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La raison contre la violence [Le point de vue de CL]

La raison contre la violence [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Eric DECOUTY - e.decouty@charentelibre.fr, publié le 26 mars 2023 à 21h23.

Retrouvez notre éditorial du lundi 27 mars.

Laurent Berger avait prévenu dès le début. En refusant obstinément d’écouter les organisations syndicales sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron et le gouvernement, prenaient le risque ou la responsabilité de voir la violence se substituer au mouvement social...

Laurent Berger avait prévenu dès le début. En refusant obstinément d’écouter les organisations syndicales sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron et le gouvernement, prenaient le risque ou la responsabilité de voir la violence se substituer au mouvement social pacifique. Huit journées de mobilisation et l’utilisation du 49-3 plus tard, la triste prédiction du leader de la CFDT se confirme. Des échauffourées nocturnes dans les rues de Paris aux affrontements de Sainte-Soline, les images diffusées à jet continu sur les chaînes d’information ont relégué au second plan les revendications sociales et écologiques.

En réalité, une double instrumentalisation de cette violence se joue depuis déjà plusieurs semaines. De la part du pouvoir tout d’abord. En tournant le dos aux syndicats et en passant en force à l’Assemblée, Emmanuel Macron a délibérément choisi l’affrontement au dialogue social. Un affrontement dont il savait qu’il se prolongerait dans la rue mais qui lui permet de prendre la posture usée du parti de l’ordre pour espérer regagner les faveurs d’une opinion en attente de paix sociale. L’autre instrumentalisation tout aussi cynique vient d’une partie des organisations de gauche. Considérant que, des faucheurs d’OGM aux Gilets jaunes en passant par les zadistes de Notre-Dame-des-Landes, les victoires s’obtiennent, non pas par la négociation, mais par la brutalité, nombreux dans les associations militantes et dans certaines formations politiques, attendaient que la contestation change de nature. Ainsi, plusieurs responsables Insoumis ou Écologistes, ont minimisé ou trouvé une justification aux déferlements de violence des derniers jours attestant que la stratégie du bruit et de la fureur revendiquée par Jean-Luc Mélenchon, est toujours en vigueur.

Face à cette double instrumentalisation de la violence, deux chemins politiques se dessinent : celui du statu quo et celui de la raison. Le premier qui consiste, comme le gouvernement ces derniers jours, à user de la force, conduit à une impasse et au chaos. Le second qui recourt au dialogue mène à l’apaisement. Emmanuel Macron peut encore changer de cap, ajourner la réforme et rouvrir sa porte aux syndicats. Parce qu’il ne s’agit pas de céder à la violence mais de lui opposer la raison. Les prochains jours diront si l’Élysée a retrouvé ou définitivement perdu toute rationalité politique.