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[Libre-échange] L’Allemagne favorable à l’accord avec le Mercosur

"Notre objectif est d'arriver enfin à une conclusion rapide" de l'accord de libre-échange avec le Mercosur (1) qui a "une importance spéciale", a déclaré Olaf Scholz, le chancelier allemand ce 29 janvier 2023. Le président argentin Alberto Fernandez a lui aussi souligné qu'à l'image du président brésilien Lula, avec lequel il s'est entretenu, Brasília et Buenos Aires souhaitent "finaliser une fois pour toutes" cet accord.

Un accord jamais ratifié

Signé en 2019, l'accord de libre-échange n'a jamais été ratifié en raison notamment d'inquiétudes sur la politique environnementale de Jair Bolsonaro au Brésil. Emmanuel Macron avait affirmé l'opposition de la France à cet accord avant de prendre la présidence tournante de l'Union européenne. Le retour de Lula rebat visiblement les cartes du point de vue allemand. Après un passage au Chili dimanche, Olaf Scholz sera au Brésil de lundi à mercredi, avec une douzaine de chefs d’entreprises allemandes. Il sera le premier dirigeant occidental à le rencontrer depuis sa réélection comme président.

"Avec l'arrivée de Lula, nous sommes dans de meilleures conditions" pour conclure l'accord, a assuré Alberto Fernandez, lors d'une conférence de presse commune des deux dirigeants. Il a dit avoir évoqué avec Olaf Scholz les "difficultés (..) très ponctuelles" de l'accord en l'état, "certaines qui ont à voir avec l'Argentine, certains avec des politiques européennes", citant notamment des "mécanismes de protectionnisme qui rendent difficile l'accès de notre agriculture" au marché européen.

L'Allemagne, premier partenaire commercial de l'Argentine au sein de l'Union européenne, entend devenir son "partenaire stratégique". Elle souhaite "profiter de ses gisements de matières premières" d'une façon "bénéfique pour les deux pays", a déclaré le chancelier Scholz, citant notamment le potentiel argentin en gaz et en lithium.

Berlin veut renforcer sa "coopération avec ses partenaires d'Amérique latine"

"En ce qui concerne les énergies renouvelables, l'hydrogène vert et le commerce responsable des matières premières, nous voulons concrètement renforcer notre coopération avec nos partenaires d'Amérique latine et des Caraïbes", avait souligné Olaf Scholz dans un entretien au collectif de journaux Grupo de Diarios América (GDA) diffusé samedi.

Sa tournée sud-américaine intervient au moment où les entreprises allemandes cherchent de nouveaux débouchés à l'étranger, après le choc économique provoqué par l'invasion russe de l'Ukraine. Les inquiétudes se multiplient aussi sur la forte dépendance commerciale allemande à la Chine. Berlin, comme les autres capitales européennes espèrent aussi tourner la page des tumultueuses années du président Bolsonaro, avec le retour au pouvoir de Lula.

Figure également à l'agenda de Scholz, la question environnementale. Après la victoire électorale de Lula en octobre, l'Allemagne, deuxième bailleur du fonds pour la protection de la forêt amazonienne après la Norvège, s'était dit prête à reprendre son aide financière massive, suspendue en 2019. Berlin a annoncé en début d'année le versement immédiat de 35 millions d'euros au Fonds pour l'Amazonie, a rappelé Olaf Scholz dans son interview au GDA.

L'Allemagne compte aussi s'assurer le soutien des trois pays visités face à la Russie. Il est "très important" d'expliquer notre position et de "démonter la propagande russe", affirme-t-on à Berlin. L'Argentine, le Chili et le Brésil ont tous trois condamné l'invasion russe de l'Ukraine à l'ONU, mais aucun n'a adopté de sanctions économiques contre Moscou.

Lula s'était même attiré les critiques en déclarant en décembre que le président ukrainien Volodymyr Zelensky était "autant responsable" du conflit que Vladimir Poutine. Le président argentin a dit espérer la "fin le plus vite possible des hostilités" consécutives à "l'invasion de la Russie sur le territoire ukrainien". "La Russie doit comprendre les dommages qu'elle cause dans l'hémisphère sud", a-t-il ajouté, évoquant les répercussions de la guerre sur "le prix des aliments et la faim".

Pour autant, le président argentin n'a pas souhaité commenter la décision récente de l'Allemagne de fournir des chars à l'Ukraine. Mais il a souligné que "l'Argentine et l'Amérique latine n'envisagent pas d'envoyer des armes à l'Ukraine ou à un autre lieu de conflit".

(1)  Union douanière entre le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, et le Paraguay