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L’ancienne chroniqueuse radio chez Cauet aujourd’hui à la rue à Angoulême

L’ancienne chroniqueuse radio chez Cauet aujourd’hui à la rue à Angoulême
Françoise et Karim Demarelatrous se sont ancrés à Angoulême. Mais dorment dans leur voiture.

Photo Renaud Joubert

Par Jean-François BARRÉ - jf.barre@charentelibre.fr, publié le 29 janvier 2023 à 16h10.

Françoise Demarlatrous était chroniqueuse déjantée chez Cauet. Elle est aujourd’hui à la rue avec son mari à Angoulême, cherche un toit, un rebond.

Dans le coffre de la Twingo, il y a les couettes. C’est essentiel pour tenter de dormir, là où il fait le moins froid la nuit, dans les parkings souterrains. Ils viennent de passer une nuit à l’hôtel, à La Couronne, mais depuis une douzaine de jours, depuis leur arrivée à Angoulême, Françoise et Karim Demarelatrous dorment dans leur voiture, recroquevillés par la force des choses et la taille de la...

Dans le coffre de la Twingo, il y a les couettes. C’est essentiel pour tenter de dormir, là où il fait le moins froid la nuit, dans les parkings souterrains. Ils viennent de passer une nuit à l’hôtel, à La Couronne, mais depuis une douzaine de jours, depuis leur arrivée à Angoulême, Françoise et Karim Demarelatrous dorment dans leur voiture, recroquevillés par la force des choses et la taille de la petite citadine. Fauchés en attendant le RSA ou l’ASS. À la dérive depuis un peu plus de deux ans.

Sur son smartphone fêlé, Françoise se raccroche au texte de son parolier, à la musique qu’elle fait défiler. Elle doit prochainement enregistrer un EP à Paris, avec « des vrais professionnels ». Des gens du spectacle, comme elle. Françoise, 60 ans aujourd’hui et au bord de la rupture « fatiguée », qui ne « voit pas le bout du tunnel », c’est l’ancienne voyante pas plus extralucide que ventriloque, telle qu’elle se présentait, déjantée, au micro de Sébastien Cauet quand il faisait les belles heures des radios pour jeunes. « Je n’étais pas payée, mais ça m’apportait la notoriété » , des passages télé et des scènes de cabarets dont sa page Facebook cultive la nostalgie.

Le bruit des bobos

Françoise et Karim, un gars du bâtiment, qu’elle a rencontré et épousé dans sa ville natale, à Chambéry, n’ont pas vraiment roulé sur l’or. C’est surtout de l’immobilier, que sont nées leurs déconvenues. Quelques années mouvementées. Karim jouait dans le métro, Françoise vivotait. Ils ont traîné de taudis en taudis. « On a été logés dans une maison relais, rue des Martyrs. C’était bien. C’était en face de chez Michou. Je m’y suis produite », raconte Françoise. Et puis un restau s’est installé en bas et le bruit est devenu insupportable. Ils sont partis, chassés par « le bruit des bobos » vers un appart des Yvelines, chez un marchand de sommeil, qui les a dégagés vers un autre, dans un immeuble insalubre de Lille. Les plafonds faisaient des vagues et les trafiquants de stups s’affairaient au rez-de-chaussée.

On ne sait pas ce que l’on va devenir, combien de temps on va pouvoir rester.

À l’été 2022, le couple a choisi de migrer vers Angoulême, ville culturelle. Ils se sont retrouvés en galère à Montauban, « logés dans un camion », parfois à l’hôtel. C’est la femme de ménage qui jonglait avec les réservations… Françoise et Karim ont le chic pour collectionner les galères, pour se retrouver hébergés dans un appart tout cassé à Toulouse. « Le propriétaire attendait qu’on refasse tout ». Et puis logés à Albi chez une vieille dame « qui pensait qu’on allait faire le ménage et payer les courses, qui vivait avec la musique à fond ». Ils ont même vécu un peu dans la maison dont Karim a hérité, en indivision avec ses frères. Elle « était hantée » et la voyante n’avait rien vu venir. C’est son mari qui entendait les voix dans les pièces.

Ils ont récupéré la Twingo de l’héritage pour venir se garer à Angoulême. Épuisés. « On a 60 ans. On a appelé le 115. À chaque fois, on nous dit que ça va passer en commission et c’est refusé. » Françoise a fait le siège des assistantes sociales, du CCAS. « On a dormi dans la rue, dans les parkings », à chercher des solutions « ne serait-ce que pour aller aux toilettes », à se morfondre. « Est-ce que l’on est sur une liste noire ? On parle de social. On a découvert l’envers du décor. Il ne faut pas que les gens s’imaginent que c’est facile », se désole Françoise.

À La Couronne, les patrons du Première Classe les ont aidés. « Une douche chaude, un vrai lit », s’enthousiasme Françoise. « Mais on ne sait pas ce que l’on va devenir, combien de temps on va pouvoir rester, verser une avance, payer les chambres. » Elle court après les bons d’hébergement. Cherche un peu « de solidarité, un peu d’aide ». Mais le couple a décidé de s’ancrer à Angoulême. « Avec les événements culturels », Françoise compte bien trouver une activité, Karim un boulot. « Si on nous aide un peu ».