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La masturbation masculine est-elle bonne pour la santé ?

Les arguments « scientifiques » pro- ou antimasturbation ne sont pas toujours très solides. Mais outre le plaisir procuré, l’acte a aussi un intérêt en urologie.

Par Olivier Hertel
Detail d'une statue au musee de l'Ermitage a Saint-Petersbourg.
Détail d'une statue au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. © Leemage via AFP

Temps de lecture : 3 min

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D'abord, rassurer. La masturbation ne rend pas sourd. Mais à écouter les zélotes de l'abstinence qui prolifèrent sur le Web, elle serait responsable de toute une tripotée de maux : infertilité, déshydratation, déséquilibres hormonaux, perte de vision, acné, faible libido et plus spécifiquement chez les hommes, un changement dans la taille ou la forme du pénis, une diminution du nombre de spermatozoïdes ou encore un dysfonctionnement érectile. De quoi ébranler les pratiquants les plus fervents.

Mais ce ne sont que des mythes. Plus grave, faire joujou avec ses organes génitaux serait aussi très mauvais pour le cœur. « L'argument consiste à dire que la masturbation augmente le stress qui augmente le rythme cardiaque, ce qui serait délétère pour le cœur. Cela ne repose sur aucune base scientifique », assure le Dr Idir Ouzaid, urologue à l'hôpital Bichat à Paris.

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À l'inverse, le sexe fait main aurait toutes les vertus pour ceux qui défendent ce mode de stimulation : augmentation des hormones sexuelles (testostérone, progestérone) ou encore de la DHEA, la fameuse « hormone de Jouvence ». Là encore, les preuves scientifiques manquent. « Difficile de dire quels sont les effets de ces changements physiologiques », reconnaît Idir Ouzaid.

Fréquence éjaculatoire

Autre argument très en vogue, surtout dans la population masculine, la fréquence éjaculatoire. Selon une étude de 2016 parue dans la revue European Urology, les hommes qui éjaculent plus de vingt fois en moyenne par mois auraient un risque plus faible de développer un cancer de la prostate que ceux qui, en moyenne, se contentent de quatre à sept orgasmes mensuels. Plus de vingt éjaculations par mois, soit au moins cinq par semaine ! Cela constitue une activité sexuelle relativement intense et difficile à maintenir dans le temps avec son ou sa partenaire. La masturbation peut donc aider à faire du chiffre.

Mais outre le plaisir que procure l'onanisme, sa plus grande vertu réside certainement dans ses applications pratiques en urologie. « Chez certains patients, l'anxiété de la performance provoque des troubles érectiles qui perturbent la relation avec son ou sa partenaire. La masturbation est utilisée pour convaincre la personne que tout fonctionne bien et qu'il s'agit donc d'un problème psychologique sur lequel on peut travailler », explique Idir Ouzaid.

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Elle est aussi utilisée pour traiter les problèmes d'éjaculation prématurée (précoce). Dans ce domaine, il n'y a pas vraiment de règles ou de standards internationaux, même si les chiffres de dix allers-retours ou de 30 secondes avant le lancement sont souvent évoqués pour la durée de rapports trop brefs. Dans ce cas, la masturbation permet aux hommes de mieux se connaître. Elle les aide à percevoir le point de non-retour au-delà duquel l'orgasme ne peut plus être stoppé. « C'est un outil précieux, qui peut se pratiquer seul ou en couple et permet d'identifier le moment où il faut faire redescendre la pression », indique le médecin. Il est même possible de s'accorder une petite jouissance solo avant un rapport à deux car ce deuxième orgasme arrivera moins vite.

Enfin, à l'approche des Jeux olympiques en France, il convient de déconstruire un autre mythe tenace. Non, la masturbation avant une compétition n'a pas d'impact sur la performance. Les athlètes qui ne rapporteront pas de médailles devront donc trouver une autre excuse.

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