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La hausse des charges de cette résidence autonome de Charente étrangle ces locataires

L’électricité représente 8€ par jour et par résident.

C’est trop pour sa retraite de 1200 €. «Je vais m’installer chez mon frère à Lesterps. C’est dommage, j’étais bien ici, j’avais des amis qui venaient me voir à pied. » Elle et sa famille ne comprennent pas. « Avant, c’était une résidence à vocation sociale, faite pour les gens qui n’ont pas de grosses retraites. Ici, elle avait le confort qu’elle n’avait jamais eu”, s’étrangle sa fille. La septuagénaire met en avant la disparition de l’humain. « Avant, on avait une gardienne de nuit. Elle n’a pas été remplacée, il y a plusieurs années, après son départ à la retraite. » Les résidents ont un bracelet qui permet une intervention en cas de chute. « On avait aussi une dame qui allait nous chercher les médicaments à la pharmacie. Ça n’existe plus. »

“Mettre tous les résidents au même niveau”

Elle n’est pas la seule à se désoler de ces hausses. Un monsieur est parti en fin d’année pour s’installer dans une commune proche. Marie-France Laville, fille d’un résident de 94 ans, installée au foyer depuis douze ans, a fait les comptes. 589 € pour un T2 en décembre. 804 € en janvier. Pour lui, les charges journalières ont triplé, passant de 3,05 € à 10 €. Il paie son électricité à part. « En un mois, il est passé de 94 € à 310 € de charges. C’est scandaleux, juge Marie-France Laville. Les repas, qui sont en option, ont aussi augmenté d’un euro cinquante. Il y a eu une réunion en octobre pour exposer les hausses. Personne n’a trop crié mais il y avait très peu de représentants des familles et je pense que toutes les personnes âgées n’ont pas bien compris l’ampleur de l’augmentation. »

C’est ce que dit Anne-Marie Chaussonneau. Pas présente à la réunion, ni sa fille, elle jure avoir découvert la douloureuse deux jours avant de devoir la régler. La directrice Sabine Poingt, également directrice de l’Ehpad d’Etagnac, assure, elle, être allée voir cette dame et avoir fait le tour des résidents pour qui elle pressentait une situation délicate. « Je suis tout à fait consciente que ça représente un bond conséquent. La philosophie du groupe n’est pas de faire de l’argent, on est une association à but non lucratif, sans actionnaire à rémunérer », pose-t-elle.

8€ d’électricité par jour et par résident

À cette hausse, elle avance deux arguments. D’abord, la volonté de mettre tous les résidents au même niveau, ceux qui entrent et ceux qui résident déjà, ceux qui sont dans d’anciens logements et ceux qui sont dans de nouveaux appartements. « Quand le groupe a repris la gestion, on a découvert que certains payaient 0€ de charges, affirme Sabine Poingt, alors que les nouveaux entrants payaient 14€. On a voulu rattraper un certain retard. » Une explication qui passe mal auprès des habitants des anciens logements qui n’ont pas vu leurs conditions de vie ni les services s’améliorer.

Second argument : la hausse du coût de la vie et notamment de l’énergie. « Elle représente 8€ par jour et par résident pour ceux dont les charges sont incluses. » Soit 240 € par mois ! « Le smic a aussi augmenté et ces charges incluent également les impôts locaux, les déchets, l’entretien des espaces collectifs, l’élagage, les animations, etc. » Les familles ne comprennent pas non plus pourquoi les nouveaux entrants ont l’obligation, contrairement aux autres, de prendre 15 repas par mois, facturés 9 €. « S’ils ne les prennent pas, je suis obligée de licencier ma cuisinière. J’ai envie de maintenir de l’emploi sur place et les résidents maintiennent leur autonomie en préparant le reste de leurs repas », défend Sabine Poingt.

Reste que cette nouvelle grille tarifaire ne va pas aider l’établissement à résoudre ses problèmes de vacance : seuls 28 logements sur 65 sont habités. Une hausse des loyers est attendue à compter de juillet prochain, d’autant que le propriétaire, le bailleur social Enéal, va engager des travaux de rénovation sur 40 logements qui seront complètement ou en partie refaits.

(1) Le groupe AFP (Association des foyers de province) en assurait la gestion depuis 2013. Elle était avant dans le giron communal et a été créée en 1980 par Roger Rémondet, l’ancien maire.

Un loyer dans la moyenne basse

« La loi fixe des seuils d’augmentation des loyers, mais non des charges, souligne Marie Pragout, vice-présidente au Département en charge du handicap et des personnes âgées. La direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations est toutefois en train de vérifier la légalité des tarifs pratiqués. »
Face aux interrogations des familles, le Département analyse « la possibilité de soutenir l’établissement en habilitant un volant de places à l’aide sociale ». Concrètement, il s’agit d’une aide financière « pour aider les habitants à s’acquitter du loyer ».
Cet établissement reçoit des dotations du Département, 20 600 € au titre du forfait autonomie pour financer tout ou partie des actions individuelles ou collectives de prévention de la perte d’autonomie. Toutefois, avec un F2 bis à 1 000 € par mois, il est à souligner que cet établissement est dans la fourchette basse des résidences autonomie en Charente, selon le site pour-les-personnes-agees.gouv.fr. Pour comparaison, la résidence Le moulin des dames à Angoulême affiche 741 €, la résidence Les cèdres à Montemboeuf 1 520 € et la Villa de Bury à Angoulême 1958€.

Pour les Ehpad, une hausse du tarif hébergement jusqu’à 5,14 %

La hausse des charges, personne n’y coupe, pas même les Ehpad, qui cette année peut augmenter le tarif hébergement de 5,14 %. « Chaque fin d’année, un décret, censé prendre en compte l’inflation, fixe le seuil d’augmentation. Cela faisait très longtemps qu’on n’avait pas eu une hausse aussi importante, décrit Aurélien Chatain, directeur adjoint des Ehpad Raby-Barboteau de Segonzac et de Lignières-Sonneville et président de la Fnadepa Charente, un syndicat de directeurs d’hôpitaux. Certaines années, c’est 0,5 ou 0,97 %. + 5,14 %, c’est loin de couvrir l’inflation mais c’est mieux que rien. Il n’y a pas que l’électricité et le gaz qui augmentent. Il y a aussi l’alimentation et tous les services de nos prestataires. »
Charge ensuite aux établissements de répercuter la hausse ou non. « On va se réunir prochainement entre directeurs et le sujet sera à l’ordre du jour. Je pense que majoritairement, on appliquera cette hausse pour ne pas se retrouver encore plus en difficultés l’an prochain. Mais ce n’est pas négligeable pour les résidents. Ça fait quand même 100€ par mois. » Les familles sont plutôt compréhensives selon ce directeur, puisqu’elles constatent elles-mêmes la hausse de leurs charges quotidiennes. Toutefois, cette charge ne peut concerner que les places d’hébergement qui ne sont pas habilitées à l’aide sociale. À Segonzac par exemple, toutes sont habilitées. Il est donc impossible d’appliquer cette revalorisation à la différence de l’Ehpad Larchier de Lignières-Sonneville.