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Par charentelibre.fr (avec AFP), publié le 23 mars 2023 à 22h29.
Un regain de mobilisation et des tensions en hausse. La neuvième journée d’action contre la réforme des retraites n’a pas faibli.
Au lendemain d’une intervention du président de la République qui a hérissé les opposants, les syndicats espèrent « garder l’opinion » de leur côté. Cette journée était la première organisée au niveau national après l’adoption de la loi via l’arme constitutionnelle du 49.3. En France, la CGT a dénombré 3,5 millions de manifestants, quand le ministère de l’Intérieur en comptait 1,09.
Peu avant le départ du cortège parisien, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a noté un « regain de mobilisation » et appelé « à la non-violence », ajoutant que « jusqu’au bout il va falloir garder l’opinion » qui est une « pépite ».
À Paris, où la CGT a annoncé 800.000 manifestants (83.000 selon la Préfecture de police), des violences ont rapidement éclaté en tête de cortège : pavés, bouteilles et feux d’artifice lancés sur les forces de l’ordre, vitrines et abribus brisés et feux de poubelles.
La Préfecture de police, qui a recensé « environ un millier » d’éléments radicaux dans la capitale, faisait état de 14 interpellations peu avant 17H00.
À Nantes et Rennes aussi, des heurts ont opposé des manifestants aux forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canon à eau. À Lorient (Morbihan), le commissariat a été pris pour cible.
Des tensions plus ou moins fortes étaient également constatées à Toulouse, Lille, Bordeaux ou Dijon.
« Trop d’enjeu pour arrêter »
Dans les cortèges, la détermination et la colère étaient palpables avec beaucoup de ressentiment vis-à-vis du chef de l’État.
À Strasbourg, Nathalie Cholley, aide-soignante de 47 ans, est venue pour « défendre » son avenir mais aussi « protester contre la politique d’Emmanuel Macron et son mépris ». « Je n’aime pas sa manière de parler aux Français, il y a un vrai manque de respect ».
Il y a trop d’enjeux pour arrêter maintenant.
À Brest, Aurélia Vaillant, 44 ans, restauratrice, assure qu’elle « ira jusqu’au bout ». « Il y a trop d’enjeux pour arrêter maintenant », dit cette femme qui s’est sentie « méprisée » par l’intervention du chef de l’État.
Les premiers chiffres attestaient d’un net rebond par rapport à la précédente journée de mobilisation, avec, selon les autorités, 12.400 personnes à Strasbourg, 14.800 à Rouen, et 18.000 à Montpellier. À Marseille, les syndicats ont compté 280.000 personnes et la préfecture 16.000.
La police a dit attendre « entre 600 et 800.000 personnes sur environ 320 actions » en France, dont 40 à 70.000 à Paris.
Mercredi, Emmanuel Macron n’avait pas dévié de son cap, réaffirmant que sa réforme était « nécessaire », qualifiant les auteurs de violences de « factieux » et égratignant au passage les syndicats, et particulièrement la CFDT, accusés de ne pas avoir su « propose (r) un compromis ».
« Cibler la CFDT, c’est idiot. Je n’ai jamais renoué le dialogue en mettant une gifle à quelqu’un », a répondu Laurent Berger jeudi. Pour le patron du premier syndicat français, ces propos ont « sans doute renforcé la détermination pour les manifestations ».
Les autres leaders syndicaux ont dénoncé à l’unisson le « mépris » et le « déni » du chef de l’État, arrivé jeudi à Bruxelles pour un conseil européen.