France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

La Vallée de Fabrice Hyber, cas d’école buissonnière

Depuis près de trente ans, l’artiste sème une forêt en Vendée. Un projet hors norme, qu’il dévoile à l’occasion d’une exposition à la Fondation Cartier, à Paris.

Article réservé aux abonnés

Ce qui saute aux yeux, d’emblée, lorsqu’on arpente la Vallée, domaine d’une centaine d’hectares de Fabrice Hyber en Vendée, c’est ce vert presque fluorescent, partout au sol. Ce même vert que l’on retrouve partout dans son œuvre, notamment sur ses emblématiques hommes-fontaines de Bessines ou ses Ted-Hyber. « Oui, mon vert vient d’ici, c’est celui de la jeune pousse », confirme l’intéressé sur cette terre de son enfance. Hyber n’est pas un héritier, mais il a hérité d’une complicité fusionnelle avec ce paysage de prairies et coteaux où paissaient les moutons de ses parents éleveurs.

« C’est mon terreau mental, ma source d’inspiration. C’est un endroit de moments forts pour moi, où je me souviens des balades et de mes expériences, enfant. Ce trou d’eau, pointe-t-il, n’existait pas quand j’étais petit. L’hiver, quand il y a beaucoup d’eau qui coule, je m’amusais à faire des petits sillons depuis le haut de la pente. Petit à petit, ça a donné ça. Dès que tu interviens dans la nature, elle va ensuite dans ton sens, tout en restant beaucoup plus forte que toi. Observer cette eau s’écouler, c’est notamment ce qui m’a fait naître dans mon œuvre », confie l’artiste.

Au tournant des années 1990, alors que ses parents arrivaient à la retraite, il leur demande ce que va devenir leur environnement. La réponse le révulse : « Quelqu’un d’autre va louer, et ça va sûrement devenir des champs de maïs. » Il est alors un jeune artiste de 29 ans installé à Paris, mais il décide d’acheter ces terres qui n’ont jamais connu une once de pesticides ou d’engrais, soit 50 hectares à l’origine. L’idée est de sécuriser le lieu, de le protéger, que ce coin de nature où il fait bon vivre ne soit pas avalé par l’agriculture intensive.

« Inventer un autre système »

« Dès le début, je l’ai considéré comme une œuvre. Pendant cinq ou six ans, je l’ai d’abord gardé en friche intellectuelle. L’idée était d’inventer un autre système, un autre modèle, d’autres possibilités de voir ce terrain s’enrichir de quelque chose, je ne savais pas de quoi encore. Ça a été une sorte de mission, et j’ai cherché les moyens d’en faire un lieu d’expérimentation. Un truc qui allait naître, pousser, s’agrandir, faire des petits. Une œuvre, c’est tout ça, ce n’est pas qu’un tableau qu’on met derrière le canapé », résume-t-il en riant. C’est au moment de la Biennale de Venise 1997, où il remporte le Lion d’or pour le Pavillon français, qu’il commence à semer une future canopée.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés

« Mon père adorait les arbres, je lui ai proposé de faire une forêt », raconte-t-il. Ils font un premier essai sur 1 hectare de terre : « J’ai acheté mille pieds d’arbres, ce qui coûtait très cher, et on les a plantés ensemble. Puis, sur un autre hectare, j’ai voulu tenter de semer des arbres pour voir ce que ça donnait. » Il a cette fois fallu collecter des graines, ce qui n’était pas si simple, les graines d’arbres étant rares sur le marché. L’essai se révèle peu concluant : « La terre, que l’on avait labourée pour créer des sillons, s’est recouverte d’herbes et de ronces. C’était un bordel pas possible, on ne voyait plus rien », se souvient-il.

Il vous reste 53.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.