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Journée d’étude “Queering Blackness” à l’université Paris 8

Les représentations des sujets africains américains sont marquées par des stéréotypes historiques documentés de longue date par des historiens des représentations, notamment les historiens américains du cinéma Thomas Cripps et Donald Bogle, le sociologue britannique Stuart Hall, ou encore l’historien britannique du cinéma Richard Dyer. Ces premières études ont été enrichies de nombreux écrits critiques remettant en cause la binarité des représentations sexuelles et de genre, particulièrement ceux de bell hooks, Audre Lorde, Michelle Parkerson, E. Patrick Johnson, James Small, C. Riley Snorton, Mia Mask ou Alfred L. Martin. Ces analyses s’intéressent, le plus souvent, à critiquer les productions commerciales les plus appréciées du public, aussi bien pour en dénoncer les limites que pour en repérer les avancées reflétant les théories les plus récentes.

L’élection de Barack Obama à la présidence américaine a ouvert une ère dite « post-raciale », un terme repris dans le titre du dernier ouvrage de bell hooks par exemple (Writing Beyond Race : Living Theory and Practice, 2013), où la binarité raciale ancrée dans l’histoire états-unienne est fortement remise en cause dans une réflexion intersectionnelle qui questionne toutes les formes de binarité. On le voit au cinéma avec l’influence majeure d’un personnage comme Black Panther, égérie de l’afro-futurisme portée par une armée d’Amazones dans le rejet de la masculinité toxique attribué au mouvement éponyme des années soixante-dix ; on l’entend dans l’industrie musicale avec la notoriété grandissante de l’artiste ouvertement homosexuel et distinctement excentrique Lil Nas X. Ce phénomène se déploie dans tous les médias populaires, qu’il s’agisse de la télévision et de ses séries à succès, de la bande dessinée ou des jeux vidéo.

C’est de ce constat de représentations d’identités noires, qui remettent en cause toute forme de binarité et opèrent des déploiements intersectionnels au sein des cultures populaires africaines américaines, qu’émane l’interrogation principale à l’origine de ce projet. À partir de communications autour de ces représentations dans les arts populaires, accessibles par une large majorité comme au sein de la communauté noire américaine, cette journée d’études a pour objectif d’en examiner l’évolution depuis dix ans et les efforts manifestes engagés pour s’éloigner des représentations normatives binaires encore aujourd’hui prêtées aux minorités raciales états-uniennes davantage qu’à ladite majorité dominante blanche.

Université Paris 8