France
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« La posture attentiste des évêques est source de désespoir, de souffrance et d’injustice pour les victimes »

Dès la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (Ciase) en octobre 2021, l’Acat-France relevait qu’il met en lumière, dans le but de le dénoncer, un système ayant permis des situations de maltraitance et des atteintes graves et massives à la dignité et à l’intégrité physique de très nombreuses victimes (plusieurs centaines de milliers), dont certaines mineures. Atteintes qui sont autant de traitements cruels, inhumains et dégradants constitutifs de violations condamnées par les conventions internationales relatives aux droits de l’homme.

La commission souligne que les systèmes déviants ne sont pas l’apanage des États, qu’ils menacent toute organisation collective, et appelle les chrétiens à la plus grande vigilance face à des dérives trop souvent couvertes par l’impunité. L’Acat-France s’est donc réjouie qu’en novembre 2021, réunis en assemblée à Lourdes, les évêques de France aient mis en place neuf groupes de travail coordonnés par Hervé Balladur, dans l’intention proclamée de prendre les moyens de « construire une Église plus sûre ».

Un « travail remarquable »

Ces neuf groupes de travail, auxquels s’est ajouté un dixième sur la question mémorielle, ont mobilisé pendant un an une centaine de personnes et produit des rapports très riches et porteurs de nombreuses propositions concrètes, attestant du sérieux avec lequel ils ont pris en compte la demande des évêques et les missions qui leur ont été confiées. La Conférence des évêques de France, réunie à Lourdes du 28 au 31 mars 2023, a d’ailleurs rendu hommage au « travail remarquable de la part de la centaine de membres participants à ces groupes ».

On pouvait dès lors s’attendre à ce qu’il soit donné une suite aux recommandations du groupe de travail n° 8, qui avait reçu pour mission d’« analyser » les « causes des violences sexuelles dans l’Église », en ce qu’il interrogeait la nature systémique des abus constatés, notamment à travers l’analyse clairvoyante et lucide des effets délétères du « cléricalisme » et de « l’asphyxie de l’entre-soi ».

L’expression d’un déni ?

Il n’en fut rien : après avoir salué « avec gratitude le travail du groupe 8 », « les évêques réunis en Assemblée » se sont engagés « à poursuivre la réflexion sur les ministères laïcs », demandant en outre à la « Commission doctrinale de passer leurs travaux au crible des propositions du groupe de travail n° 8 ».

Cette absence d’avis, de recommandation ou de décision est-elle l’expression d’un déni ? Traduit-elle une volonté d’enterrer le « remarquable » travail de ce groupe et la confirmation du bien-fondé de ses analyses ? À tout le moins, par son attitude la Conférence démontre que sa volonté affichée de « construction d’une Église plus sûre » peut attendre.

Incompréhensible

Comment comprendre ce choix, alors que de nouveaux faits de violences sexuelles et d’abus commis par des évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs catholiques dans l’exercice de leurs responsabilités continuent d’être révélés pratiquement chaque semaine, soulevant une indignation grandissante des croyants au sein des différentes Églises chrétiennes, mais aussi de la société civile qui ne comprend pas que la justice, la dignité, les droits de l’homme puissent s’arrêter aux portes des Églises ?

Cette posture attentiste est surtout source de désespoir, de souffrance et d’injustice pour les personnes victimes, dont le nombre ne fait qu’augmenter. Victimes auprès desquelles l’Acat-France se tient parce que nous sommes des chrétiens engagés contre l’impunité, pour le respect et la défense des droits universels. Dont le respect de la dignité humaine en toute circonstance, comme nous y invite le pape François.

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