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« La Tour » : un horrifique récit de survie dans une cité coupée du monde

Guillaume Nicloux plonge les habitants d’une tour, cernée par une masse noire dévorant tout, dans un huis clos irrespirable dont il tire une fable métaphysique.

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Guillaume Nicloux ne fait pas du cinéma comme tout le monde. A 56 ans, ce réalisateur n’aime rien tant que l’expérimentation et la provocation. Le goût des monstres et du roussi, la haine de l’uniformité constituent l’étendard derrière lequel, cultivant en leur compagnie le goût de l’amitié et le mépris de la tiédeur, il entraîne quelques pointures, de Jean-Pierre Darroussin à Michel Houellebecq, en passant par Gérard Depardieu. On voit le topo. Des gueules et de la gueule, une ligne surréaliste qui peut vite virer au sardonique, à l’inconfort, voire à l’ignominieux. Une tradition française en somme, mieux, un style, qui conjoint Robert Le Vigan à Jean-Pierre Mocky.

Dans La Tour, pas l’ombre d’une vedette, et un genre, l’horreur, auquel Nicloux ne s’était jamais frotté jusqu’à présent, quand bien même celle-ci n’est jamais tout à fait absente d’une œuvre qui joue avec les limites. A proprement parler – et c’est ce qui séduit tant dans ce film –, l’élément fantastique proprement dit procède d’un minimalisme qui confine au pari conceptuel.

Soit, autour de la tour d’une cité non identifiée, une masse noire qui semble avoir tout dévoré. Plus rien ne se distingue au-dehors fors l’obscurité ; pire, il n’est plus possible de sortir sous peine de disparaître, anéanti corps et biens, à son tour. La matière noire de Nicloux équivaut en ce sens à La Chose, de John Carpenter (The Thing, 1982), qui ne se manifeste qu’à travers ses monstrueux effets sur un groupe humain immobilisé par les circonstances.

Crépuscule de l’humanité

Reste à dérouler le récit, ce à quoi, non moins sombrement, s’attelle le cinéaste sur une durée de quelques années. Une fois les habitants persuadés que nulle échappatoire n’existe, l’ère de l’organisation interne prend le relais de la commotion surnaturelle, et bifurque très rapidement vers un récit de survie. On parlerait de stratégie si, face à son radical isolement, la société humaine n’adoptait immédiatement des réflexes tribaux. Blancs avec Blancs. Noirs avec Noirs. Arabes avec Arabes. A peu de chose près. Une longue involution commence. Organisation clanique des groupes. Soumission à la force brute. Trafics en tout genre, de chiens, de chats, d’humains. Tentatives de corruption dans les clans ennemis. Attaques brutales et sans merci.

Le temps passant, l’insalubrité s’installe, le cannibalisme devient un recours, des religions primitives et conspirationnistes renaissent, les corps et les âmes inéluctablement s’émacient, l’humanité s’éteint. Voici revenu l’âge des cavernes, non plus comme aube de l’humanité, mais comme son crépuscule. Un personnage, la jeune Assitan, s’y réfugiera saine et sauve en ayant traversé le pire, tenant en son giron une famille tout à fait recomposée, dans l’attente d’un matin qui ne viendra peut-être jamais.

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