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publié le 6 décembre 2022 à 21h08.
Surproduction, chute des prix, ventes et réputation en berne : à l’exception des grands crus qui attirent encore les investisseurs, le Bordelais traverse une grave crise. Des vignerons ont manifesté mardi pour obtenir une prime à l’arrachage.
Plusieurs centaines de vignerons (700 personnes selon la police, plus d’un millier selon les organisateurs), accompagnés d’une vingtaine de tracteurs, ont défilé dans Bordeaux mardi pour obtenir une prime à l’arrachage, afin de répondre à une crise de surproduction qui fait chuter les prix. « Viticulture abandonnée, misère dans le Bordelais », « 1.000 viticulteurs en moins = 10.000 chômeurs en plus », « Boire un canon, c’est sauver un vigneron », peut-on lire sur les pancartes des manifestants, accompagnés de nombreux élus et parlementaires locaux, dont ceux de la majorité.
Le plus grand vignoble AOC de France, avec ses 110.000 hectares cultivés dont 85 % en rouge, est en plein marasme. Ce sont les appellations Bordeaux et Bordeaux supérieur, les plus importantes en volume pour le rouge, qui souffrent le plus de l’effondrement des prix, en particulier pour le vin vendu en vrac, et de la surproduction évaluée à un million d’hectolitres.
Le collectif organisateur de la manifestation demande d’arracher au moins 15.000 hectares de vignes avec une prime de 10.000 euros.
« L’agonie dure depuis 18 ans ».
Les manifestants ont observé une minute de silence symbolique devant le CIVB, l’interprofession locale, et pendu un mannequin « Stop au suicide » sur un arbre. Le CIVB défend un objectif d’arrachage moins élevé, autour de 10.000 hectares, et porte avec les pouvoirs publics une solution d’arrachage conditionnée à une reconversion agricole, dont la plupart ne veulent pas entendre parler.
« On demande un plan social car le Bordelais est à bout, il n’arrive plus à vendre son vin », a déclaré Didier Cousiney, à la tête du collectif organisateur de la manifestation, pour qui « l’agonie dure depuis 18 ans ».
La dernière manifestation des vignerons avait eu lieu en 2004, année de surproduction mondiale qui a commencé à faire baisser les cours. Le vignoble avait alors eu recours à l’arrachage mais sur une surface limitée (3.500 hectares).