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La Scala de Milan repeinte par des militants écologistes

Symbole culturel éminent, la Scala de Milan a été victime d’une attaque à la peinture ce mercredi matin. Un ravalement bleu et rose de l’entrée de l’opéra, orchestré par cinq militants du mouvement Dernière Génération (Ultima Generazione en italien) intervenus tôt ce matin. Si la police a rapidement interpellé les militants, et l’équipe d’entretien s’est chargée du nettoyage, les activistes ont eu le temps de déployer des banderoles sur lesquelles il était écrit «Dernière Génération – Non au gaz et non au charbon». Une revendication déjà exprimée lors des précédentes actions du groupe.

Dans un communiqué, Dernière Génération justifie son choix : «Nous avons décidé d’asperger la Scala avec de la peinture pour demander aux hommes et femmes politiques qui assisteront à la représentation de ce soir d’arrêter de faire la politique de l’autruche et d’intervenir pour sauver la population.» Le timing a évidemment été bien étudié : plusieurs personnalités seront présentes au prestigieux opéra milanais ce soir pour le gala d’ouverture de la saison musicale, braquant pour l’occasion de nombreuses caméras en direction du lieu. Notamment la cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni, le président de la République, Sergio Mattarella, ou encore la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Une nouvelle génération de militants

Investi dans la lutte environnementale, le collectif explique que «la situation économique et environnementale s’aggrave de jour en jour» évoquant «la situation tragique du peuple italien, affecté par le cataclysme d’Ischia et trahi par l’indifférence du gouvernement». Référence au glissement de terrain meurtrier sur l’île d’Ischia, le 26 novembre dernier, causé, entre autres choses, par le déboisement et l’urbanisation massive qui gangrène le village thermal ou s’est produit la catastrophe.

A proximité de la Scala de Milan, mercredi matin. (Piero Cruciatti /AFP)

L’opération coup de poing à la Scala est la dernière du collectif qui s’attaque aux œuvres de différents musées européens. Parmi les cibles de ces nouveaux militants du climat, la statue du Laocoon cet été au Vatican à laquelle une poignée d’entre eux s’étaient collés à la glue, ou le tableau Mort et vie du Gustav Klimt recouvert de peinture le 15 novembre. Trois jours plus tard, la BMW de 1975 repeinte par Andy Warhol, exposée à Milan, a été recouverte par huit kilos de farine.

Les coups d’éclat du groupe de militants écologistes, présent dans plusieurs pays européens, s’inscrivent dans une nouvelle forme de revendication. Une pratique également partagée par d’autres mouvements écologistes dont Just Stop Oil au Royaume-Uni ou Extinction Rébellion en France. Très critiqués, les militants revendiquent des actions qui ne visent pas à endommager les œuvres, mais à attirer l’attention sur la catastrophe environnementale en cours.

A l’image de l’incident du jour qui vient perturber l’ouverture de la saison de la Scala tandis que l’œuvre choisie pour la première représentation défraie déjà la chronique. Il s’agit de l’œuvre Boris Godounov de Modeste Moussorgski, une parabole sur la dictature des tsars qui fait écho à l’autre sujet brulant de l’actualité : la guerre en Ukraine. L’idée, qui avait pourtant germé il y a trois ans, bien avant la guerre, a suscité la colère du consul ukrainien de Milan, Andrii Kartysh. Mais pour le directeur de la Scala, Dominique Meyer, pas question d’annuler : «Nous ne faisons l’apologie de personne, nous jouons un opéra qui est un chef-d’œuvre de l’histoire de l’art.» Une manière de dire qu’il ne faut pas politiser l’art ? Les militants de Dernière Génération, eux, semblent bien persuadés du contraire.