France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Les médecins veulent plus de moyens : une grève très suivie en Charente les 1er et 2 décembre

Les médecins veulent plus de moyens : une grève très suivie en Charente les 1er et 2 décembre
Le Dr Raymond, président du syndicat MG 16, sera en grève comme les cinq autres médecins du cabinet, à L’Isle-d’Espagnac.

Archives Julie Desbois

Par Lénaëlle SIMON - l.simon@charentelibre.fr, publié le 29 novembre 2022 à 20h42.

Beaucoup de cabinets seront fermés en Charente jeudi et vendredi. Un mouvement national très suivi pour alerter sur le manque de moyens et demander une revalorisation de leurs actes.

Ce sera compliqué de trouver un médecin jeudi et vendredi en Charente. Le mouvement de grève national des généralistes s’annonce très suivi. C’est la première fois depuis 2015 et la loi Touraine que tous les syndicats de médecins libéraux appellent à la grève, alors que les négociations de la nouvelle convention médicale avec la Sécurité sociale sont entamées. Ruelle, Roumazières, Angoulême, Châteauneuf, Dignac, les centres de santé...

Ce sera compliqué de trouver un médecin jeudi et vendredi en Charente. Le mouvement de grève national des généralistes s’annonce très suivi. C’est la première fois depuis 2015 et la loi Touraine que tous les syndicats de médecins libéraux appellent à la grève, alors que les négociations de la nouvelle convention médicale avec la Sécurité sociale sont entamées. Ruelle, Roumazières, Angoulême, Châteauneuf, Dignac, les centres de santé du Département de Sigogne et Terres-de-Haute-Charente, un peu partout, des cabinets seront fermés. « Le dernier mouvement de cette ampleur date de 2002 », estime le Dr De Jongh, à Ruelle, où les six médecins seront en grève. Seules les urgences seront assurées vendredi. « La grogne est globale, plus encore chez les jeunes, inquiets pour l’avenir de leur profession. » Le médecin prédit même une aggravation du mouvement si les négociations ne progressent pas.

C’est dire comme la colère est grande. Un mouvement pour « alerter sur l’évolution dramatique de l’offre et de l’accès aux soins » et sur la « nécessité du déploiement urgent de moyens », insiste le Dr Camille Cario, à Châteauneuf, gréviste comme ses trois collègues. Lundi, elle a vu 47 patients dans sa journée. « On est complètement débordés. Lors de nos gardes, on reçoit des patients dans un état sanitaire déplorable. Il faut revaloriser la médecine générale. On gère des situations de plus en plus complexes en raison du manque de spécialistes et des difficultés de l’hôpital public. »

Ce qu’on vit n’est pas une crise. C’est un délitement progressif.

Parmi les attentes, les médecins souhaiteraient voir le tarif de leurs consultations augmenter sans toutefois bondir de 25 à 50€, comme le propose le syndicat « Jeunes médecins ». Une hausse jugée délirante. « Qu’on soit revalorisés à la hauteur de l’inflation, ce serait déjà pas mal, espère le Dr Cario. Mais il faudrait surtout revoir les forfaits. Par exemple, on facture les visites longues 70€ mais elles concernent uniquement les patients de plus de 80 ans et en affection longue durée. Ça ne reflète pas la réalité de notre métier. On a des patients de moins de 80 ans avec des problématiques sociales et médicales complexes. »

Incivilités et agressivité

À L’Isle-d’Espagnac, le Dr Gilles Raymond, président du syndicat MG 16, confirme. « On suit des diabétiques, des cardiaques, des hypertendus, des polypathologies. On s’investit de plus en plus dans le maintien à domicile des personnes âgées. Ça prend beaucoup de temps pendant la consultation et en dehors. » Il raconte la pression de plus en plus grande subie par les secrétaires médicales, les incivilités et l’agressivité. Lui plaide pour deux tarifications, pour les consultations de base et pour les consultations complexes. « Nos charges augmentent, on augmente nos personnels et on voudrait pouvoir employer plus pour se concentrer sur nos soins. »

À Roumazières-Loubert, le Dr Damien Lailler fera grève pour la première fois, comme ses trois confrères. « Ce qu’on vit n’est pas une crise. Une crise c’est brutal et passager. C’est un délitement progressif qui pointait déjà quand j’étais interne il y a une quinzaine d’années. Sur les dix prochaines années, ça va encore se dégrader. » Lui aussi « manque de temps médical ». Lui aussi avale un sandwich le midi entre deux visites. Lui aussi reçoit des patients « qui seraient mieux à l’hôpital ». Lui aussi regrette de voir son temps de soin paralysé par des certificats médicaux pour une cantine d’école ou un arrêt de travail dont un salarié frappé d’une gastro a besoin. Au-delà d’une revalorisation financière, il aimerait que l’embauche d’assistants médicaux soit facilitée (l’aide financière est aujourd’hui conditionnée à plusieurs critères, dont une patientèle minimum).

Enfin, les médecins grévistes craignent que leur rôle dans le parcours de soins ne soit remis en cause par le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Autrement dit que les patients puissent aller voir un spécialiste ou un professionnel du paramédical sans passer par leur médecin traitant. « C’est une illusion de penser qu’ils auront un rendez-vous plus rapidement. Nous-mêmes, quand on appelle pour un patient, on éprouve les plus grandes difficultés. Et puis, si vous avez des maux de tête, comment savez-vous qui aller voir ? Un neurologue ? Un endocrinologue ? Un ophtalmo. Ça peut être beaucoup de choses. »