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L’Allemagne veut réformer son droit de la naturalisation

Le chancelier Olaf Scholz et la ministre fédérale de l’intérieur Nancy Faeser ont accordé leurs violons, ce week-end. Les deux dirigeants sociaux-démocrates ont confirmé préparer une réforme de la naturalisation avec leurs partenaires écologistes et libéraux.

« Les femmes et les hommes, et parfois aussi les enfants, qui sont venus en Allemagne ont largement contribué à ce que notre économie soit aussi forte qu’elle l’est aujourd’hui », a commenté le chancelier dans sa vidéo hebdomadaire. « L’Allemagne a besoin de meilleures réglementations pour la naturalisation de tous ces grands hommes et toutes ces grandes femmes », a-t-il ajouté. Le lendemain, Nancy Faeser détaillait le contenu de son avant-projet de loi au quotidien berlinois Tagesspiegel.

Procédures accélérées

Berlin prévoit ainsi de réduire de huit à cinq ans la durée de séjour nécessaire pour demander la nationalité. En cas d’intégration particulièrement réussie – pour les personnes maîtrisant la langue ou ayant de très bonnes performances scolaires ou professionnelles –, la naturalisation pourra même être obtenue au bout de trois années au lieu de cinq actuellement. Les étrangers venus travailler depuis les années 1960 dans le cadre d’accords signés avec des États, comme la Grèce, la Turquie ou l’Italie, pourraient aussi être dispensés de tests de langue écrite.

« Ils ont contribué de manière exceptionnelle à la réussite de notre pays et méritent la reconnaissance de l’ensemble de la société », juge Nancy Faeser, qui rappelle aussi l’absence de mesures d’intégration à l’époque envers ces salariés. Enfin, la double nationalité, à ce jour essentiellement autorisée pour les citoyens européens, sera élargie à des pays comme la Turquie. Un « changement de paradigme » qui, selon Nancy Faeser, favorisera la participation démocratique et l’intégration.

« Attirer les esprits les plus brillants »

Derrière ces arguments se cachent aussi des intérêts économiques, comme le rappelle le quotidien Taz proche des écologistes. « Il ne s’agit pas de bonne action mais de rendre le pays attractif », écrit ce journal. Une opinion confirmée par Marcel Fratzscher, directeur de l’Institut d’études économiques DIW de Berlin, qui rappelle dans la presse locale « la concurrence croissante » à laquelle se livrent les Occidentaux pour « attirer les esprits les plus brillants ». « Donner une perspective claire sur l’obtention de la nationalité est un élément important pour rendre l’Allemagne plus attrayante aux yeux des travailleurs qualifiés étrangers », rappelle-t-il.

Du côté de l’opposition chrétienne-démocrate (CDU/CSU), on est en revanche vent debout. Dans les pages du tabloïd Bild, le député Alexander Dobrindt (CSU) accuse le gouvernement de « vendre la nationalité allemande », et de créer « un appel d’air supplémentaire en matière d’immigration illégale ». Le projet suscite aussi des oppositions parmi certains libéraux dont le parti a pourtant approuvé cette réforme dans l’accord de coalition. Le secrétaire général du FDP, Bijan Djir-Sarai, estime que ce texte n’arrive pas « au bon moment » et regrette qu’aucune avancée n’ait été faite en matière de lutte contre l’immigration illégale. Des propos qui révèlent, une nouvelle fois, les tensions au sein du gouvernement de coalition entré en fonction il y a à peine un an.