En 2021, le plus grand fabricant de jouets présentait au monde son dernier prototype: une brique fabriquée à partir de bouteilles en plastique recyclées. Une révolution pour l'entreprise, qui utilisait jusqu'alors comme principal matériau du plastique ABS. Cette option était très polluante: chaque kilo de plastique ABS nécessite l'utilisation de 2 kilos de pétrole.
Pourtant, Niels Christiansen, le directeur général de l'entreprise familiale danoise, vient d'annoncer au Financial Times faire marche arrière: «L'utilisation du polyéthylène téréphtalate recyclé (PET) aurait entraîné des émissions de carbone plus élevées sur la durée de vie du produit.»
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«On ne peut pas passer de 0 à 100% de durabilité du jour au lendemain»
La marque avait initialement pour objectif d'éliminer de ses jouets tous les plastiques à base de pétrole d'ici à 2030. Pour l'atteindre, elle a tenté en 2018 de remplacer le plastique ABS par un autre, à base d'huile de plantes.
Mais rapidement, c'est la désillusion: «L'ABS est un plastique avec un pouvoir d'adhérence, qui rend les briques faciles à assembler et à démonter. Le PET est naturellement plus mou. Pour obtenir la même texture, cela requiert des ingrédients et des quantités d'énergie supplémentaires», explique Tim Brooks, en charge du pôle durabilité de la marque.
À la place, l'entreprise mise sur la réduction de son empreinte carbone. Elle espère rendre chaque composant de l'ABS plus durable en y incorporant progressivement des matériaux biologiques ou recyclés. «Malheureusement, on ne peut pas passer de 0 à 100% de durabilité du jour au lendemain. Mais en multipliant les petites révolutions sur le long terme, on peut passer de 30, à 50, à 70%», déclare Niels Christiansen, directeur général du groupe.
Une réduction des émissions de CO2 de 37% d'ici à 2032
Avec cette stratégie, la marque compte réduire ses émissions de CO2 de 37% d'ici à 2032. Pour y parvenir, elle prévoit de tripler ses dépenses en matière de durabilité, avec un budget dédié de 3 milliards de dollars en 2025. Un effort conséquent pour Lego, qui promet à ses consommateurs que si le coût de fabrication augmente, le prix de vente restera quant à lui inchangé.
Autre mesure à l'ordre du jour: parvenir à éliminer les sacs en plastique à usage unique utilisés pour emballer les briques d'ici à 2025. L'emballage des jouets avec des contenants en papier, déjà à l'essai dans certaines usines, devrait se généraliser.
Enfin, l'entreprise veut universaliser la réutilisation de ses briques, vendues par milliards dans le monde. Le programme Replay, qui récupère les Lego inutilisés des enfants états-uniens et canadiens, les remet en parfait état, puis en fait don à des associations caritatives, devrait arriver en France courant 2024.
Tim Brooks réfléchit aussi à racheter les anciens produits de ses clients pour les reconditionner à neuf: «Il vaut mieux réutiliser que recycler. Nous examinons un modèle commercial circulaire sur cette problématique: comment pouvons-nous générer des revenus en recyclant des briques? Cela nécessite un changement assez important dans notre manière de penser.»
