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Les Français ne veulent pas payer plus de 50.000 euros une voiture électrique, selon Deloitte

Motivations d'achats, rapport à la marque, prix souhaité... Chaque année, le cabinet Deloitte propose une étude sur les principales préoccupations des usagers concernant le secteur de l'automobile. Cette année, l'accent était bien évidemment mis sur les voitures électriques, nouvelle force de frappe des constructeurs. Plus de 26.000 personnes ont été interrogées dans le monde, dont 1.000 en France. Bilan du sondage : le passage à l'électrique va s'avérer « fragile », estime le cabinet. Seuls 8% des Français pensent acheter une voiture électrique comme prochain véhicule, et ce pour plusieurs raisons.

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Le prix, toujours le prix

Si le nombre de ventes de voitures électriques accélère une nouvelle fois cette année, elle pourrait bien se heurter à la demande dans les années à venir. Parmi les nombreux freins au passage à l'électrique, le coût des véhicules. Plus de la moitié des Français estiment qu'il s'agit du principal obstacle à l'achat de ce type de voiture. Dans l'étude, près de 90% des consommateurs français ne paiera pas un véhicule neuf plus de 50.000 euros et ils sont un tiers à souhaiter des voitures en dessous de 15.000 euros. Une réalité qui ne colle pas avec l'offre des constructeurs sur les nouveaux véhicules électriques, plutôt dans la fourchette supérieure à 50.000 euros (hors subventions).

Le prix est, paradoxalement, le premier critère de choix pour une voiture électrique. Ou plutôt la réduction des coûts liés à d'utilisation. En effet, les économies sur le carburant sont en tête du choix de l'électrique, avant les subventions de l'Etat ou encore la réduction des coûts de maintenance.

« Ces deux premiers critères sont par ailleurs très conjoncturels, ce qui démontre une fragilité du modèle de l'électrique et une nécessité de la persistance des mesures d'aides à la conversion », explique Guillaume Crunelle, associé responsable de l'industrie automobile au cabinet de conseil Deloitte.

Le climat, arrivé deuxième des raisons de choix d'une voiture électrique l'année dernière, tombe à la quatrième place cette année.

Plus de patience mais autant d'autonomie

Autre frein au passage à la voiture électrique : le temps de charge. Si seulement 8% des Français ne souhaitent pas attendre plus de 10 minutes pour une recharge, près de la moitié des sondés sont prêts à patienter entre 10 minutes et 40 minutes pour charger la batterie de 0 à 80%. « La majeure partie de la population a intégré le fait qu'un plein d'énergie serait plus important en électrique qu'en thermique », a souligné Guillaume Crunelle. Patienter oui, mais pas trop non plus ! Pour rappel, une recharge en moins de 30 minutes correspond actuellement aux superchargeurs proposés par Tesla avec seulement quelques dizaines d'unités réparties sur le territoire national. Aujourd'hui, le temps de charge moyen d'un véhicule électrique se situe plutôt entre 1 et 5 heures pour les bornes publiques situées dans les centres commerciaux ou les parkings.

Par ailleurs, le point le plus compliqué à dépasser pour les constructeurs reste la limitation de l'autonomie de la voiture électrique. Près de 80% des sondés souhaite un véhicule avec plus de 400 km d'autonomie, bien au-dessus des ordres de grandeurs affichés actuellement, autour de 250 km. Un résultat qui montre que si les usagers sont d'accord pour lâcher du lest sur le temps de charge, ce n'est pas le cas sur l'autonomie du véhicule, qui devra être semblable à celle affichée par les voitures thermiques actuelles.

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« Une poche à creuser », du côté des assurances

Par ailleurs, le fléchissement vers un modèle électrique pourrait venir non pas de la technologie comme attendue par les constructeurs mais par l'offre de service complémentaire proposée, comme les assurances. En effet, près d'un tiers des Français envisagent de prendre leur assurance auto en complément de la voiture chez leur concessionnaire si on leur propose.

« Si les constructeurs travaillent sur des prix compétitifs, il y a une poche à creuser pour eux sur ce service proposé », a identifié Guillaume Crunelle. Pour la majorité des usagers, la prise d'une assurance au moment de l'achat d'un véhicule neuf constitue un avantage pratique important.

Autant de leviers à actionner pour les groupes automobiles s'ils veulent orienter la demande en faveur de l'offre et amorcer dans les faits le virage vers l'électrique. Pour rappel, le Parlement européen a voté en faveur de l'interdiction de vente des véhicules thermiques neufs à partir de 2035. Guillaume Crunelle envisage, de son côté, « un modèle de durabilité plutôt qu'une baisse des coûts de production pour l'avenir ». L'acceptabilité du prix viendra donc peut-être si les véhicules électriques proposés durent 10 à 15 ans de plus que les véhicules thermiques.

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