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Le “plan sophistiqué” des narcos colombiens pour échapper à l’extradition

Une du jour.

La revue “Semana” a révélé cette semaine un “plan sophistiqué et obscur” ourdi par un “cartel d’avocats” et des narcotrafiquants qui chercheraient à être nommés “gestionnaires de paix” pour négocier leur non-extradition vers les États-Unis.

La une du magazine colombien “Semana”, édition du 28 janvier au 4 février 2023.
La une du magazine colombien “Semana”, édition du 28 janvier au 4 février 2023.

“Un plan sophistiqué, obscur et valant des millions de dollars menace la paix totale du président Gustavo Petro”, titrait cette semaine Semana, l’une des principales revues de Colombie.

“Semana a appris en exclusivité que certains narcotrafiquants seraient en train de payer jusqu’à 1 million de dollars à un groupe d’avocats en échange de leur désignation comme gestionnaires de la paix afin d’éviter l’extradition vers les États-Unis et rester en liberté.”

Une fois ce décor planté, la revue, de tendance droite dure, opposée au premier gouvernement de gauche de Colombie, a révélé que des narcotrafiquants chercheraient à être désignés comme “gestionnaires de paix”, des figures légales autorisées à négocier la reddition de différents groupes armés de ce pays en guerre en échange d’avantages juridiques.

“On a dit à mon client que ce paiement lui garantit la non-extradition, tout en lui permettant d’obtenir des avantages”, a assuré un avocat sous le couvert de l’anonymat. Avant d’ajouter :

“Il y a même un cas connu d’un trafiquant de drogue extradé, portant le nom ou l’alias d’Álex, qui a payé 1 million de dollars à une ONG qui lui a assuré que la procédure [d’extradition] serait gelée, mais elle n’a pas respecté l’accord et il va certainement dénoncer ce paiement aux autorités américaines.”

Une autre modalité consisterait à transférer les narcos vers des prisons de leur choix, les établissements américains étant les seuls que les concernés craignent.

Pardon social

L’affaire aurait commencé, selon Semana, pendant la campagne présidentielle, quand le frère de Gustavo Petro, Juan Fernando, et la sénatrice libérale Piedad Córdoba auraient visité des prisons pour offrir un supposé “pardon” aux délinquants si la gauche arrivait au pouvoir.

Peu après, Petro a proposé de modifier les conditions d’extradition vers les États-Unis pour les narcotrafiquants qui négocieraient avec le gouvernement et ne récidiveraient pas.

Alerté, le président n’a pas tardé à réagir sur Twitter :

“Les attentes de paix que nous avons générées sont aussi un business pour les cupides. Personne d’autre que notre commissaire Danilo Rueda ne peut négocier la paix. Ni les militants, ni les avocats, ni les fonctionnaires, ni mes proches à quelque niveau que ce soit ne sont habilités à négocier la paix.”

Cependant, l’affaire a continué à s’aggraver, et le procureur général, nommé sous le gouvernement précédent, s’est saisi de l’affaire et a appelé à comparaître le frère du président et son commissaire pour la paix, précise Red+. Un premier écueil au projet de paix totale ?

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Ce magazine colombien créé en 1982 par Felipe López Caballero, éminente figure du monde de la presse indépendante en Colombie, a connu son heure de gloire en tant que magazine latino-américain de référence, longtemps loué pour son indépendance et la qualité de ses articles comme de ses contributeurs. Son rachat par le groupe Gilinski, a profondément changé l’orientation de la revue soupçonnée d’accointance avec le gouvernement d’Iván Duque. Ce changement éditorial a poussé au départ un certain nombre de ses journalistes. Semana avait précédemment existé entre 1946 et 1961, fondé par Alberto Lleras Camargo, un homme politique colombien, ancien journaliste, qui fut deux fois président (1945-1946 et 1958-1962).

Au cours des années 1980 et 1990, Felipe López Caballero avait construit un groupe éditorial important, Publicaciones Semana. Dès ses premiers numéros, le magazine de tendance libérale dénonce avec audace, dans un contexte dangereux, le pouvoir des cartels de la drogue et de Pablo Escobar en particulier.

En 2008, Semana reçoit le prix “Rey de España” pour sa série d’articles d’investigation qui a contribué à dévoiler le scandale de la parapolitique (les liens entre des dirigeants politiques et les groupes armés illégaux d’extrême droite).

Le portail web du magazine offre un accès aux articles de l’hebdomadaire et à des articles inédits en ligne.


 

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