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Lynda Lemay à Cognac: « La vie est merveilleuse »

La chanson, c’est un peu thérapeutique, non ? Je transforme la laideur en musique, en quelque chose de léger.

Quatorze ans après son dernier passage en Charente, à Carat en 2008, la star québécoise de la chanson française (4 millions d’albums vendus en France) revient avec sa guitare et de nouvelles chansons. Du haut de ses 30 ans de carrière, cette fabuleuse « raconteuse d’histoires » s’est lancée dans un projet ambitieux, « complètement fou », dit-elle : celui de sortir 11 albums de 11 chansons en 1111 jours, abordant 11 thématiques principales de la famille à la vieillesse en passant par l’amour et la souffrance. De quoi réjouir ses fans.

Quand on est une raconteuse, on veut emmener les gens sur de nouveaux chemins, les surprendre.
La chanteuse québécoise présentera ses nouvelles chansons, issues de son projet au long cours « Il était onze fois ».
La chanteuse québécoise présentera ses nouvelles chansons, issues de son projet au long cours « Il était onze fois ».

Photo Sébastien Saint-Jean

On est assez surpris de vous voir venir à Cognac dans une « petite » salle de 600 places. On est loin de l’Olympia (2.000 places) où vous avez vos habitudes, avec 62 concerts, un record.

Lynda Lemay. Je suis toujours très ouverte à découvrir tous les endroits. Le spectacle est conçu aussi bien pour les grandes que les plus petites salles. Même face à 25 personnes, c’est toujours impressionnant d’être sur scène. C’est même un défi supplémentaire.

Vous vous êtes lancée dans un projet hors du commun avec « Il était onze fois ». Comment est-il né et pourquoi ce chiffre 11 ? C’est un porte-bonheur ?

Le projet est né à une période durant laquelle j’avais ressenti le besoin de m’éloigner de la scène, ce qui ne m’était jamais arrivé, pour faire le ménage dans ma tête et dans mon travail. Et ça a été le plus beau cadeau que je puisse me faire car cela a été super bénéfique. Comme j’étais reposée, les idées me sont venues par vagues, même si le déclic s’est passé un peu par hasard, comme un flash. J’étais dans un café à Boucherville [au Canada, NDLR] à côté de l’école de ma fille. Tout à coup, l’alarme de mon téléphone a sonné. Il était 11h11 et le message « Make a wish » (Fais un vœu) s’est affiché. J’y ai vu un signe. Je me suis dit que c’était le bon chiffre et j’ai alors imaginé un album de onze chansons sur onze thématiques. En une journée, j’avais décrit le projet.

Le décès de votre père, Alphonse, en 2017, a, semble-t-il, été aussi le point de départ de ce nouveau projet ?

Ça a beaucoup contribué, oui. D’ailleurs, les premières chansons, je les ai écrites accompagnée par mon papa sur les derniers jours de sa vie. Quand je me suis retrouvée avec lui, mon réflexe d’auteur-compositeur-interprète a été de me réfugier dans la création et de l’emmener avec moi. C’était si beau, si poétique. Et il était si fier. Il a gardé des étoiles dans ses yeux jusqu’au dernier regard. Un regard d’une bonté infinie. Ce sont ces chansons-là qui m’ont guidée vers un projet plus vaste.

Après la fin de vie et le deuil, les thèmes que vous abordez dans « Il était onze fois » sont souvent durs : l’inceste, le viol, les peines d’amour, la cruauté, l’injustice… Pour quelle raison ?

J’avais très envie d’aborder tous ces thèmes que j’appelle « les cercles anxieux ». Je voulais décortiquer cette part sombre de l’être humain, pour mieux la comprendre et la soigner. La chanson, c’est un peu thérapeutique, non ? Je transforme la laideur en musique, en quelque chose de léger. Je suis très lucide dans mon écriture. Dans la vie, on a parfois du mal à exprimer ce qu’on ressent. Moi, je le fais dans l’écriture. Mes opinions, mes réflexions, ce sont mes chansons. C’est ma manière de briser les silences. Et cela, dans un but d’espoir.

Vous abordez aussi des thématiques plus positives, comme la famille et la maternité (dans « Haute mère »). Quels seront les thèmes de vos prochains albums ?

Le sixième album [Il n’y a qu’un pas, NDLR], qui sortira le 13 janvier, va encore beaucoup parler de la violence, mais le septième [Entre la flamme et la suie », sortie prévue le 10 février] comprendra uniquement des chansons d’amour. Quand je sors deux albums en même temps, je visite plusieurs émotions. Dans les suivants, je reprendrai des chansons de mon passé, écrites il y a 25 ans, mais qui ne sont jamais sorties en album. On a décidé de s’amuser et de partager ça avec mon public fidèle.

Votre chanson « Des milliers de plumes » est un hommage aux personnes qui sont mortes seules durant la crise du covid. À quel point la pandémie vous a affectée ?

Un peu comme tout le monde, mais comme je suis de nature positive, je me suis concentrée sur ce que ça m’a apporté de beau. C’est tragique de voir ses proches mourir complètement seuls, sans pouvoir être avec eux. Aussi, j’ai voulu adoucir ce sentiment-là, amer et douloureux, en disant que c’est un passage à un autre état qui peut être doux. Si on se concentre sur la beauté dans ces moments-là, je pense que cela peut être rassurant.

Le nom de votre tournée, « La vie est un conte de fous », c’est un peu l’histoire de votre vie finalement ?

C’est vrai, c’est exactement ça ! Cette folie-là, je la cultive, je l’aime. Quand on est fou, on est libre. Mes filles me l’ont tellement entendu dire ! Cette belle folie, j’y crois car elle est capable de soulever des montagnes. C’est un miracle. Des drames, il y en a toujours sur notre chemin, certains semblent parfois insurmontables, mais il faut avoir confiance en la vie car elle est plus forte que la mort. La maladie, par exemple, arrive pour nous dire à quel point la vie est merveilleuse et c’est pour cela qu’il faut la vivre passionnément.

Qu’allez-vous chanter mardi prochain ?

Nous serons deux sur scène, avec Claude Pineault [pianiste et guitariste, NDLR] et ça nous laisse toute la liberté pour surprendre les gens et nous-mêmes. On commencera par Le monde, puis on se promènera avec les nouveautés. Quand on est une raconteuse, on veut emmener les gens sur de nouveaux chemins, les surprendre. J’ai toujours eu un public très curieux d’entendre des nouveautés, ça tombe bien. Je laisse aussi Claude jouer l’une de ses chansons. C’est un musicien extraordinaire, un homme d’émotion et de talent.

Il paraît que vous offrez des chansons à vos fans durant le concert ?

Tout à fait. Plein de chansons me sont demandées sur ma page Facebook. L’après-midi du concert, je regarde toutes ces demandes, et pourquoi ils les réclament, et je construis le spectacle, je me lance des défis. J’en prends entre cinq et dix à chaque fois. Il n’y a pas un show qui ressemble à un autre.

Ce mardi 13 décembre, à 20h au Castel, à Châteaubernard. 54 €. Infos sur ville-chateaubernard.fr/le-castel