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« Julien, le marais et la libellule », sur France 3 : le « pigouilleur » du marais poitevin en croisade contre les « bassines »

Déambulation convaincante dans la « petite Venise », orchestrée par un militant contre la construction de retenues d’eau.

FRANCE 3 – LUNDI 5 DÉCEMBRE À 23 H 15 – DOCUMENTAIRE

A l’image, le vert des prairies, des arbres et de l’eau des canaux occupe tout l’espace. A l’oreille, un sax accompagne le chant des oiseaux et le bruit de la « pigouille » – long bâton à trois piques, qui plonge à intervalle régulier pour faire avancer la barque. A la manœuvre, tel un gondolier assis, Julien, quadra au regard d’enfant, a le visage qui s’illumine devant… la mue d’une jeune libellule : « Une émergence en direct, les copains ! »

Derrière cette simplicité, le réalisateur Fabien Mazzocco réussit un tour de force : en quelques plans, le téléspectateur est conquis et acquis à la cause, même s’il ne sait pas, alors, de quelle cause il s’agit. Il faut en effet attendre vingt minutes pour que le mot « bassine » soit prononcé. Le temps, pour Julien, de présenter son « petit coin de paradis », posé sur trois départements (Charente-Maritime, Vendée, Deux-Sèvres), un symbole de nature façonné par l’homme, devenu une « petite Venise » pour un million et demi de touristes par an.

Julien, comme tous les habitants du marais poitevin, s’est adapté : lui a créé La Frênaie, lieu de vie qui accueille les estivants dans des yourtes. Parmi ses amis, Nicolas et Jean-François étudient les libellules, espèce « bio-indicatrice » aux noms poétiques – naïades aux yeux bleus, demoiselles… Et Tony présente son coq « qui branle rien », ses vaches en prairie et ses activités de découverte du patrimoine – « en gros, des balades en barque ».

Culture céréalière intensive

Une réussite. Pourtant Tony va partir, parce qu’il ne supporte plus de voir « la plaine » grignoter le marais. La plaine, c’est la culture céréalière intensive, qui s’étend, consomme beaucoup de pesticides, de pétrole et surtout d’eau. D’où la construction des désormais fameuses bassines.

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Des archives montrent Julien en 2008, s’opposant déjà au creusement de six bassines tests – dans une totale indifférence médiatique. Le film prend le temps d’expliquer calmement le projet de retenue d’eau, qui avait tout pour séduire : pomper l’hiver pour irriguer l’été, le tout financé à 70 % par l’Etat. Sauf que ça ne marche pas.

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Treize ans et quarante bassines plus tard (le documentaire a été tourné en 2021), le marais manque toujours d’eau. Les caméras ont filmé les crues d’hiver réduites et les rivières à sec l’été. Les anciens parlent : « Je ne suis pas hydrologue, mais je suis un observateur attentif depuis cinquante ans, ce n’est pas rien ! », dit l’un d’eux. Malgré tout, un nouveau projet de seize bassines est présenté, avec les mêmes promesses.

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Mais, aujourd’hui, Julien n’est plus seul. Membre du collectif Bassines non merci, il participe aux manifestations bon enfant, avec fanfare et slogan – « No Bassaran ! ». Rejoints par des renforts, ils étaient des centaines à converger, à l’automne 2021, sur le chantier de la bassine SEV 17, au sud de la tourbière du Bourdet. Mais, face aux responsables, le regard de Julien s’est durci : « Si les travaux reprennent, attendez-vous à de nouvelles actions ! »

Un an après, la situation s’est aggravée. Le terme « méga-bassine » est apparu. Cinq personnes viennent d’être jugées à Niort après les manifestations de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Quant à Julien, il se promène sûrement encore avec Henriette, sa truie tenue en laisse.

Julien, le marais et la libellule, de Fabien Mazzocco (Fr., 2021, 52 min). En replay sur France.tv jusqu’au 30 mars 2023.

Catherine Pacary

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