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La Chine desserre l'étau du «zéro Covid»

Pékin réduit notamment son recours aux tests PCR généralisés à grande échelle, après une mobilisation historique contre sa politique.

Correspondant en Asie,

Stupeur et soulagement, dans les grandes métropoles de Chine. Pékin a annoncé mercredi 7 décembre un allègement spectaculaire de sa draconienne stratégie «zéro Covid», quelques jours après des manifestations massives dénonçant la rigueur des restrictions sanitaires en vigueur depuis le début de la pandémie. «Trois ans effacés en un clin d'œil. L'espoir est de retour ! Même si la mise en place des mesures va prendre du temps», s'enthousiasme un internaute sur la messagerie Weibo, où l'annonce est devenue virale, avec près de 500 millions de vues en quelques heures. Mais beaucoup restent méfiants, attendant de voir l'application sur le terrain de cet aggiornamento, après des mois de cacophonie entre le pouvoir central et les échelons provinciaux sur le front sanitaire.

La puissante Commission Nationale de Santé (CNH) a annoncé un changement capital en autorisant la quarantaine à la maison pour les patients positifs au Covid 19. «Les personnes infectées asymptomatiques et les cas légers qui peuvent être isolés à domicile le seront de manière générale», a déclaré la tour de contrôle sanitaire de la seconde économie mondiale. Pékin lève une lourde épée de Damoclès qui pesait sur le quotidien des Chinois, constamment à la merci d'être envoyé de force dans des hôpitaux ou des centres de quarantaine rudimentaires et engorgés.

Cette pratique était un pilier de la stratégie sanitaire sans merci imposée par le président Xi Jinping depuis le blocus du Wuhan, en 2020, à rebours du reste de la planète. Selon les nouvelles consignes, seules les personnes présentant des symptômes lourds seront isolées dans des sites spécifiques. Cette annonce vient confirmer la pratique mise en place depuis la semaine dernière dans des résidences de la capitale et de nombreuses grandes métropoles, comme l'avait constaté Le Figaro.

Allègement des tests PCR

Autre mesure phare, l'allègement du fardeau de tests PCR à répétition, qui scandent le quotidien des Chinois depuis plusieurs mois. Le régime va «réduire davantage la portée des tests à l'acide nucléique et en réduire la fréquence», alors qu'il demandait jusque-là aux habitants de se tester plusieurs fois par semaine pour pouvoir accéder à tout lieu public, restaurant, ou centre commercial. Une camisole sanitaire qui paralyse la vie des grandes métropoles, et frappe de plein fouet l'activité économique.

Les fameux «code vert» sur les smartphones, indispensable sésame pour circuler devraient s'effacer pour redonner de la mobilité à une population entravée. Il sera désormais possible de voyager d'une province chinoise à l'autre sans avoir à présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures, et aucun test ne sera non plus exigé à l'arrivée, selon la CNH. Mais la quarantaine aux frontières reste de mise, isolant toujours la Chine du reste du monde.

Le pouvoir central confirme une tendance dévoilée depuis la semaine dernière, par la vice-première ministre Sun Chunlan, qui avait reconnu un «changement» des conditions de la lutte sanitaire, pointant la faible dangerosité d'Omicron. Ce virage survient au lendemain des manifestations de milliers de chinois dans dix-huit villes du pays fin novembre, exprimant un ras-le-bol sanitaire, et parfois politique, certains appelant à la «démission» du président Xi.

Les Chinois méfiants

Les Chinois ont réagi avec surprise à cette annonce spectaculaire, se réjouissant pour certains, restant sur leurs gardes pour beaucoup, face à des autorités sous pression, qui ont multiplié les annonces contradictoires ces dernières semaines. «Tu publies ton annonce, mais ce sont les autorités locales qui exécutent», pointe un internaute du Shanxi, rappelant qu'il est toujours contraint à une quarantaine obligatoire s'il atterrit à l'aéroport de Nankin. Beaucoup d'habitants, notamment à Shanghai, ont constaté un resserrement des mesures sanitaires ces derniers jours, alors que l'hiver s'abat sur le pays, et une population pour l'essentielle effrayée par le virus.

D'autres dénoncent un tour de passe-passe politique d'un régime changeant de pied abruptement, sans assumer ses responsabilités, après avoir sévèrement réprimé les manifestants réclamant des libertés. Et de demander la libération des manifestations, dont nombreux ont été arrêtés, ou visité par la police ces derniers jours. «Libérez ces jeunes qui ont lutté pour nos droits !», lancent certains messages, déjà effacés par la grande armée de la censure.

Ce virage survient dans un contexte de difficultés économiques croissantes, amplifiées par la stratégie «zéro Covid», selon les experts. Les exportations et importations de la Chine ont plongé en novembre à des niveaux jamais vus depuis début 2020, selon des chiffres officiels publiés mercredi.

Un défi urgent pour le président Xi à l'orée de son troisième mandat, alors que les investisseurs étrangers se détournent dans un contexte d'escalade géopolitique avec les États-Unis. Le dirigeant le plus autoritaire depuis Mao, a donné la priorité à la «stabilité» en 2023, lors d'une réunion du Politburo mardi. «Il faut se concentrer sur la stabilisation de la croissance, de l'emploi et des prix, prévenir efficacement les risques majeurs, et favoriser l'amélioration économique», a déclaré Xi, mentionnant à peine la stratégie sanitaire, qu'il avait imposée sans ménagement au pays jusqu'au Congrès du Parti, en octobre dernier.

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