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Le Burkina Faso suspend la diffusion de RFI pour «diffusion d’un message attribué à un chef terroriste»

Ouagadougou se trompe-t-il d’ennemi ? Le Burkina Faso a ordonné samedi «la suspension immédiate et jusqu’à nouvel ordre» de Radio France Internationale (RFI), lui reprochant d’avoir relayé «un message d’intimidation» attribué à un «chef terroriste», a annoncé le porte-parole du gouvernement burkinabé. En ayant relayé ce message, RFI «contribue ainsi à une manœuvre désespérée des groupes terroristes en vue de dissuader les milliers de Burkinabés mobilisés pour la défense de la Patrie», indique un communiqué signé du porte-parole, Jean Emmanuel Ouedraogo.

Au début de la semaine, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda), avait diffusé une vidéo dans laquelle l’un de ses chefs au Burkina Faso menaçait de s’attaquer à des villages défendus par des Volontaires de la défense de la patrie (VDP), supplétifs civils de l’armée, qui vient d’en recruter 90 000 en trois semaines pour faire face à la recrudescence des attaques jihadistes. Le gouvernement reproche également à RFI, radio publique française, d’avoir repris dans sa revue de presse de vendredi «une information mensongère, indiquant que ‘Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, assure qu’une tentative de coup d’Etat a visé son pouvoir’».

Le communiqué des autorités rappelle que «le 3 novembre dernier, le gouvernement avait déjà exprimé son indignation face à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média (RFI) et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le peuple burkinabé est engagé pour plus de liberté et de dignité». «Au regard de tout ce qui précède, le gouvernement a décidé de la suspension immédiate jusqu’à nouvel ordre, de la diffusion des programmes de Radio France Internationale sur toute l’étendue du territoire national», ajoute-t-il.

RFI est écoutée par plus 40 % des Burkinabés

La direction de RFI «déplore vivement cette décision et s’élève contre les accusations totalement infondées mettant en cause le professionnalisme de ses antennes, a-t-elle réagi samedi soir dans un communiqué. «Cette coupure est intervenue sans préavis et sans que ne soient mises en œuvre les procédures prévues par la convention de diffusion de RFI établie par le Conseil supérieur de la communication du Burkina Faso», affirme-t-elle.

La radio ajoute que le groupe France médias monde auquel RFI appartient, «explorera toutes les voies pour parvenir au rétablissement de la diffusion de RFI, et rappelle son attachement sans faille à la liberté d’informer comme au travail professionnel de ses journalistes».

Selon la direction, RFI est suivie chaque semaine au Burkina Faso «par plus de 40 % de la population et plus de 70 % des leaders d’opinion».

Le gouvernement a tenu néanmoins «à réaffirmer à l’opinion nationale et internationale son attachement à la liberté de presse et d’opinion» et «au droit du public à l’information», mais «invite cependant au respect des règles et principes édictés en la matière dans notre pays».

«Les nerfs sont à vif, cependant museler ou persécuter la presse ne transforme pas le mensonge en vérité», a estimé Newton Ahmed Barry, journaliste et ancien président de la Commission électorale nationale (CEN).