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Leticia Bufoni : « Partir aux États-Unis m'a fait grandir »

« Lors de vos débuts, votre père était opposé à la pratique du skate. Aujourd'hui, c'est votre métier. Comment qualifieriez-vous votre mentalité au début de votre carrière ?
J'ai toujours voulu faire de ma passion un métier. Ça me brisait le coeur de voir que mon père ne me soutenait pas. J'ai tellement d'amour pour ce sport (plusieurs sacres aux X Games) que j'ai dû transgresser les règles, à commencer par partir de chez moi discrètement, pour pouvoir aller skater. Avec l'âge, j'ai pris du recul. Mais, à l'époque, j'étais une enfant de 9 ans qui faisait ce qui semblait être le mieux à ses yeux pour pratiquer son sport.

Quel rôle à jouer votre déménagement aux États-Unis (en 2007) dans votre carrière, alors que vous n'aviez que 14 ans ?
Ma vie a totalement changé. Je roulais dans les skateparks au Brésil. Aux États-Unis, j'allais en faire dans la rue. L'apprentissage a été long mais ça m'a fait grandir plus vite en tant que skateuse. Je ne sais pas si je skaterai encore si je n'étais pas parti aux États-Unis. Au Brésil, une carrière n'était pas envisageable. Je travaillerai sûrement dans un bureau au moment où je vous parle. (rires)

« Quand j'ai commencé, il n'y avait pas beaucoup de filles, du moins dans mon quartier. Mes voisins disaient que j'étais un "garçon manqué" »

En tant que femme, comment a évolué votre position dans le milieu du skate ?
Quand j'ai commencé, il n'y avait pas beaucoup de filles, du moins dans mon quartier. Mes voisins disaient que j'étais un "garçon manqué" ou alors lesbienne parce que je pratiquais du skate. Aujourd'hui, les gens réagissent différemment, ils trouvent ça cool. La direction que prend le skate féminin est incroyable. Je suis reconnaissante d'être sur le circuit pour vivre ces moments-là.

Vous avez gagné aux X Games et à la Street League. Laquelle de vos victoires provoque la plus grande satisfaction ? Celle qui vous a le plus touchée ?
Ma préférée, c'est ma première Street League Super Crown en 2015, à Chicago (États-Unis). Elle m'a touchée car je faisais des parutions dans des magazines et les gens me critiquaient beaucoup sur les réseaux sociaux. Je voulais leur prouver qu'ils avaient tort et que cela n'impactait pas mon niveau sur le board. C'est quand même difficile pour moi de choisir parce que chaque succès est différent.

Vous avez inspiré des jeunes filles comme Rayssa Leal à se lancer dans le skate. Aujourd'hui vous êtes en compétition. Quel est votre premier souvenir qui vous vient à l'esprit ?
Avec Rayssa (Leal), c'est une histoire folle. Je l'ai rencontrée quand elle avait six ans. Je me souviens que la première fois qu'elle m'a vu dans une émission, elle s'est mise à pleurer. Maintenant, c'est moi qui pleure quand je revois les images (rires). Sur le circuit, nous sommes proches et amies. J'adore être avec elle, je suis son mentor. Savoir que je l'ai aidé à arriver au plus haut niveau, c'est incroyable.

« Je veux continuer à vivre de ma passion et continuer à inspirer la jeune génération qui arrive déjà sur le circuit mondial »

Vous avez été sponsorisée par les plus grosses marques en lien avec votre sport, représentée le Brésil aux Jeux Olympiques et lancée votre marque de skate. Quel aspect de votre carrière vous rend la plus fière ?
Être devenue ce que je suis aujourd'hui en ayant quitté mon pays à 14 ans, c'est irréel. Les choses auraient pu se passer différemment. À 29 ans, avoir sa propre marque de skate, c'est une chose donc je suis très fière. Je veux continuer à vivre de ma passion et continuer à inspirer la jeune génération qui arrive déjà sur le circuit mondial.

Quel est votre prochain objectif ?
Je suis une rêveuse, je pense toujours à ce que je pourrais faire plus tard. Quelque chose arrive en novembre, ça devrait faire plaisir à beaucoup de monde. Je ne peux rien partager pour l'instant mais j'y travaille dessus depuis cinq ans. J'espère que ça va plaire. Plusieurs projets fusent dans ma tête. Je voudrais avoir ma propre organisation pour les jeunes athlètes féminines dans le skate. Le milieu automobile m'intéresse aussi. Je me consacrerai à ça après ma carrière qui est loin d'être terminée. »

publié le 29 septembre 2022 à 09h10