France
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Les coupures de courant menacent-elles la santé de certains patients ?

« Non prioritaires » et « éventuellement délestables ». Comme 60 % de la population française, les patients à haut risque vital ne seront pas épargnés en cas de coupures de courant programmées. C’est ce qu’a affirmé Laurent Méric, porte-parole d’Enedis, lundi 5 décembre sur le plateau de BFMTV. Ces patients, maintenus à domicile, ne font « pas partie des clients prioritaires définis par les préfectures », a-t-il ajouté.

Ces propos font écho aux coupures d’électricité envisagées par le gouvernement cet hiver pour éviter tout risque de black-out généralisé. Interrogé sur le cas des patients à haut risque vital, Laurent Méric les a appelés à se signaler auprès de leur Agence régionale de santé (ARS), afin qu’ils puissent être avertis par Enedis deux jours avant toute éventuelle coupure. « On va les appeler, on va leur envoyer un SMS, un mail », a-t-il détaillé. Ils pourront alors être aidés, voire conduits « dans un endroit qui ne sera pas délesté ». S’ils ne répondent pas, un agent Enedis pourra également être dépêché sur place. Malgré ces précisions, les questions autour de la prise en charge de ces personnes malades s’accumulent. Mais les réponses restent, elles, encore floues.

► Quelles zones sont concernées ?

Matignon l’a officialisé la semaine dernière dans une circulaire adressée aux préfets : face à un niveau de production électrique nucléaire au plus bas en France, six à dix délestages pourraient intervenir sur le territoire au cours de l’hiver. Des coupures ciblées et temporaires, limitées à deux heures aux pics de la journée, entre 8 heures et 10 heures ou entre 10 heures et 12 heures le matin, et entre 18 heures et 20 heures le soir.

Tout le territoire ne sera pas affecté de la même manière par ces coupures. Elles « ne devraient pas concerner plus de quatre millions de clients simultanément », selon le gouvernement. Certains sites, dits prioritaires, ne seront pas touchés par ces délestages, ce qui permettra également aux personnes rattachées à leur ligne d’éviter toute coupure.

► Qui peut échapper aux coupures ?

Ces sites, considérés comme critiques ou sensibles par les préfectures, sont près de 14 000 en France. Parmi eux, les hôpitaux, les cliniques et les laboratoires. Un passe-droit dont ne pourront pas bénéficier les « patients à haut risque vital », comme précisé par Laurent Méric au micro de BFMTV. Derrière ce statut se cachent pourtant de graves pathologies. Il comprend en effet les malades, hospitalisés chez eux, sous respirateur artificiel au moins vingt heures par jour, et les enfants nourris par intraveineuse. Une situation qui concernait, au 15 octobre dernier, 3 900 personnes inscrites auprès des ARS métropolitaines, d’après les chiffres de la Direction générale de la santé (DGS).

► Que peuvent craindre les patients à haut risque vital ?

En cas de coupure, plane la peur d’un risque pour la santé de ces patients, en particulier ceux qui sont placés sous respirateur. « Pour eux, l’électricité est essentielle. Ils en ont besoin pour rester en vie », soutient Gérard Raymond, président de France Assos Santé, une association de défense des patients. Il rejette l’hypothèse avancée par Enedis d’une hospitalisation lors des délestages : « La seule bonne solution est de maintenir l’énergie 24 heures sur 24 chez ces personnes. »

Ces craintes ne sont pas partagées par Frédéric Le Guillou, pneumologue, qui rappelle que seulement « une minorité des patients sous oxygène le sont vingt heures par jour ». « Il faut être rassurant, appuie le président de l’association Santé respiratoire France. Tout est déjà organisé. » Les propos de Laurent Méric s’inscrivent en effet dans un dispositif d’information mis en place dès 1997, auxquels sont soumis tous les fournisseurs d’électricité. Depuis des années, « ils sont tenus par la loi d’informer les patients à haut risque vital en cas de coupure de courant, mais pas de les alimenter », confirme la DGS. Une procédure qui s’applique à toutes les coupures de courant. Qu’elles soient programmées ou non.

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L’exécutif s’agace des « propos maladroits » d’Enedis

Élisabeth Borne a critiqué mardi des « propos maladroits » d’Enedis sur les malades à domicile qui pourraient subir d’éventuelles coupures d’électricité. « Les personnes malades à domicile seront toujours prises en charge », a assuré la première ministre lors des questions au gouvernement. « Notre engagement de tous les instants c’est de mobiliser chacun pour assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité », a-t-elle ajouté. Quelques heures auparavant, le président de la République Emmanuel Macron avait critiqué « les scénarios de la peur » partagés par l’opposition, en assurant que la France allait « tenir » si chacun faisait « son travail ».