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L'homosexualité existe-t-elle chez les animaux?

Temps de lecture: 4 min

Pourquoi envions-nous l'orgasme des cochons? Les gauchers sont-ils davantage intelligents? Quand il pleut, est-ce que les insectes meurent ou résistent? Vous vous êtes sans doute déjà posé ce genre de questions sans queue ni tête au détour d'une balade, sous la douche ou au cours d'une nuit sans sommeil. Chaque semaine, L'Explication répond à vos interrogations, des plus existentielles aux plus farfelues. Une question? Écrivez à [email protected]

Dans l'histoire, l'homosexualité a longtemps été présentée comme un vice punissable, honteux. Ceux qui s'y opposent ou s'y sont opposés, notamment les théologiens chrétiens, avaient entre autres un argument qu'ils estimaient infaillible: si l'homosexualité entre les animaux n'existe pas, c'est bien la preuve que les humains ne devraient pas s'adonner à cet amour contre-nature. Un raisonnement éclairé, qui ne brille que par son inexactitude.

En réalité, l'accouplement entre individus du même sexe est répandu dans le règne animal. Bon, forcément, quand on l'observe pour la première fois en partant du principe que cela ne peut exister, ça chamboule un tantinet les idées préconçues. En 1834 par exemple, l'entomologiste August Kelch a eu toutes les peines du monde à expliquer les relations sexuelles de deux mâles hannetons –une sous-famille d'insectes coléoptères– qui s'en donnaient à cœur joie devant ses yeux stupéfaits.

Finalement, il en a conclu qu'il devait s'agir là d'un acte de viol, où «le plus grand et le plus fort des deux s'était imposé au plus petit et au plus faible». Une belle pirouette, démontée quelques décennies plus tard par des scientifiques sans œillères.

Plus de 1.500 espèces

Depuis les premières observations d'accouplement entre animaux du même sexe, la science a bien évolué sur le sujet. Aujourd'hui, plus de 1.500 espèces différentes ont été vues ayant une activité homosexuelle, dont 500 ont été étudiées scientifiquement. Ces relations sont normales, courantes et varient du tout au tout.

Insectes, poissons ou encore mammifères: l'homosexualité est en effet présente partout chez les animaux. À un degré que l'on ne soupçonne pas. Prenez la girafe par exemple. Grande taille, long cou, peau tachetée, tout ça, on connaît. En revanche, ce que l'on sait moins, c'est que 90% de leur activité sexuelle est de nature homosexuelle. Il y a donc bien plus d'activités entre ces ruminants du même sexe qu'avec un de leurs congénères de sexe opposé.

Une tendance que l'on retrouve également chez les bisons. Alors que les bisons femelles ne s'accouplent avec les mâles qu'une fois par an environ, ces derniers en profitent tout le reste de l'année pour se livrer à des activités homosexuelles, parfois plusieurs fois par jour, notamment pendant la saison des amours. Quand la bisonne n'est pas là, les bisons dansent.

Les girafes et les bisons sont loin d'être les seuls exemples. Dans une moindre mesure, les albatros qui vivent à Hawaï sont eux aussi adeptes des relations homosexuelles et environ 30% des couples sont constitués de deux femelles sur l'île d'Oahu. Idem chez les dauphins, qui, mâles comme femelles, sont largement ouverts à l'homosexualité dans leur groupe.

Bien que l'hétérosexualité soit essentielle pour toute reproduction, si elle est absolue, elle peut s'avérer limitante.

La liste est encore longue, mais, s'il ne fallait en citer que quelques-uns, l'on retiendrait sûrement les lions, roi des animaux, dont environ 8% des actes sexuels sont de nature homosexuelle, rapporte Geo. Ou encore les macaques, principalement les femelles, qui peuvent tisser des liens particulièrement intenses avec un partenaire sexuel du même sexe. Les manchots mâles, dont les couples hétérosexuels comme homosexuels élèvent avec attention leurs petits. Un comportement qui ressemble par ailleurs à celui du cygne noir australien, dont l'homoparentalité est souvent une réussite: les couples mâles qui récupèrent des œufs abandonnés ont en effet un succès reproducteur plus élevé que les couples hétérosexuels. Pourquoi? Parce que selon les observations deux mâles qui défendent un seul territoire, ça dissuade les visiteurs un peu trop curieux.

Un avantage?

En réalité, la grande majorité des animaux seraient bisexuels, plutôt qu'homosexuels ou hétérosexuels. Une orientation sexuelle libre qui aurait de multiples avantages, sorte de sexualité optimisée pour survivre à travers les âges.

C'est en tout cas une théorie qui prend de l'ampleur dans le milieu scientifique, rapporte le Washington Post. Le biologiste Vincent Savolainen résume ce qu'il appelle «l'avantage bisexuel» comme l'idée que cette sexualité a augmenté les chances de reproduction de différente espèces au cours de l'histoire. Selon lui, bien que l'hétérosexualité soit essentielle pour toute reproduction, si elle est absolue, elle peut s'avérer limitante. A contrario, intégrer l'homosexualité serait particulièrement favorable aux alliances sociales chez les animaux. Un aspect crucial dans une optique de survie en milieu hostile.

Deux exemples sont particulièrement parlants. Le bonobo tout d'abord. Ce primate à la sexualité complètement débridée utilise le sexe pour apaiser les tensions au sein de son groupe. Masturbation et rapports sexuels sont leur pain quotidien, sans aucun lien avec une volonté reproductrice particulière. Chez ces cousins éloignés, le sexe est la solution à tous les problèmes. Deux mâles se battent? Leur querelle se finira en partie de pattes en l'air, histoire de se réconcilier en bonne et due forme.

Chez les grands dauphins, c'est un peu la même chose. Quand les mâles veulent sceller une amitié pour la vie, ils ne font pas de grandes promesses ou de déclaration d'amour fraternelle à la vie à la mort, comme nous, êtres humains. Non, ils s'envoient en l'air tous les deux, ensemble avec une cadence infernale qui plus est, de plus de deux relations sexuelles par heure. Une façon de renforcer leurs alliances sociales.