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L’hôpital de Cognac limite la casse dans ses services

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Trois services étaient même « en grand danger », selon Karine Menard, la secrétaire générale CGT de l’hôpital : la diabétologie, la médecine polyvalente et la médecine gériatrique. Les autres n’étaient pas forcément mieux lotis, en particulier la cardiologie et la pneumologie, « mais aussi les urgences et la maternité », observe Julien Bilhaut, pour qui « c’est compliqué partout en raison du fort recours à l’intérim, à l’exception, peut-être, de l’anesthésie ».

Des praticiens hospitaliers ont accepté d’augmenter leur temps de travail.

Finalement, sur les 70 lits menacés, la majorité a pu être - momentanément - sauvée. « Seuls 4 lits vont fermer au service de médecine polyvalente, sur les 14, en raison de la loi Rist mais aussi parce que l’un des deux médecins du service part à la retraite. J’espère que ce n’est que provisoire. »

Les intérimaires ont accepté le plafonnement

Si l’hôpital a pu conserver ses lits, c’est d’abord grâce à la mobilisation des médecins. « Des praticiens hospitaliers ont accepté d’augmenter leur temps de travail et d’en faire plus, non seulement dans leur service, mais aussi dans d’autres comme les urgentistes », indique Julien Bilhaut, qui parle de « mouvement de solidarité ». « Des médecins retraités sont également revenus », souligne Karine Menard.

Et surtout parce que la majorité des médecins intérimaires ont bien voulu accepter le plafonnement et baisser leur rémunération. « Sur les 50 négociations bilatérales que nous avons menées, quasiment tous ont accepté », se félicite le directeur. Certains ont adopté une position attentiste, « attendant de voir comment ça va se passer ».

Ces intérimaires qui ont décidé de jouer le jeu sont le plus souvent des remplaçants, dont « l’engagement est très militant ». C’est le cas des gynécologues-obstétriciens, « très attachés à l’établissement et à la maternité en particulier, observe Julien Bilhaut. Ils aiment ce service et s’y sentent en confiance. Le fait d’avoir pu conserver nos remplaçants est une preuve qu’il fait bon travailler dans l’établissement. »

Un recrutement permanent

L’hôpital profite aussi d’un autre facteur : l’engagement des établissements privés de Charente de ne pas jouer la surenchère niveau salaires et de s’aligner. « C’est tout à leur honneur. Malheureusement, tous les groupes privés ne jouent pas le jeu en dehors du département et précisent dans leurs offres d’emploi qu’ils ne sont pas soumis à la Rist. » Le directeur peut néanmoins compter sur un nouveau dispositif, le PST, ou prime de solidarité territoriale, qui permet à des médecins d’autres hôpitaux publics de venir travailler à Cognac (ou ailleurs), avec des tarifs encadrés. « On a huit médecins qui viennent exercer ainsi, cet outil nous aide beaucoup. »

Si les hôpitaux de Grand Cognac abordent, du coup, le mois d’avril avec plus de sérénité, le combat n’est pas encore gagné. Les effectifs sont toujours sous tension et l’hôpital, après « un recrutement record en 2022 », dixit son directeur, cherche encore des médecins et des paramédicaux. Notamment des infirmières et aides-soignantes. « Et on ne compte pas tous les postes qui sont en arrêt maladie et maternité qui ne sont pas remplacés, note Karine Menard, elle-même aide-soignante de nuit. Cela devient de plus en plus difficile, malgré toutes nos bonnes volontés, notamment l’été pour prendre nos congés. On est proche de l’épuisement professionnel. »

Pour attirer des soignants, l’hôpital mise à fond sur ses « projets innovants », comme l’arrivée d’une seconde IRM ou le développement de l’hôpital de jour. Mais aussi, de plus en plus, sur l’attractivité du territoire et du cadre de vie, qu’elle vante désormais sur ses offres d’emploi.

« On essaie surtout de s’ouvrir vers l’extérieur pour créer une nouvelle dynamique, en lien avec la médecine de ville et de rayonner au-delà de nos frontières pour attirer des praticiens », indique Julien Bilhaut, qui envisage relancer les journées d’accueil et de tenir un stand au prochain salon SantExpo (du 23 au 25 mai) à Paris.

Un job dating le 18 avril

Si la CGT salue les efforts de recrutement de l’hôpital, elle estime néanmoins « qu’on n’en fait pas assez niveau communication ». Aussi, Karine Menard et sa collègue Isabelle Rougier, ont décidé de prendre le taureau par les cornes et d’organiser un job dating devant l’hôpital, le mardi 18 avril. « L’idée c’est de rencontrer et renseigner toutes les personnes qui seraient intéressées par les métiers d’aide-soignante ou d’infirmière ou qui s’interrogent… »
Les deux soignantes entendent ainsi vanter les qualités de leur établissement. « On aime notre métier et le pratiquer dans notre hôpital, qui est un établissement de proximité, à échelle humaine où on peut se sentir bien », avoue Isabelle Rougier, qui dit avoir été séduite, à son arrivée en 2007, « par une humanité dans le soin, une impression de cocooning ».
Si, sur la forme, le directeur se dit un peu surpris par l’initiative, sur le fond, il est ravi. « Qu’un syndicat organise un job dating pour valoriser l’établissement, c’est assez inédit. C’est en tout cas une belle promotion. »