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Le sixième rapport du Giec appelle à l’action immédiate

 Des milliers de pages pour résumer des milliers d’articles scientifiques publiés depuis 2014 et le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). C’est cette somme qui vient d’être rendue public ce 20 mars à Interlaken en Suisse. Cette synthèse du sixième rapport constitue le plus complet des états des lieux sur le fonctionnement physique de la planète, les altérations produites par l’activité humaine et les impacts qui affectent en retour ces activités mais aussi les milieux naturels. Ces huit dernières années, les scientifiques ont délivré les rapports des trois groupes de travail sur la connaissance du climat, sur l’adaptation au changement climatique et sur l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (2022). S’y ajoutent trois dossiers sectoriels remis à la demande des 195 États signataires de la Convention internationale sur le changement climatique : les changements à craindre quand la température atteindra 1,5°C (2018), l’impact sur les terres et l’agriculture (août 2019), et le rapport spécial sur les océans et la cryosphère (septembre 2019).

Pour la communauté scientifique, il ne fait plus de doute que les effets du changement climatique sont déjà ressentis par les humains, une assertion qui n’était pas acquise en 2014. Entre 1850 et 2019, l’homme a rejeté dans l’atmosphère 2400 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) et autres gaz à effet de serre. La température mondiale a augmenté en conséquence en moyenne de 1,1°C (1,59°C sur les continents et 0,88°C dans les océans). Pour la seule année 2019, l’humanité a émis 59 milliards de tonnes de CO2. C’est 12% de plus qu’en 2010 et 54% de plus qu’en 1990. La plus grosse part provient de la combustion des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) devant les émissions de méthane (industrie, extraction minière, élevage). On a jamais émis autant de gaz à effet de serre qu’entre 2010 et 2019 et dans ce tableau ne figure qu’une seule relative bonne nouvelle. Le taux de croissance annuel lors de la dernière décennie s’établit à 1,3%. Il est plus faible qu’entre 2000 et 2009 (2,1%).

Les émissions de gaz à effet de serre doivent commencer à diminuer maintenant

C’est le premier message des scientifiques du Giec : les émissions doivent commencer à décroître fortement dès aujourd’hui pour éviter les scénarios catastrophes induits par une hausse des températures supérieures à 2°C. À la fin de la décennie, les émissions devront avoir diminué de 50% si l’on veut rester en dessous des 1,5°C, ce qui implique une sortie rapide du pétrole, du gaz et du charbon. Les impacts climatiques sont déjà ressentis par une large partie de l’humanité, une affirmation qui là aussi ne figurait pas dans le rapport de 2014. Les tempêtes plus puissantes et destructrices, les sécheresses prolongées, les fortes vagues de chaleur sont provoqués "avec un haut degré de confiance" selon le jargon du Giec par le changement climatique.

Entre 3,3 et 3,6 milliards d’humains vivent ainsi dans des situations géographiques et sociales qui les rendent fortement vulnérables aux effets climatiques. Et ce sont en général ceux qui sont les moins responsables de la situation. 35% de la population vit dans des pays où chaque personne émet plus de 9 tonnes de CO2 et 41% dans des pays où ce ratio est de moins de trois tonnes. Le changement climatique a commencé à affecter la sécurité alimentaire et la disponibilité en eau douce. Le niveau des océans monte du fait de la fonte des glaciers et calottes des Pôles, menaçant les populations vivant près des littoraux. Les objectifs du développement durable (ODD) que la communauté internationale a adoptés comme devant être remplis en 2030 sont aujourd’hui gravement compromis.

Les solutions comme le solaire commencent à être mises en œuvre

Le deuxième message du Giec, c’est que la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre est possible. Toutes les solutions techniques sont disponibles et elles peuvent être mises en œuvre pour l’ensemble de la population mondiale, les plus pauvres compris puisque les ressources financières existent. Le rapport note ainsi que des solutions comme l’énergie solaire et éolienne, l’électrification des systèmes urbains, l’efficacité énergétique, les infrastructures vertes, la réhabilitation des forêts, de zones humides, de terres agricoles commencent à se concrétiser. Ainsi, entre 2010 et 2019, les coûts du photovoltaïque ont diminué de 85%, ceux de l’éolien de 55%, les batteries lithium-ion de 85% ce qui a accéléré leur déploiement. La puissance installée en solaire a ainsi été multipliée par dix lors de la dernière décennie.

Le troisième message, c’est qu’il faut donc combler rapidement le fossé actuel entre les promesses des États d’agir pour réduire les émissions dans le cadre de l’Accord de Paris et la réalité des efforts à entreprendre. En l’état actuel des "contributions déterminées au niveau national" que les États ont remis au secrétariat de la Convention sur le climat pour décrire l’ampleur de leur action, la hausse des températures devrait être comprise entre 2,7 et 3°C à la fin du siècle, soit près du double de l’objectif de 1,5°C. En finir avec l’utilisation des énergies fossiles implique des mutations profondes de l’économie mondiale et une modification des modes de vie individuels vers plus de sobriété qui effraie la plupart des responsables politiques en activité. Les scientifiques du Giec, eux, assument ce qu’ils appellent les "changements transformateurs", seuls aptes à contrer le changement climatique et ses effets. Ces profondes mutations commencent à émerger sous la forme de vastes mouvements internationaux comme le programme "One health" qui intègre santé humaine, santé animale et environnement, ou bien encore la réforme du système alimentaire mondial.