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Le cancer du sein d’une ancienne infirmière reconnu comme maladie professionnelle

Martine a appris souffrir d’un cancer du sein en 2009. Treize ans plus tard, il est reconnu comme maladie professionnelle. Cette décision inédite ouvre la voie à de futures reconnaissances. Il s’agit surtout d’une victoire pour l’ancienne infirmière de 62 ans et la CFDT-mineurs de Freyming-Merlebach (Moselle) : le syndicat l’a accompagnée dans cette bataille administrative commencée en 2020.

Martine a vêtu sa blouse d’infirmière au Centre hospitalier de Sarreguemines (Moselle), au service de radiologie puis de gynécologie entre 1981 et 2009. Pendant 28 ans, elle a accumulé 873 nuits de travail - soit environ une par semaine. Une activité nocturne qui a pu, au fil des ans, perturber son horloge biologique et affecter ses défenses immunitaires. Les fortes lumières de l’hôpital pendant la nuit ont également pu diminuer sa sécrétion de mélatonine - une hormone anticancer.

Le travail de nuit en cause

Ce sont en tout cas les risques soulignés par les recherches menées depuis plusieurs années sur le lien entre cancer du sein et travail de nuit. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé en 2010 la perturbation du «cycle circadien» (rythme biologique), notamment causé par le travail de nuit, comme «probablement cancérigène». L’Institut national de la recherche et de la santé médicale (Inserm) lui a emboîté le pas en 2012 avec une étude rapportant une hausse «d’environ 30 %» du risque de cancer du sein «chez les femmes ayant travaillé de nuit par rapport aux autres femmes.» Risque accru chez celles «ayant travaillé de nuit pendant plus de quatre ans», ou avec un rythme «de moins de 3 nuits par semaine».

«On peut affirmer qu’il existe un lien direct et essentiel entre le cancer du sein dont elle est victime et le travail effectué auparavant» conclut donc le rapport d’un médecin expert dans le dossier juridique de l’affaire, cité par Le Parisien. Dans le dossier de Martine, d’autres facteurs de risque probables sont notés : rayonnements ionisants, perturbateurs endocriniens et produits chimiques (dont l’oxyde d’éthylène) pour stériliser le matériel médical.

Enquête de la CFDT commencée en 2018

Cette affaire fait partie des premiers résultats d’une action plus large menée par la CFDT-mineurs de Lorraine. Le syndicat a lancé, fin 2018, un important travail de documentation avec une enquête action sur la reconnaissance du cancer du sein comme maladie professionnelle. Plusieurs centaines de questionnaires ont été remplies par les salariées et anciennes salariées des hôpitaux de Moselle et d’Alsace. Selon France Bleu Lorraine, près d’une vingtaine de déclarations de maladies professionnelles sont en train d’être constituées, dont quatre arrivées au terme de l’instruction. Martine est la seule à avoir obtenu gain de cause - les trois déclarations refusées font l’objet d’un recours.

La CFDT veut croire que le dossier de Martine pourra faire jurisprudence et amener à d’autres reconnaissances de maladie professionnelle. Et ce dans tous les métiers et postes incluant le travail de nuit. «Notre action, ce n’est pas seulement de faire reconnaître la maladie professionnelle pour la personne et de lui ouvrir droit à une indemnisation. C’est aussi d’agir en prévention sur les conditions de travail.» poursuit Brigitte Clément, secrétaire régionale de la CFDT-Mineurs, sur la radio locale. Le syndicat souhaite que le cancer du sein soit inscrit dans le tableau de reconnaissance de maladies professionnelles : les victimes n’auraient plus besoin de prouver le lien entre leur maladie et leur travail, alors que 12 000 femmes meurent d’un cancer du sein chaque année en France.