
Si les courriers adressés aux parents d’élèves ont fait l’objet d’une vive critique, certains enseignants ont également reçu des courriers au ton déplacé.
Par Jérémy Billault pour Le Point
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Au rectorat de Versailles, on a le courrier facile. À l'issue d'une rencontre avec le recteur, qui faisait suite à la révélation d'un courrier au ton menaçant, envoyé par le rectorat aux parents de Nicolas, un adolescent qui s'est par la suite suicidé à Poissy (Yvelines) après avoir été victime de harcèlement scolaire, le ministre de l'Éducation nationale a fait un bref état des lieux. Sur les 120 courriers « dits de réprobation » à des familles, 55 « semblent poser question » sur l'année scolaire 2022-2023.
Mais selon nos confrères du Parisien, la liste des destinataires de courriers menaçants ne se restreint pas aux seuls parents d'élèves. Le quotidien évoque le cas des enseignants de l'académie de Versailles devant recourir à un avocat. Une protection juridique (la prise en charge des honoraires de l'avocat) leur est parfois accordée par l'Éducation nationale à travers une lettre qui leur est adressée. Dans ce cas précis, le rectorat de Versailles « accompagne généralement » cette lettre de remarques, qui peuvent s'avérer déplacées.
Un enseignant, accusé d'attouchements par une élève de collège et qui a déposé une main courante dans les Hauts-de-Seine pour propos calomnieux et injures, a notamment pu lire, de la plume du secrétaire général adjoint de l'académie : « J'observe que deux de vos comportements sont de nature fortement inappropriée, voire fautive. […] Vous avez eu un geste inapproprié envers une élève en la touchant avec des feuilles de papier. La cheffe d'établissement vous a confirmé le caractère inadmissible de cet acte. En second lieu, les appels au boycott de l'élève dont vous avez pris l'initiative ne sont, en aucun cas, admissibles. » Dans le même courrier figure l'information de l'exclusion définitive de l'élève de son établissement pour avoir injurié l'enseignant.
« Ce n'est pas la première fois »
Selon l'avocat du professeur concerné, ces propos « n'ont pas à figurer dans la motivation d'une décision de protection fonctionnelle », décision qui a d'ailleurs accordé la protection juridique demandée. Dans une lettre au rectorat, il assure : « Ce n'est pas la première fois que je constate que les décisions accordant la protection fonctionnelle sont détournées par vos services pour adresser des reproches à des enseignants du rectorat de Versailles. » Auprès du Parisien, il explique avoir déjà eu affaire à plusieurs courriers de ce genre et considère que « l'impression donnée est qu'il ne faut pas faire de vagues, alors on dissuade les gens en leur mettant la pression ».
Le quotidien évoque également des procédures disciplinaires fréquentes contre des agents de l'académie de Versailles. Un enseignant aurait ainsi été sanctionné d'un avertissement pour avoir milité en faveur de l'intégration d'un élève handicapé. Pour justifier l'avertissement, le rectorat cite une récente phrase du ministre de l'Éducation nationale de l'époque, Pap N'Diaye : « L'école inclusive, c'est une démarche extrêmement positive dont nous devons être fiers […] mais, dans le même temps, il faut aussi reconnaître que tous les enfants ne peuvent pas être en milieu ordinaire. »