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Le Parti travailliste britannique se voit déjà au pouvoir

Une année est une éternité en politique. Lors de leur congrès 2021, organisé il y a un an à Brighton, les travaillistes faisaient grise mine. Leur chef Keir Starmer peinait à exister face à son exubérant adversaire conservateur, le premier ministre Boris Johnson. Aujourd’hui, réuni en congrès à Liverpool, les positions se sont inversées. Jamais les travaillistes n’ont semblé aussi optimistes quant à leur possibilité d’accéder au pouvoir.

« Ce pays a besoin de nouveaux dirigeants », a lancé Keir Starmer lors de son discours de clôture. « Ils (les conservateurs) ont arraché les fondations du pays, brisé les fenêtres et maintenant ils font sauter les portes pour faire bonne mesure. Et ils ont fait tout cela non pas pour vous, non pas pour les travailleurs, mais pour des réductions d’impôts pour les 1 % les plus riches de la société. » Avant de promettre aux adhérents et élus de son parti : « Nous pouvons être un gouvernement pour le bien-être de tous, pas seulement pour les plus riches. »

« De la détermination et de l’espérance »

L’ambiance dans les allées du centre de conférence de Liverpool allait nettement dans ce sens. « À ce congrès, je ressens deux choses : de la détermination et de l’espérance », avait commenté la veille l’ancien chef du Parti travailliste Ed Miliband (2010-2015), dans un auditorium chauffé à blanc. « Ils (les conservateurs) doivent être battus et ils sont battables. »

La démission forcée de Boris Johnson par les siens début juillet avait été reçue comme une bénédiction par le Labour. « Il n’était pas toujours simple de nous positionner face à Johnson », admet la députée Emma Hardy. Pour cause, malgré son image de brexiter radical, l’ancien premier ministre s’était montré très modéré en matière de politique économique. Il a investi dans les services publics et fait du développement des anciennes régions industrielles sa priorité stratégique nationale, via son programme Levelling Up.

Baisse des impôts et soutien aux plus riches

Lors de l’annonce de son budget vendredi dernier, Liz Truss qui lui a succédé a prouvé qu’un tout autre Parti conservateur est désormais au pouvoir. Adieu Levelling Up, bonjour baisse des impôts et soutien aux plus riches. La disparition du taux d’imposition marginal de 45 % au-delà de 167 000 € de revenus et la fin du plafonnement du bonus des banquiers ont retenu l’attention.

« Nous nous attendions à des baisses d’impôts, mais de manière aussi cynique et idéologique, sans se soucier de ce que pense la population, vraiment pas du tout », assure Emma Hardy, encore abasourdie par l’audace de la première ministre. « Les Britanniques vont souffrir et ils ne s’y tromperont pas : ils savent qu’en pleine crise sociale, Liz Truss a accordé une baisse d’impôts de 55 000 livres (62 000 €) aux personnes qui touchent 1 million de livres, soit plus que le revenu moyen d’un foyer. Il existe maintenant une vraie ligne de démarcation idéologique entre les conservateurs et nous. »

Une tornade financière

La conjoncture joue également en faveur des travaillistes. Les mesures budgétaires de vendredi dernier ont projeté le Royaume-Uni au centre d’une tornade financière. La livre sterling a perdu 5 % face au dollar américain et 2 % face à l’euro, tandis que les taux d’obligation d’État ont bondi, rendant les emprunts du gouvernement beaucoup plus coûteux.

La réaction des Britanniques a été immédiate : un sondage YouGov réalisé le week-end dernier et publié ce mardi 27 septembre accorde 17 points d’avance (45 %– 28 %) au Labour, du jamais-vu depuis 2001. Même si les prochaines élections générales ne sont prévues qu’en 2024, la voie de Keir Starmer vers le 10 Downing Street est déjà ouverte.