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Manifestations du 31 janvier, en direct : A Quimper, « les gens ne manifestent pas que contre la réforme des retraites : ils en ont ras-le-bol »

Manifestation contre la réforme des retraites, à Saint-Nazaire, le 31 janvier 2023.

Live en cours

La mobilisation contre la réforme des retraites a débuté mardi matin. Un enseignant sur quatre est en grève, selon le ministère. Suivez la deuxième journée de mobilisation avec nos journalistes à Quimper, La Réunion, Valenciennes, Paris ou Marseille.

Le point, à la mi-journée, sur ce deuxième jour de mobilisation contre la réforme des retraites

  • D’Arras à Marseille en passant par Toulouse et La Réunion, les opposants à la réforme des retraites ont commencé à défiler mardi matin. A Paris, le cortège doit s’élancer place d’Italie à 14 heures. En tout, près de 250 rassemblements sont prévus à travers le pays.
  • Douze jours après l’acte 1 de la contestation dans la rue – qui avait rassemblé entre un et deux millions de manifestants selon les sources –, les syndicats espèrent mobiliser au moins autant. « Si la première ministre n’a pas entendu le message, aujourd’hui on va le lui dire plus haut, plus fort et plus nombreux », a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
  • Une réunion intersyndicale doit avoir lieu mardi à partir de 18 heures au siège de FO pour décider des suites du mouvement, et probablement annoncer au moins une nouvelle journée de mobilisation.
  • La grève est très suivie dans les transports avec une circulation des métros et RER « très perturbée » en région parisienne. Sur le réseau ferré, les trains circulent au compte-gouttes.
  • Le ministère de l’éducation nationale comptabilisait à la mi-journée un taux d’enseignants grévistes de 25,92 % – dont 26,65 % dans le primaire et 25,22 % dans le secondaire (collèges et lycées), en recul par rapport au 19 janvier. Le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, chiffrait, lui, à 55 % le nombre de professeurs des collèges et des lycées en grève.
  • Mardi matin, des lycéens se sont mobilisés, notamment dans une poignée d’établissements parisiens. Des étudiants étaient également mobilisés, comme au site Saint-Charles de l’université Aix-Marseille. A Paris, Sciences Po a été occupé dans la nuit par une cinquantaine d’étudiants.
  • La CGT a annoncé 75 à 100 % de grévistes dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies. Quant aux grévistes d’EDF, ils ont occasionné, dans la nuit de lundi à mardi, des baisses de charges dans les centrales électriques de « près de 3 000 MW » – l’équivalent de trois réacteurs nucléaires –, mais sans provoquer de coupures.

Tout le live

A Colmar : « Ce n’est pas ce monde que je veux laisser à mes enfants. »

Ils étaient environ 300 à manifester mardi matin devant le siège de la Collectivité européenne d’Alsace, à Colmar (Haut-Rhin), à l’appel de la CGT. Une mise en jambe pour certains, à l’image de Yacine Lemkiti, qui prévoit d’aller ensuite défiler à Mulhouse. A 28 ans, le cheminot se mobilise pour un sujet qui ne le concernera pourtant pas avant plusieurs décennies. « Mais si les jeunes ne s’engagent pas, qui va le faire ? Ce n’est pas ce monde que je veux laisser à mes enfants. » Secrétaire de la section CGT de Colmar, il est surpris par l’ampleur de la mobilisation. « Des plans de transport à zéro train, on n’avait jamais connu ça ! (...) C’est un mouvement de solidarité, tout le monde est impacté », note-t-il.

Véronique Haefflinger non plus ne se bat pas pour elle : à 58 ans, elle est jeune retraité de l’éducation nationale. Elle s’était déjà mobilisée à Mulhouse le 19 janvier. Aujourd’hui, elle est venue avec plusieurs amies. « La précédente réforme fait que je suis partie avec une décote de 9 %, après pourtant quarante années de services. Cette réforme est encore plus injuste. Le service public est en miettes, il n’est pas à l’image de la France des Lumières », dit-elle.

Nathalie Stey (Strasbourg, correspondance)

« Plus de monde » dans la rue que le 19 janvier, selon Berger (CFDT)

Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a affirmé mardi à la mi-journée qu’il y avait « plus de monde » dans la rue que lors de la dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites. « Tout ce qui nous remonte partout en France ce sont de très très gros chiffres, largement aussi bien voire mieux que le 19 janvier », a-t-il déclaré, tandis que son homologue de la CGT, Philippe Martinez, a jugé que les manifestants étaient « au moins aussi nombreux ».

« Ce qu’on attend maintenant c’est que le gouvernement rouvre le dossier et renonce aux 64 ans et se mette enfin autour de la table parce qu’il y a un rejet massif de sa réforme. Il faut qu’il entende », a plaidé le patron du premier syndicat français.

« Si le gouvernement et le président de la République continuent avec ce ton dédaigneux des mobilisations, il faudra durcir le ton, et la question des grèves reconductibles est posée », a pour sa part prévenu M. Martinez.

A Quimper : « la retraite, c’est comme la galette, on la veut complète »

A Quimper, c’est surtout contre le report de l’âge légal de départ et la fin des régimes spéciaux que Bruno, 58 ans, est remonté. Chauffeur routier, il voit s’éloigner, avec la nouvelle réforme, son droit à une pré-retraite à 57 ans. Or, « après, on est inapte à la conduite et on risque tous de finir notre carrière en longue maladie », anticipe-t-il. Alors, si le gouvernement maintient son projet, « on n’aura pas d’autre choix que de bloquer les routes », dit-il, assumant le risque de perdre son permis de conduire – sanction possible à l’encontre des routiers participant à des blocages. Bruno devait partir en retraite en mai.

Plus à l’arrière du cortège, qui semble s’étendre sans fin dans les rues du centre-ville quimpérois, Julie, 40 ans, défile avec ses collègues. Aide à domicile depuis vingt ans, elle souhaite que la pénibilité soit davantage prise en compte dans son métier. Tous les jours, elle porte ses patients, les transfère du lit au fauteuil, elle les lave et fait aussi le ménage. Aujourd’hui, elle s’est arrangée : elle a déplacé des heures et a cherché à se faire remplacer pour manifester. Sous un air de « la retraite, c’est comme la galette, on la veut complète » crié dans un mégaphone, Julie, Bruno et le cortège poursuivent leur route.

Sandra Favier

A Toulouse : « De toute façon, je crois que notre génération, vu l’état du monde, ne bénéficiera même pas d’une retraite »

A Toulouse, près de 80 000 manifestants déambulaient dans les rues selon Cédric Caubère, secrétaire général de la CGT Haute-Garonne, et 34 000 selon la police. Un chiffre en légère augmentation par rapport au 19 janvier.

Dans le cortège qui noircit les allées Jean-Jaurès, Clément (30 ans) et Caroline (37 ans) font partie de la petite délégation des « Airbusiens », comme on dit à Toulouse : tous deux sont ingénieurs chez Airbus. « En 2019, Macron disait que le report à 64 ans serait hypocrite, il serait bon qu’il s’en souvienne », lance Clément, qui précise : « j’ai voté contre Le Pen et pas pour Macron comme des milliers de Français, il le sait aussi ».

Pour Caroline, c’est tout l’avenir du régime des retraites qui est en danger : « Qui nous dit que dans dix ou quinze ans, on nous prolongera pas encore ? » Pour cette mère de deux enfants, « de toute façon, je crois que notre génération, vu l’état du monde, ne bénéficiera même pas d’une retraite ». 

Clément préfère souligner le fait que « même si les conditions de travail sont bonnes à Airbus, il faut savoir qu’on fait des études longues. Cinq à six ans pour un ingénieur, donc on partira encore plus tard. Pour ma part, après avoir simulé ma carrière, ce sera 64 ans au lieu de 62 ans, c’est inacceptable ! »

Phillippe Gagnebet

Les archives sont cruelles. Emmanuel Macron s’en agace. Lorsque, invité de l’émission « L’Evénement », pour un grand entretien politique sur France 2, le 26 octobre 2022, la journaliste Caroline Roux lui rappelle ses mots de 2017 sur les retraites, le président de la République se fâche. « Ce n’était pas le même monde ! », se défend-il. A l’époque, le chef de l’Etat avait affirmé : « Je ne propose pas de décaler l’âge de départ à la retraite, ce n’est pas juste. Et les sacrifiés, ce sont ceux qui ont aujourd’hui autour de 60 ans ».

Depuis, explique-t-il, le Covid-19, la dette générée par le « quoi qu’il en coûte » et les effets de la guerre en Ukraine ont changé la donne. Assez pour justifier, six ans plus tard, une réforme préconisant, initialement, un départ à la retraite à 65 ans. La Terre tourne, c’est un fait.

Dans la même émission, le chef de l’Etat explique qu’« il n’y a qu’un moyen de faire, si on est lucide, c’est de travailler plus longtemps ». Bien qu’« ouvert » aux requêtes des partenaires sociaux tendant à assouplir sa copie, il « n’y a aucune hypothèse de travail où l’on peut s’arrêter à 63 ans à horizon de ce quinquennat », pointe-t-il. Trois mois plus tard, c’est pourtant cette hypothèse qui est retenue, avec un décalage progressif de l’âge de départ à la retraite de 63 ans en 2027, pour aller jusqu’à 64 ans en 2030, à moins qu’une clause de revoyure à la fin du quinquennat ne stoppe cet élan.

Lire aussi : Emmanuel Macron et les zigzags de la réforme des retraites

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A Saint-Nazaire : « J’ai envie de profiter de ma retraite, pas de mourir avant »

Au milieu d’un cortège réunissant près de 14 000 personnes à Saint-Nazaire (selon la police), Sébastien Angibaud, 49 ans, le dit tout net : il ne veut pas devoir continuer à travailler au-delà de 62 ans. « Le soir, quand je rendre chez moi, j’ai déjà les genoux fatigués, confie cet électricien qui travaille à la Sides (Société industrielle pour le développement de la sécurité), usine de construction de véhicules d’incendie et de secours. Même si d’autres font sans doute un métier encore plus pénible que le mien, je sens que ça tire dur dans le corps. On passe la journée à monter et descendre de camions, et nos positions de travail ne sont pas faciles. »

L’homme, en couple et père d’une enfant, gagne 1 800 euros net par mois et pâtit déjà d’une carrière tronquée du fait de contrats précaires « alignés en début de carrière dans le domaine socioculturel ». « J’ai envie de profiter de ma retraite, pas de mourir avant, décoche-t-il. Autour de moi, je vois bien qu’à partir de 62 ans, il y a des gens qui commencent à ne pas être bien ».

M. Angibaud, qui a voté pour Yannick Jadot (écologiste) au premier tour de la présidentielle avant de voter Emmanuel Macron au deuxième tour, se fend de la mise au point suivante : « Macron a gagné l’élection, c’est vrai, le score est là. Mais il n’a pas le droit d’oublier le contexte de cette élection. J’aurais bien aimé ne pas voter pour lui, mais j’ai estimé qu’il n’y avait pas le choix. En tout cas, ma voix n’était certainement pas pour son programme sur les retraites. »

Yan Gauchard (Nantes, correspondant)

A Valenciennes : « Ca bougera pas. Pour qu’ils retirent la réforme, il faudrait faire la grève tous les jours… »

A Valenciennes (Nord), le cortège s’étend sur plus d’un kilomètre. Selon les observateurs présents aux manifestations de mardi et du 19 janvier, l’affluence serait toutefois moindre qu’il y a deux semaines. La préfecture a annoncé 5 000 personnes, contre 6 000 le 19 janvier.

Dans le cortège de la CFTC, on est clairement moins nombreux. « Certains ont préféré aller à Maubeuge, Lille et Paris », explique David, 53 ans, vendeur chez Carrefour. Deux ans de travail en plus ? Impossible selon lui : « j’ai déjà mal aux genoux quand je mets les articles en rayon ». Il manifeste donc, mais sans espoir. « Ca bougera pas. Pour qu’ils retirent la réforme, il faudrait faire la grève tous les jours… Comme en Mai 68 ou comme les mineurs qui lâchaient pas l’affaire eux… Là, les vacances vont arriver. Après on en parlera plus. »

Le 19 janvier, Anaïs, professeure dans une école primaire à Denain, était accompagnée de dix-sept de ses collègues de l’école. Aujourd’hui, ils ne sont que deux. « Ils ne voulaient pas reperdre une journée de salaire ». Avec la réforme, Anaïs a fait ses calculs : elle devra attendre 67 ans si elle veut partir avec une retraite à taux plein et toucher 1 800 euros par mois. Mais à cet âge, « les cris, les pleurs… j’aurai plus la patience, ni l’énergie ».

Alexandre Lenoir

« Pourquoi pensez-vous que tous les serveurs ont 22 ans ? Parce qu’à 60 ans, tu peux plus faire ça ! »

Guillaume, 31 ans, serveur dans un restaurant parisien, ne fait pas grève mais soutient le mouvement :

« Nous, si on fait grève ça ne sert à rien du tout, ça ne se voit pas. Mais j’ai dit à la maîtresse de maternelle de mon fils, qui est en grève aujourd’hui, qu’on la soutenait à fond et qu’elle pouvait faire autant de journées de grève qu’elle voulait, on se débrouillerait ! Dans la restauration, déjà qu’on n’arrive pas à recruter parce que c’est dur et pas assez payé, alors imaginez quand on entend qu’on va bosser deux ans de plus ? Pourquoi pensez-vous que tous les serveurs ont 22 ans ? Parce qu’à 60 ans, tu peux plus faire ça ! C’est pas possible ! Ce gouvernement se moque de nous. »

Aline Leclerc

Jean-Luc Mélenchon : « M. Macron est certain de perdre »

Comme le 19 janvier, Jean-Luc Mélenchon a choisi Marseille, son ancienne terre d’élection, pour défiler contre la réforme des retraites. « Ce jour est un jour très particulier. Ce n’est pas souvent que l’on voit une telle mobilisation de masse à l’appel des syndicats. Il y aura un avant et un après. Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle phase », a estimé le dirigeant de La France insoumise (LFI) avant d’aller saluer le cortège de tête.

Se félicitant de voir se créer « des formes nouvelles de combat », comme la fourniture gratuite d’électricité à l’initiative de certains syndicats, M. Mélenchon voit dans « ces formes de solidarité (…) la puissance du mouvement qui est en train de s’amorcer ». « En quelque sorte, une forme d’insurrection citoyenne de la masse de notre peuple » face à une réforme dont, selon l’ancien député des Bouches-du-Rhône, « personne ne veut ». « M. Macron est certain de perdre. Tout ce qu’il fait est de nous faire perdre du temps à tous, de l’énergie et de l’argent », a poursuivi le dirigeant de gauche.

Jean-Luc Mélenchon a également appelé à un référendum sur la question. « Je mets au défi les autres partis soit disant d’opposition et même certains députés de la majorité de voter la motion référendaire que déposera la Nupes devant l’Assemblée nationale ». « Nous avons une issue pacifique et démocratique. Faisons voter les Français », a-t-il demandé alors que le cortège marseillais commençait son long parcours.

Gilles Rof (Marseille, correspondant)

Des cortèges de manifestants dans d’autres villes de France :

A Laval, le 31 janvier 2023. A Perpignan, le 31 janvier 2023.

A Quimper, les gens « ne viennent pas que pour manifester contre la réforme des retraites : ils en ont juste ras-le-bol »

Près d’une heure avant le départ prévu du cortège, les coins de la place de la Résistance à Quimper (Finistère) s’emplissent déjà de manifestants. Près de la voiture de la CFDT, surmontée pour l’occasion de deux imposantes enceintes et de ballons oranges, les délégués syndicaux s’interrogent sur l’affluence.

Le 19 janvier, entre 13 000 et 16 000 personnes avaient défilé contre le projet de loi. « Beaucoup n’étaient pas venus parce qu’ils n’y croyaient pas, mais cette semaine, ils seront là, veut croire Joël Ledantec, secrétaire de l’union départementale CFDT Finistère. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ne viennent pas que pour manifester contre la réforme des retraites : les gens en ont juste ras-le-bol, c’est la fin de la démocratie solidaire. »

Le délégué syndical espère réunir au moins autant de monde que le 19 janvier. Même si faire grève coûte cher : « Nous, on habite tous à la campagne, on sait combien coûte le gazole », dit-il. Alors certains « s’arrangent », d’autres « assument » le coût. En tout cas, mardi, « il y a de tout », assure le syndicaliste, en référence aux branches chimie-énergie, santé, agriculture ou encore transport routier de la CFDT présentes dans la foule.

A quelques minutes du départ du cortège, l’ambiance s’échauffe, les sifflets s’éveillent, et un premier pétard diffuse sa fumée épaisse au-dessus de la place déjà bondée.

Sandra Favier

Plusieurs antennes de Radio France touchées par la grève

A l’image de la première journée de mobilisation le 19 janvier, les antennes de Radio France étaient bien perturbées mardi matin. Les organisations syndicales CFDT, CGT, FO, SNJ, Sud et Unsa représentatives du service public avaient déposé un préavis de grève « afin de permettre aux salariés et salariées de participer à la mobilisation et de se joindre aux manifestations ». Si le nombre de grévistes au sein du groupe radiophonique public n’était pas connu et communiqué en fin de matinée, plusieurs antennes restaient dégradées.

La matinale de France Inter, toujours première radio de France selon la dernière vague de Médiamétrie, était simplement constituée d’un flash info chaque heure et de l’habituelle playlist musicale en temps de grève.

Aussi, les antennes de plusieurs des 44 locales de France Bleu (Nord, La Rochelle, Orléans, Pays Basque, Isère, Cotentin ou encore Paris) n’ont pas eu lieu ce matin, faute de journalistes ou de techniciens pour les assurer.

Sur Franceinfo, la traditionnelle matinale de Marc Fauvelle avait néanmoins bien lieu, contrairement à celle de Guillaume Erner sur France Culture, remplacée par la playlist de la station. La chaîne au logo violet – qui a vu sa directrice Sandrine Treiner démissionner de son poste la semaine dernière alors qu’elle était mise en cause par les conclusions d’une enquête sur le management – ne doit reprendre sa programmation habituelle qu’à 15 heures au mieux.

Brice Laemle

Le point, à la mi-journée, sur ce deuxième jour de mobilisation contre la réforme des retraites

  • D’Arras à Marseille en passant par Toulouse et La Réunion, les opposants à la réforme des retraites ont commencé à défiler mardi matin. A Paris, le cortège doit s’élancer place d’Italie à 14 heures. En tout, près de 250 rassemblements sont prévus à travers le pays.
  • Douze jours après l’acte 1 de la contestation dans la rue – qui avait rassemblé entre un et deux millions de manifestants selon les sources –, les syndicats espèrent mobiliser au moins autant. « Si la première ministre n’a pas entendu le message, aujourd’hui on va le lui dire plus haut, plus fort et plus nombreux », a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
  • Une réunion intersyndicale doit avoir lieu mardi à partir de 18 heures au siège de FO pour décider des suites du mouvement, et probablement annoncer au moins une nouvelle journée de mobilisation.
  • La grève est très suivie dans les transports avec une circulation des métros et RER « très perturbée » en région parisienne. Sur le réseau ferré, les trains circulent au compte-gouttes.
  • Le ministère de l’éducation nationale comptabilisait à la mi-journée un taux d’enseignants grévistes de 25,92 % – dont 26,65 % dans le primaire et 25,22 % dans le secondaire (collèges et lycées), en recul par rapport au 19 janvier. Le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, chiffrait, lui, à 55 % le nombre de professeurs des collèges et des lycées en grève.
  • Mardi matin, des lycéens se sont mobilisés, notamment dans une poignée d’établissements parisiens. Des étudiants étaient également mobilisés, comme au site Saint-Charles de l’université Aix-Marseille. A Paris, Sciences Po a été occupé dans la nuit par une cinquantaine d’étudiants.
  • La CGT a annoncé 75 à 100 % de grévistes dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies. Quant aux grévistes d’EDF, ils ont occasionné, dans la nuit de lundi à mardi, des baisses de charges dans les centrales électriques de « près de 3 000 MW » – l’équivalent de trois réacteurs nucléaires –, mais sans provoquer de coupures.

Retrouvez, tout au long de la journée, les chiffres de participation aux mobilisations contre le projet de loi.

A Toulouse : « La communication gouvernementale ne convainc personne »

A Toulouse, le cortège, qui semble plus important que lors de la première journée de mobilisation (40 000 participants, selon la police), a démarré vers 10 heures du quartier Saint-Cyprien. Les lignes de métro, qui fonctionnent toute la journée, ont déversé les manifestants venus de Toulouse et de la région.

Dans une ambiance calme, et face à une présence policière très discrète, le défilé arpente les boulevards pour rejoindre le centre-ville. En tête de celui-ci, Maxime Maupou, 35 ans, est sapeur-pompier dans la Ville rose. « Dans notre métier, la mobilisation est compliquée en raison des astreintes, mais 99 % des gars sont en grève aujourd’hui, dit-il. On est d’autant plus concernés, que les questions de pénibilité, on connait bien. » Il explique que les sapeurs-pompiers « surcotisent » pendant leur carrière « pour pouvoir partir plus tôt, vers 59 ans. » « La communication gouvernementale ne convainc personne. S’il le faut, on sera encore dans la rue la prochaine fois », conclut-il.

Philippe Gagnebet (Toulouse, correspondant)

25,92 % d’enseignants grévistes, selon le ministère

La deuxième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites se traduit mardi par un taux d’enseignants grévistes de 25,92 % – dont 26,65 % dans le primaire et 25,22 % dans le secondaire (collèges et lycées) –, selon le ministère de l’éducation nationale, bien en-deçà des chiffres des syndicats.

Ces taux sont inférieurs à ceux du 19 janvier, lors de la première journée de mobilisation : le taux d’enseignants grévistes avait alors été de 38,5 % en moyenne pondérée, selon le ministère – dont 42,35 % dans le primaire et 34,66 % dans le secondaire.

Les syndicats d’enseignants ont comptabilisé beaucoup plus de grévistes pour mardi, au moins 50 % parmi les professeurs, de la maternelle au lycée.

A Marseille, « un parcours plus large parce qu’on attend plus de monde »

A Marseille, après la très forte mobilisation du 19 janvier, les organisations syndicales ont décidé de modifier le point de rendez-vous de ce deuxième cortège. « Un parcours plus large parce qu’on attend plus de monde. La réussite du 19 a donné confiance à ceux qui hésitaient », analyse Serge Tavano, responsable FSU à la métropole d’Aix-Marseille-Provence présent depuis 9 heures sur le Vieux-Port, nouveau point de rendez-vous.

Dans la foule qui a commencé à défiler à 11 heures, les « nouveaux » manifestants – ceux qu’il n’étaient pas là le 19 janvier – ne sont pas difficiles à trouver. Sous les drapeaux CFE-CGC, plusieurs salariés de la société ADSN, spécialisée dans les services aux notaires, ont fait le déplacement. « Le 19, j’avais des réunions importantes et je ne voulais pas pénaliser mon entreprise, qui n’y est pour rien. Mais cette fois, j’ai posé un jour de congés pour être là », explique Thierry Verneau, 46 ans, chef de service, qui raconte n’avoir pas manifesté depuis ses années de lycée et la réforme Juppé, en 1995.

Son collègue Michaël Reuge, 54 ans, a lui aussi pris le bus du syndicat pour la première fois : « Cette réforme va à contresens de l’Histoire. Il y a de moins en moins de travail, des boulots qui ont de moins en moins de sens… On nous dit qu’il faut s’aligner avec les autres pays européens mais je ne suis pas d’accord avec cette analyse. On suit les mauvaises idées avec un temps de retard ».

A quelques pas, au milieu des salariés d’Eurocopter, plus gros employeur des Bouches-du-Rhône, Mustapha Beraza vient lui aussi défiler contre la réforme pour la première fois. « Le 19, j’étais de nuit, et cela m’aurait fait perdre deux journées de salaire. Aujourd’hui, je n’en perds qu’une », explique ce technicien qui travaille en atelier. « L’argent est plus que jamais le nerf de la guerre de la mobilisation », reconnaît François Roche, délégué CGT chez Eurocopter qui note également que certains salariés présents le 19 janvier ne sont pas là mardi. « Ils ne pouvaient pas se permettre de perdre une deuxième journée de salaire. »

Gilles Rof (Marseille, correspondant)

Une opération « sobriété énergétique » menée par la CGT dans le Lot-et-Garonne

La CGT Mines-Energie a annoncé dans un communiqué une opération « sobriété énergétique », menée par « les “Robins des bois” de l’énergies » dans le département du Lot-et-Garonne dans la nuit de lundi à mardi. Concrètement, quatre radars routiers « ont été privé (...) d’électricité ». Autre action menée : la communication de compteurs Linky a été empêchée « en substituant les cartes SIM de 170 concentrateurs ».

« Par ces actions populaires et positives, c’est bien l’intérêt général que nous défendons », explique la CGT, ajoutant que « notre but est aussi de montrer que nous devons nous rassembler pour intensifier le rapport de force ».

A La Réunion, entre « 9 000 et 10 000 » manifestants, selon l’intersyndicale

A La Réunion, la deuxième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a rassemblé, selon l’intersyndicale, entre « 9 000 et 10 000 personnes » dans les deux cortèges organisés à Saint-Denis et à Saint-Pierre, qui se sont dispersés peu après 13 heures (10 heures à Paris). Selon la préfecture, les manifestants étaient entre 7 300 et 7 900. « C’est un pari largement gagné », s’est félicitée l’intersyndicale. En outre, d’après l’académie, le taux de grévistes est de 43,5 % dans les établissements scolaires de l’île, et 111 des 520 écoles de La Réunion sont restées fermées.

Le 19 janvier, plus de 2 500 personnes, selon les chiffres officiels, étaient descendues dans les rues de Saint-Denis et Saint-Pierre. Les rangs des manifestants ont plus que triplé en raison de la présence de nombreux enseignants ayant repris les cours après les vacances d’été austral et de fonctionnaires territoriaux.

Jérôme Talpin (Saint-Denis (La Réunion), correspondance)

Le contexte

  • Deuxième round. Galvanisés par le succès de leur première mobilisation contre la réforme des retraites – 1,12 million de manifestants selon les autorités, plus de deux millions d’après les organisateurs –, le 19 janvier, les huit principaux syndicats appellent à manifester « encore plus massivement », mardi 31 janvier.
  • Plus de 200 rassemblements sont prévus à travers le pays. A Paris, le cortège doit s’élancer place d’Italie à 14 heures et s’achever aux Invalides, tout près de l’Assemblée nationale.
  • La SNCF a annoncé un trafic « très fortement perturbé » avec deux TER sur dix en province, de 25 % à 50 % des TGV selon les axes, et un train sur trois à un train sur dix en Ile-de-France. Dans les transports parisiens, seules les lignes 1 et 14, automatiques, fonctionneront normalement. Sur les autres lignes, les métros circuleront essentiellement aux heures de pointe. La grève des contrôleurs aériens devrait provoquer l’annulation d’un vol sur cinq à l’aéroport d’Orly. Dans l’enseignement, des fermetures de classes sont aussi à prévoir.
  • Elisabeth Borne s’est montrée ferme dimanche, affirmant sur Franceinfo que le report de l’âge légal de départ à 64 ans (au lieu de 62 ans actuellement) n’était « plus négociable ». Alors que le texte est très critiqué sur ses conséquences pour les femmes, la première ministre s’est, en revanche, dite ouverte à une discussion sur une meilleure utilisation des trimestres « éducation » et « maternité » obtenus au cours de leurs carrières.
  • La fermeté affichée par Mme Borne a fait bondir les oppositions. La patronne des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, a mis en garde la cheffe du gouvernement, qui « ne devrait pas trop s’avancer, parce que, parti comme c’est parti, il n’est pas du tout impossible que sa réforme des retraites ne soit pas votée ». Le secrétaire général du Parti communiste, Fabien Roussel, a assimilé ses déclarations à une « provocation à quarante-huit heures de la manifestation ».
  • L’examen du projet de loi a commencé lundi en commission. Plus de 7 000 amendements ont été déposés, essentiellement par la gauche, qui entend faire durer les débats, tandis que la droite cherche à faire monter les enchères, consciente que ses voix seront cruciales pour adopter la réforme. Le gouvernement doit aussi composer avec sa propre majorité, car certains députés La République en marche renâclent à voter le texte en l’état.
  • La suite du mouvement reste incertaine. Certaines fédérations de la Confédération générale du travail (CGT) poussent pour un durcissement. De nouvelles grèves sont déjà annoncées dans les ports, raffineries et centrales électriques à partir du 6 février. Chez les cheminots, ce sera le 7 et le 8. Du côté de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), son dirigeant, Laurent Berger, estime qu’« une ou deux démonstrations de force » supplémentaires suffiront à faire entendre raison à l’exécutif.

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    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

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