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L214 demande au ministère de l’Agriculture l’interdiction totale du gazage et broyage de poussins

«Broyage de poussins : le gouvernement nous enfume.» Ce mercredi, une dizaine de militants de l’association L214 étaient présents devant le ministère de l’Agriculture aux côtés de plusieurs élus. En cause : deux dérogations qui rendront en partie obsolète la mise en œuvre de l’interdiction du gazage et broyage de poussins. Chaque année en France, 50 millions de poussins mâles sont abattus après leur éclosion, car ils ne peuvent pas pondre d’œufs et ne sont pas adaptés à la production de viande. Après la diffusion par L214 d’images de mises à mort de poussins, le gouvernement s’était engagé en 2015 à soutenir le développement de technologies de détection du sexe avant l’éclosion (méthodes dites d’«ovosexage»). Après plusieurs reports, un décret a finalement été publié en février, interdisant l’élimination des poussins mâles à la naissance à partir du 1er janvier 2023. Grâce à une aide publique de 10 millions d’euros, les couvoirs avaient jusqu’à cette date pour changer leurs pratiques et s’équiper de nouveaux dispositifs. Mais pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : «Le diable se cache dans les détails.»

«En Allemagne et en Autriche, cela se passe très bien»

Après de multiples négociations avec le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, les producteurs d’œufs, par le biais du Comité national pour la promotion de l’œuf, ont déclaré qu’ils ne pourraient tenir l’échéance du 1er janvier 2023 qu’à condition que les œufs blancs destinés à être transformés soient écartés de l’interdiction. La raison invoquée : la «compétition européenne». Une aberration pour les militants de l’association L214, comme Marc Bernardin, présent au rassemblement : «Evidement que l’ovosexage a un coût, mais il faut l’accepter.» Les œufs destinés à la transformation représentent environ la moitié du total d’œufs produits en France et sont principalement destinés à l’industrie ou à la restauration hors domicile.

De son côté, l’Allemagne, deuxième pays producteur d’œufs en Europe (14% de la production contre 15% pour la France) a rendu obligatoire l’ovosexage depuis le 1er janvier 2022 tout en interdisant le gazage et le broyage des poussins. Pour Brigitte Gothière, cela soulève la question de l’harmonisation des mesures européennes : «En Allemagne et en Autriche, cela se passe très bien. Pourquoi la France serait à part ?»

«Cynisme du gouvernement»

La deuxième dérogation concerne quant à elle les poussins qui seraient destinés à l’alimentation animale, c’est-à-dire dont la chair est transformée en croquettes ou en pâtée pour les animaux de compagnie ou en farine pour les animaux d’élevage. Ces derniers seraient eux aussi exclus de la nouvelle réglementation. Un retour en arrière, selon L214 : «Cela vide la loi de sa substance, souligne l’un d’entre eux, Philippe Demarquez. La loi a portant été votée. C’est un déni démocratique.»

A l’instar de Jean-Luc Mélenchon, plusieurs personnalités politiques étaient sur place auprès des militants. L’ancien président du groupe La France insoumise a dénoncé le «cynisme du gouvernement» tout en déclarant que «considérer le vivant comme une matière première n’est pas quelque chose acceptable». Pour Sébastien Delogu, député LFI, cette loi est «loin d’être suffisante et il est primordial de se mobiliser auprès de L214».

Avant de quitter les lieux, l’association, soutenue par plusieurs élus notamment de La France insoumise, a déposé un courrier au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire pour qu’il tienne ses engagements. Le document réclame également que cette interdiction s’étende aux autres oiseaux, par exemple pour les canetons femelles dans l’industrie du foie gras. Une pétition a également été lancée par l’association animaliste. Brigitte Gothière prévient : «Tant qu’il n’y aura pas d’interdiction totale, on se battra.»