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« Les Amandiers » au risque de la confusion entre mise en scène et vraie vie

La réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi a fait jouer à son compagnon, Sofiane Bennacer, un ancien amour – mort – de la cinéaste. La frontière entre le réel et la fiction, ainsi mise en jeu, est troublante. D’autant que l’acteur, parallèlement accusé de viols et violences, est ardemment défendu par la cinéaste.

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Analyse. Le théâtre, dit-on, est l’art des fantômes. Celui de convoquer les morts, de faire passer leur souffle, leurs mots, leur âme, à travers la chair vive et l’esprit d’êtres bien vivants, présents dans l’espace et le temps partagés de la représentation. La métaphore parfaite de cet art des fantômes, c’est Hamlet, où Shakespeare fait vivre sur scène le spectre du père du héros – et sans doute celui de son propre père, mort peu de temps avant qu’il n’écrive la pièce maîtresse de tout le théâtre occidental.

Le théâtre est aussi, comme le cinéma, qui en est directement issu, un jeu de désirs, de fantasmes, de projections, qui circulent entre un metteur en scène et des acteurs. Un jeu qui, jusqu’à une période récente, a principalement eu lieu entre un metteur en scène homme et des actrices, souvent bien plus jeunes que leur pygmalion.

Tout cela, Valeria Bruni-Tedeschi ne l’ignore pas. C’est même un des sujets de son film Les Amandiers, sorti en salle le 9 novembre, et qui se trouve aujourd’hui au cœur d’une tempête médiatique, à la suite des accusations de viols et de violences dont fait l’objet l’acteur qui joue le principal rôle masculin de son film, Sofiane Bennacer. Les Amandiers est un film de fantômes, qui convoque un certain nombre de figures disparues, comme Patrice Chéreau ou Pierre Romans, qui dirigeaient l’éphémère école d’acteurs du Théâtre des Amandiers, à Nanterre.

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Sofiane Bennacer y incarne un jeune comédien, Thierry Ravel, mort d’une overdose en 1991, à 28 ans, et qui était alors l’amoureux de Valeria Bruni-Tedeschi, quand tous deux faisaient partie de cette troupe d’élèves acteurs. Jusque-là, rien d’extraordinaire : nombre d’artistes invitent dans leurs œuvres les figures de leurs morts. Valeria Bruni-Tedeschi l’avait déjà fait elle-même avec un personnage directement inspiré de son frère, dans son film Un château en Italie ; on peut penser aussi à Patrice Chéreau, évoquant son père dans Ceux qui m’aiment prendront le train.

Interrogations vertigineuses

Ce qui a troublé dans l’affaire Sofiane Bennacer, c’est l’information selon laquelle le jeune acteur – âgé de 25 ans – est le compagnon actuel de la cinéaste. Là encore, en apparence, rien d’extraordinaire : l’histoire du théâtre et du cinéma regorge d’exemples de metteurs en scène qui ont des histoires d’amour avec leurs actrices ou leurs acteurs. Valeria Bruni-Tedeschi, qui, à 58 ans, est une femme puissante et séduisante, n’aurait fait que retourner le vieux schéma patriarcal, ce qui peut d’ailleurs être vu comme une avancée.

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