France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Malgré une baisse en mai, la BCE juge l'inflation encore trop élevée

Bonne nouvelle pour les ménages européens : l'inflation a baissé en mai, passant à +6,1% sur un an dans la zone euro, d'après les premières estimations publiées ce jeudi 1er juin par Eurostat, l'institut européen de la statistique. Pour rappel, elle était repartie légèrement à la hausse en avril (à +7%), interrompant une série de cinq baisses mensuelles consécutives.

La hausse générale des prix à la consommation a ralenti un peu plus fortement que prévu en mai dans les 20 pays partageant la monnaie européenne, puisque les économistes interrogés par Reuters attendaient un recul à +6,3%. L'inflation reste cependant très au-delà de l'objectif de 2% que se fixe la Banque centrale européenne (BCE).

La France en milieu de tableau

Les 20 pays partageant la monnaie unique ne subissent pas la même hausse des prix. Parmi ceux ayant connu les taux d'inflation les plus faibles, on trouve le Luxembourg (2%), la Belgique (2,7%) et l'Espagne (2,9%), selon les estimations d'Eurostat. Les taux les plus élevés ont encore été enregistrés dans les pays baltes : Estonie (11,2%), Lituanie (10,7%) et Lettonie (12,3%).

La France se situe en milieu de tableau, avec une inflation qui a reculé de 0,9 point pour s'établir à 6% sur un an. L'Hexagone fait mieux que l'Allemagne (6,3%, après 7,6% en avril) et l'Italie (8,1%, après 8,7% en avril).

Grâce à la baisse des prix de l'énergie, l'inflation diminue à 5,1% en mai en France

Le recul des tarifs de l'énergie calme l'inflation...

L'indice des prix à la consommation a pu se replier en mai grâce au recul marqué de -1,7% sur un an des tarifs de l'énergie (carburants, électricité, gaz...). Ces derniers ont repris leur décrue après une augmentation de 2,4% en avril. La principale contribution à l'inflation vient toujours des prix de l'alimentation (y compris alcool et tabac), qui ont encore flambé en mai de 12,5% sur un an dans la zone euro. On constate toutefois un nouveau ralentissement par rapport à avril (+13,5%).

De même, les prix des biens industriels (hors énergie) restent toujours en très forte hausse (+5,8%). Ils marquent eux aussi un ralentissement sensible par rapport à avril (+6,2%). Le renchérissement des prix des services se poursuit également mais se modère en mai à 5% (contre 5,2% en avril).

... mais la hausse des salaires la maintient

« Les perspectives d'inflation en Europe sont fortement influencées par deux facteurs opposés », indique Carsten Brzeski chez ING. D'une part, « la baisse des prix de l'énergie plus importante que prévu après un hiver doux est susceptible de faire baisser l'inflation globale plus rapidement que ne le suggèrent les prévisions récentes ». Mais « d'un autre côté, les récents accords salariaux et la pression toujours présente dans les services devraient maintenir l'inflation de base à un niveau élevé ».

Difficultés de recrutement : les entreprises tirent les salaires à la hausse pour attirer les cadres

La croissance des salaires oscille entre 5% et 6%, soit deux fois le taux qui serait compatible avec l'objectif d'inflation de la BCE de 2%. Le marché du travail dans l'Union européenne est exceptionnellement tendu et les entreprises, en particulier des services, font état de pénuries croissantes de main-d'œuvre, ce qui constitue une menace pour l'économie européenne.

Pour ou contre : faut-il une hausse générale des salaires face à l'inflation ? (Jonathan Marie face à Sylvain Bersinger)

Ainsi, le taux de chômage s'est établi dans la zone euro à 6,5% de la population active en avril, en baisse de 0,1 point par rapport à mars (chiffre révisé à 6,6%). Soit son plus bas niveau historique, selon les données d'Eurostat publiées également ce jeudi.

Face à la hausse encore élevée, la BCE poursuit sa politique

Malgré les baisses constatées, l'inflation reste encore majeure aux yeux de la Banque centrale européenne (BCE). De quoi justifier un nouveau resserrement de la politique monétaire, a déclaré sa présidente Christine Lagarde. « L'inflation est trop élevée et devrait le rester trop longtemps », a-t-elle indiqué lors d'un discours à Hanovre, devant le congrès des Caisses d'épargne allemandes, ce jeudi. « Nous continuerons d'avancer, avec détermination et sans découragement, jusqu'à ce que nous voyions l'inflation revenir à notre cible à moyen terme de 2% en temps opportun ».

« Au départ, l'avion doit monter fortement et accélérer rapidement. Mais à mesure qu'il se rapproche de son altitude cible, il peut réduire l'accélération et conserver sa vitesse actuelle », a expliqué sur le ton de la métaphore la banquière centrale française. « Maintenant, nous approchons de notre altitude de croisière », a-t-elle ajouté.

La hausse des taux d'intérêt fragilise la stabilité financière de la zone euro, selon la BCE

L'institution a commencé à relever ses taux directeurs en juillet 2022 pour tenter de calmer l'inflation galopante. Dernière fois en date début mai, de 25 points de base, portant à 3,75 points la hausse cumulée.

Cette stratégie devrait se poursuivre. Il est en effet largement attendu que la BCE relève à nouveau ses taux directeurs d'un quart de point lors de sa prochaine réunion. Plusieurs membres influents de l'institution, dont les présidents des banques centrales d'Allemagne, des Pays-Bas et d'Irlande, ont également évoqué une augmentation supplémentaire en juillet. En revanche, tous s'accordent à dire que les perspectives au-delà de cette date sont trop incertaines pour prendre un engagement. Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a déclaré ce jeudi que, bien que l'institut ait réalisé la majeure partie du resserrement monétaire, le cycle de hausses n'était pas encore tout à fait bouclé. La BCE voit l'inflation revenir à 2% « avant le second semestre 2025 », ce qui fera quatre ans de hausse exagérée des prix.

(Avec agences)