France
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La Macronie bousculée aussi à l’Assemblée nationale

Toute la France est opposée à la réforme des retraites. Toute ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles macronistes résiste encore et toujours à la volonté populaire. Retranchés derrière les murs de l’Assemblée nationale, ils se sont fort émus de deux tags. Le premier a été inscrit sur les portes du Palais Bourbon, le deuxième sur le socle de la statue de Marianne, juste en face. Que disent ces tags ? « Retraite à 60 ans ». Il serait pourtant faux de croire que cette revendication n’affleure que sur les murs du Parlement : la bataille se joue également dans l’Hémicycle, de jour comme de nuit.

« Le gouvernement nous dit que tout va bien se passer. Non, tout ne va pas bien se passer. Nous sommes opposés à ce texte, nous réclamons son retrait et nous voulons faire entrer ici la colère et les revendications du mouvement social », insiste Pierre Dharréville. Le député PCF s’exprime alors que, dehors, plus d’un million de personnes manifestent de nouveau contre la retraite à 64 ans. Des « irresponsables », à en croire la Macronie. « C’est la réforme ou la faillite ! » lançait la veille au soir Gabriel Attal. Et le ministre des Comptes publics de poursuivre : « Nous ne ferons pas payer aux Français un seul euro d’impôt supplémentaire pour financer les retraites. » Non, mais deux ans de boulot en plus. Et le temps, c’est de l’argent, non ?

« Vous allez appauvrir l’industrie française, les TPE et les PME »

« Vous préparez le vol organisé de deux ans de vie. Vous n’êtes pas les représentants du peuple, mais d’une petite caste de ministres hallucinés par leur propre idéologie. Non, vous ne défendez pas la “valeur travail”, vous défendez la “valeur servitude” », lui a ­répondu la présidente du groupe FI, Mathilde Panot, lors de débats où les macronistes ont plus que peiné à exister. « Au nom de quoi force-t-on les gens à travailler toujours plus ? Il n’y a aucune urgence, aucune nécessité économique, aucun impératif social. Ou plutôt si, il y a une seule obligation : aller chercher un point de PIB avec les dents, quoi qu’il en coûte, sur nos corps et nos vies », poursuit Sandrine Rousseau. L’écologiste compare la réforme des ­retraites au Titanic : « À la fin, c’est en majorité les riches qui auront des places sur les canots de sauvetage. » « Vous faites pitié », lance même François Ruffin, qui interroge l’exécutif : « Au service de qui êtes-vous ? Entre 1997 et 2019, la part revenant au salarié sur la valeur ajoutée a baissé de 59 à 55 %, pendant que la part revenant aux actionnaires est passée de 5 à 15 %. Votre politique, vous la menez pour les salariés français ou les fonds de pension anglo-saxons ? »

Vous faites pitié.
Après le tunnel de la crise Covid, de la guerre en Ukraine, des factures qui bondissent, quelle lumière allumez-vous pour les Français ? Aucune.
Juste cette petite chose, banale, mesquine : une réforme des retraites.
Quelle médiocrité !
Vous faites pitié. pic.twitter.com/WJZniXVhRj

— François Ruffin (@Francois_Ruffin) February 7, 2023

Le bras de fer se poursuit lors des questions au gouvernement. « Il y a un régime très spécial auquel vous ne vous attaquez pas, c’est celui de la finance. La politique n’est qu’affaire de choix, vous avez fait les vôtres. Vous dorlotez les riches et demandez des efforts aux autres. Vous refusez de vous attaquer aux revenus financiers ! » interpelle André Chassaigne. Les députés PCF brandissent alors la une de l’Humanité sur les retraites mirobolantes des grands patrons. L’édition dans laquelle nous ­dénonçons une réforme qui s’attaque aux femmes pourrait également être agitée aux yeux du gouvernement. « Dans votre projet, les deux tiers des économies seront réalisées sur le dos des femmes », accuse le président du groupe PS, Boris Vallaud. « Les femmes seront plus nombreuses à devoir travailler jusqu’à 67 ans pour atteindre la retraite sans décote », confirme Charles de Courson, député Liot.

Les macronistes peinent à se défendre autrement qu’en criant à l’obstruction parlementaire devant les 18 000 amendements déposés. C’est pourtant le gouvernement qui a décidé de contraindre la durée des débats, tout en refusant que les députés puissent siéger samedi et dimanche, comme le réclamaient les élus de la Nupes. Il faut dire que la défense du texte est ardue. « Vous dites, avec cette réforme, que vous voulez faire 18 milliards d’euros d’économies. Mais vous allez gaspiller entre 30 et 50 milliards d’euros en n’ayant pas renégocié l’électricité pour 2023. C’est ainsi que vous allez appauvrir l’industrie française, les commerçants, les TPE et les PME. C’est ça le sujet de l’année 2023, messieurs les ministres ! Vous faites complètement fausse route », les prévient la députée PS Valérie Rabault.

L’exécutif, qui avait déjà perdu la bataille de l’opinion publique avant l’arrivée du texte, semble mal parti pour inverser la donne à l’occasion des échanges dans l’Hémicycle. D’où la nécessité pour lui d’aller vite. Et de s’émouvoir des tags et dégradations devant l’Assemblée. Sa réforme, tout entière dirigée contre le corps social, constitue pourtant le principal acte de vandalisme du moment.