France
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Lettre ouverte à l'État: bâtissons notre souveraineté industrielle et notre indépendance énergétique grâce au solaire !

Partout sur la planète, les énergies renouvelables s'imposent comme une évidence. « Si nous voulons éviter la catastrophe climatique, les énergies renouvelables sont la seule voie crédible », a rappelé tout récemment le secrétaire général de l'Onu. Parmi elles, le solaire conquiert en particulier le monde, comme le disait déjà le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) en 2020 qui parlait alors du solaire comme du « nouveau roi des marchés de l'énergie ». Rien qu'en 2022, ce sont 268 Giga-Watts (GW) de nouvelles capacités qui ont été déployées - soit l'équivalent de 33 EPR en termes de production annuelle d'électricité - dont 41 GW dans l'Union européenne à 27. En France, pourtant épicentre historique du solaire, nous nous réjouissons de dépasser péniblement 2GW pour la deuxième année consécutive...

Faisons pour une fois acte de bon sens : le soleil fournit une énergie propre, abondante, bien distribuée géographiquement, rapide à mettre en œuvre et qui participe massivement à la décarbonation de nos activités humaines tout en permettant une production d'électricité décentralisée, résiliente et à un prix ultra-compétitif. Le solaire a en outre l'avantage de s'adapter à une multiplicité d'usages (de l'autoconsommation résidentielle à la grande centrale au sol pour une major de l'énergie) grâce à tout un panel de déclinaisons techniques : toiture, ombrière, garde-corps, sol, agrivoltaïsme, flottant, intégré au bâti ou aux véhicules... Pour toutes ces raisons, il doit prendre une place majeure dans la future programmation quinquennale sur l'énergie et le climat 2024-2028.

Une ambition industrielle pour la France

Au-delà de l'enjeu de production énergétique, le solaire est aussi un défi industriel que nous devons collectivement relever. Les besoins en composants photovoltaïques sont énormes. L'Europe - qui est le second marché solaire dans le monde - doit se doter d'industriels d'envergure internationale. Aujourd'hui, la Chine truste le top 10, alors qu'elle est partie de zéro il y a 15 ans. L'Inde (avec son PLI) et les États-Unis (avec son IRA) viennent de se réveiller. Plus proche de nous, la Turquie s'annonce elle aussi comme une puissance solaire.

Dans ce contexte, il faut saluer la résilience de plusieurs industriels français du solaire, qui ont tenu bon sans grand support. Il faut à présent que notre industrie photovoltaïque nationale change d'échelle et retrouve la maîtrise de l'ensemble de la chaîne de valeur grâce à des champions industriels français ! Notre marché domestique doit atteindre 5 GW/an en 2026 (puis 10 GW/an dans les années suivantes) pour remplir les carnets de commande et nous donner la dimension nécessaire afin d'être compétitifs à l'export. Nous sortirons ainsi de la dépendance à des importations sans traçabilité ni sécurité d'approvisionnement. L'émergence d'une telle production manufacturière est par ailleurs synonyme de création de dizaines de milliers d'emplois directs et indirects ! Plusieurs projets de développement ou de création d'industriels photovoltaïques ont récemment émergé.  Soutenus par toute la filière solaire et attendus par le marché français et européen, ils offrent des perspectives particulièrement stimulantes dont il faut prendre la mesure.

Un colbertisme vert pour le XXIe siècle

Pour donner du crédit à nos ambitions solaires dans la future PPE, pour qu'elles soient à la hauteur des annonces présidentielles lors du discours de Belfort, nous devons bâtir cette puissante filière industrielle du solaire. Nous sommes prêts. Nous avons à présent besoin d'un soutien rapide, plein et entier de la puissance publique, qui doit assumer la planification pour développer notre marché domestique, réguler les distorsions de concurrence et accompagner le passage à l'échelle et la montée en puissance de nos industries du solaire. L'Union européenne semble entrer en action, tant sur le volet des financements que sur celui des barrières à l'entrée permettant d'assurer des conditions de marché équitable.

En France, la loi d'accélération des énergies renouvelables ne traite qu'à la marge la question de l'amont et de l'industrie. Sans tomber dans un mercantilisme daté, il nous semble pourtant impératif que l'État renoue avec une forme de colbertisme du XXIe siècle, en assumant un soutien fort au développement des capacités manufacturières, et à l'émergence d'innovations industrielles et technologiques qui peuvent à nouveau faire de la France un pays incontournable de l'industrie solaire ! À ce titre, nous saluons l'annonce d'un projet de loi pour les industries vertes. Nous nous mobiliserons pour qu'il soit à la hauteur des enjeux.

Nous lançons aujourd'hui un appel solennel à l'État pour que la France se donne les moyens de consolider et développer toute la chaîne de valeur des énergies renouvelables. Optons en particulier massivement et rapidement pour le solaire, énergie vertueuse, et saisissons cette opportunité pour être à l'avant-garde de la décarbonation, de la réindustrialisation et de la création d'emplois. Bref, retrouvons une part de notre souveraineté industrielle et de notre indépendance énergétique grâce au photovoltaïque !

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(*) Signataires

-  Jules NYSSEN - Président du Syndicat des Énergies Renouvelables (SER)

-  Daniel BOUR - Président d'ENERPLAN, PDG de Générale du Solaire

-  Pierre-Emmanuel MARTIN - Vice-Président « Industrialisation » d'ENERPLAN, Président de CARBON

-  Lucas WEISS - Président de la commission « Industrie » du SER, DG de VOLTEC SOLAR

-  Xavier DAVAL - Président de la commission solaire PV et vice-président du SER, PDG de KILOWATTSOL

-  Paul TOULOUSE - Directeur général de SYSTOVI

-  Hubert DE BOISREDON - PDG d'ARMOR GROUP, maison-mère d'ASCA