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Lutter contre le réchauffement «sans ralentir» l’économie : le nouvel «effet Gorafi» du président émirati de la COP 28

Rire ou pleurer ? Si la crise climatique n’était pas si effroyable, la dernière sortie du déjà tristement fameux président de la COP28 serait hilarante, bien qu’attendue. «Nous devons limiter la hausse mondiale des températures à 1,5 degré sans ralentir la croissance économique», a affirmé ce lundi Sultan al-Jaber, le ministre émirati de l’Industrie et patron du géant pétrolier national, qui présidera la prochaine conférence climat de l’ONU fin novembre à… Dubaï. Soit un double «effet Gorafi» pour cette «drôle» de COP à venir, sise dans le temple mondial de l’ultra-consommation obscène et climaticide et présidée, donc, par un magnat des énergies fossiles, lesquelles sont responsables de l’écrasante majorité des émissions de gaz à effet de serre. Mi-janvier, quelques jours après sa désignation, Sultan al-Jaber avait déjà appelé à «se focaliser» sur la réduction des émissions de CO2 sans s’en prendre au «progrès». C’est-à-dire notamment à la production d’or noir, qu’il serait possible de «décarboner».

Sa ligne a au moins le mérite d’être constante, limpide. Pourtant, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le martèle : «Il n’y a aucun moyen d’éviter une catastrophe climatique sans mettre fin» à la dépendance aux combustibles fossiles. D’où les appels à la démission d’Al-Jaber, de plus en plus pressants. Et justifiés. «Un champion des énergies fossiles chargé des plus importantes négociations climatiques au monde, ce serait comme le PDG d’un conglomérat de cigarettiers chargé de la lutte antitabac», écrivent 27 sénateurs et membres du Congrès américain dans une lettre adressée jeudi à l’envoyé des Etats-Unis pour le climat, John Kerry. Pire, cette nomination scandaleuse, grotesque, ne serait que la face émergée d’un iceberg. Elle révèle au grand jour «un problème plus profond : les intérêts liés aux énergies fossiles s’emparent de l’ONU-Climat et menacent sa crédibilité», ont aussi dénoncé jeudi des centaines d’ONG, en pointant le nombre croissant de lobbyistes liés à ce secteur qui participent aux COP chaque année. Dangereux et inquiétant.