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Jeux vidéo : Washington s’oppose au rachat d’Activision par Microsoft

Washington rejoint la partie, et y met le holà. L’autorité américaine de la concurrence, la FTC, a porté plainte jeudi pour bloquer le rachat à 69 milliards de dollars d’Activision Blizzard, éditeur de jeux vidéo à succès comme Call of Duty, par Microsoft. Si l’opération vient à son terme, «le fabricant de la Xbox obtiendrait le contrôle sur des franchises de premier plan, ce qui lui permettrait de nuire à la concurrence dans le domaine des consoles de jeux à haute performance et des services d’abonnement en refusant ou en dégradant l’accès des rivaux à ses populaires contenus», justifie l’agence dans un communiqué.

Cette action en justice est l’une des plus importantes interventions jamais menées par le gouvernement américain pour mettre un terme à la consolidation du secteur des technologies et soulève des doutes importants quant à l’avenir de la transaction. La FTC a déclaré que Microsoft avait l’habitude de racheter des entreprises de jeux vidéo plus petites, mais uniquement pour rendre les jeux exclusifs à Microsoft, et donc inaccessibles à des rivaux tels que Nintendo ou Sony.

Le deal démesuré, révélé en janvier par le Wall Street Journal, était inédit dans le monde du jeu vidéo. Jamais Microsoft n’avait engagé de telles sommes auparavant dans un rachat, lui qui s’était offert LinkedIn en 2016 pour 26 milliards de dollars. Pourtant, le géant de la tech est doté d’un portefeuille illimité dans le milieu et mène une politique d’acquisitions agressives, entamée dès 2014 avec Mojang (Minecraft). En 2018, il a acquis des studios bien installés dans le secteur : Ninja Theory, Obsidian, Double Fine, etc. En septembre 2020, il s’est offert non pas un studio mais un éditeur, Bethesda, riche de licences emblématiques de l’histoire du jeu vidéo (Doom, Fallout, Elder’s Scroll, Dishonored) pour 8,1 milliards de dollars.

Alors l’accord annoncé avec Activision rendait un peu plus incontournable son service par abonnement. D’autant plus que Activision-Blizzard a longtemps été le plus gros éditeur grâce à plusieurs franchises : les jeux de tir Call of Duty, série quasi annuelle dont les ventes cumulées dépassent les 300 millions d’exemplaires, World of Warcraft qui trône toujours en maître sur le marché des jeux en ligne massivement multijoueurs, ou le petit Candy Crush, incontournable du jeu mobile acquis via le rachat de King en 2015 pour 5,9 milliards.

En novembre, le mariage s’était déjà attiré le courroux de Bruxelles. Craignant une atteinte à la concurrence, la Commission européenne avait annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie. Elle avait expliqué craindre en particulier que Microsoft puisse «verrouiller l’accès aux jeux vidéo d’Activision Blizzard» pour consoles et PC et qu’il soit tenté de mettre en place «des stratégies d’éviction des distributeurs concurrents». De telles stratégies pourraient entraîner «une hausse des prix, une baisse de la qualité et une réduction de l’innovation», s’est-elle inquiétée dans un communiqué.

La Commission craignait également que le mariage des deux géants entraîne une réduction de la concurrence sur le marché des systèmes d’exploitation pour PC. Elle estimait que les utilisateurs pourraient être découragés d’acheter des PC ne fonctionnant pas sous Windows, le système de Microsoft rendu plus attractif par l’accès aux jeux d’Activision Blizzard. La Grande-Bretagne a également annoncé une «enquête approfondie» sur le projet de rachat d’Activision par Microsoft, qui produit également le jeu mobile Candy Crush.

En début de semaine, Microsoft avait pris des mesures pour répondre à ces préoccupations en annonçant qu’elle allait porter la franchise Call of Duty sur la Nintendo Switch, une rivale de la Xbox. Cette annonce faisait suite à une décision antérieure de rendre Call of Duty disponible sur la PlayStation de Sony. «Nous continuons de croire que cet accord élargira la concurrence et créera davantage d’opportunités pour les joueurs et les développeurs de jeux», a déclaré Brad Smith, président de Microsoft, dans un communiqué.