entrée de l'école de kinés. "Je suis resté sur Montpellier pour des études de podologue et de manipulateur radio mais mes parents n’ayant plus de ressources, j’ai dû souscrire à un prêt étudiant de 16000€ pour payer le loyer", témoigne-t-il.
Son petit salaire à l'hôpital public l'a ensuite contraint de vivre chez ses parents jusqu'à 26 ans pour pouvoir rembourser. "J'ai sacrifié ma jeunesse, regrette-t-il. Si c'était à refaire, je privilégierais des études courtes car je vais en plus devoir travailler au-delà de 64 ans pour la retraite."
"Un investissement pour accéder à un métier bien rémunéré"
Cette Epée de Damoclès, Alexandra la vit plutôt bien : "C'est vrai que j'ai hâte d'arriver à la date du 10 octobre 2026 et de me dire que j'ai tout remboursé. J'ai l'impression d'être en retard sur ma vie mais je ne regrette pas car c'est un investissement sans lequel je n'aurai pu accéder à un métier aussi bien rémunéré."
Même constat pour Rémi Boissel : "C'est vrai que ça fait une ligne droite stressante avec 10 ans à restreindre ses libertés. Mais je ne regrette pas. Cela m'a permis de trouver un emploi bien rémunéré, d'être autonome, de dépanner des amis étudiants quand j'en avais la possibilité". Et de représenter les étudiants à l'université de Nîmes en tant que vice-président. Un souvenir qui n'a pas de prix.