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[Marché des grains] Les récoltes russes et australiennes pèsent sur les cours

Les prix des blés et des orges ont à nouveau baissé cette semaine sous l’effet de la concurrence russe et de l’arrivée de récoltes australiennes pléthoriques sur le marché mondial. Le colza a lui aussi vu son prix reculer en raison de l’abondante récolte de l’Australie, du recul des prix des huiles et du pétrole. Au contraire les tourteaux décollent sous l’effet d’un rebond de la demande chinoise

Les prix du blé en baisse sur une semaine

Les prix du blé tendre rendu Rouen marquent un retrait de 4,5 €/t cette semaine, à 305 €/t (base juillet). Il en est de même pour le blé rendu La Pallice qui s’affiche à 307 €/t. Les prix français restent sous l’influence des prix russes qui continuent de donner le tempo sur le marché. Les exportations russes de blé devraient être élevées en décembre si les difficultés météorologiques actuelles en mer d’Azov ne durent pas trop longtemps (un temps venteux et pluvieux a frappé les ports en eaux peu profondes de Russie et d'Ukraine cette semaine).

Le marché a également réagi à la baisse à la publication par Abares , le département de l’Agriculture du gouvernement australien, d’une récolte 2022 de blé tendre record en Australie, avec 36,6 millions de tonnes. L’Australie devrait donc exporter fortement dans les mois à venir, notamment vers l’Asie.

En France, les blés tendres semés cet automne sont dans de bonnes conditions dans leur très grande majorité selon le bulletin CéréObs publié ce vendredi 9 décembre 2022 par FranceAgriMer.

Aux États-Unis, le blé Fob Gulf HRW a fortement baissé (-19 $/t, à 374 $/t) du fait d’exportations hebdomadaires faibles, dans le bas de la fourchette des attentes du marché. Le marché attend maintenant la publication du rapport USDA ce soir.

La demande scrutée de près par le marché

Les exportations ont été très dynamiques pour les blés français depuis le début de la campagne avec notamment une vague d’achats chinois fin novembre. La demande chinoise est actuellement suivie de près : elle pourrait être dynamisée par des mesures d’allègement des règles de lutte contre la Covid-19, annoncées en début de semaine par des membres du gouvernement chinois.

Outre Atlantique, les derniers chiffres de l’économie américaine sont meilleurs que prévus avec en octobre un marché de l’emploi plus dynamique qu’attendu et une inflation qui a ralenti.

Enfin, la Banque de France indique que la croissance pourrait en fait être faiblement positive sur la fin de l’année, plutôt que nulle comme cela était anticipé à la rentrée.

Le regain d’intérêt de la Chine limite le recul des prix de l'orge

Après une baisse au cours de la semaine dernière, les prix de l’orge fourragère sur le marché français ont enregistré un fort retrait en début de semaine, puis une reprise en milieu de semaine pour terminer à un niveau rendu Rouen supérieur de 3,5 €/t à celui de vendredi dernier, à 279,5 €/t (base juillet). La baisse observée en début de semaine s’explique par la très forte compétitivité des orges de la mer Noire ainsi que celles de l’Australie qui a freiné l’intérêt pour l’origine française.

L’origine russe a évolué à la baisse depuis vendredi dernier (-4 $/t) et s’affiche maintenant à parité avec les origines australiennes en prix Fob à 278 $/t. L’offre russe abondante et des exportations russes dynamiques constituent des facteurs baissiers majeurs pour les prix. Après une importante progression des exportations russes sur le mois d’octobre, les exportations du novembre ont aussi largement dépassé le niveau de l’an dernier (487 000 tonnes contre 310 000 de tonnes réalisées en novembre 2021).

À cela s’ajoute une abondante offre australienne qui commence à arriver sur le marché. Abares a, comme pour le blé, révisé à la hausse ses projections de production d’orge pour la campagne en cours, à 13,4 millions de tonnes.

Mais à la suite de la baisse de prix des orges françaises en début de semaine, les acheteurs chinois n’ont pas manqué de revenir aux achats. C'est pourquoi l'orge fourragère rendu Rouen est repartie de nouveau à la hausse pour retrouver son niveau d'il y a deux semaines. 

À l’image de l’orge fourragère, les prix brassicoles d’hiver et de printemps ont suivi une tendance baissière cette semaine (-9 €/t à 305 €/t Fob Creil pour l’orge brassicole d’hiver et -9 €/t à 326 €/t Fob Creil pour celle de printemps). Malgré la dégradation des perspectives de la récolte en Argentine du fait de la sécheresse, l’abondante offre australienne semble largement suffisante pour approvisionner la demande qui s’exprime.

Baisse des prix du colza en France

Cette semaine, les cours du canola au Canada ont augmenté très fortement (+38 $/t sur l’échéance janvier 2023) à la suite de la publication du dernier rapport de Statcan. En effet l’organisme a diminué la production canadienne de canola à seulement 18,2 millions de tonnes, ce qui représente la seconde récolte la plus basse depuis 2015. Cette révision en baisse de 1 Mt par rapport à l’estimation précédente a surpris le marché et intervient alors que la demande canadienne est toujours soutenue par d’excellentes marges de trituration.

Toutefois, cela n’a pas affecté les prix européens : ces derniers ont diminué de 12 €/t rendu Rouen et de 15,5 €/t en Fob Moselle. En effet, les prix du colza en France sont sous la pression des fondamentaux, lourds, en raison des bonnes récoltes européennes et mondiales permettant des hauts niveaux d’importation, que ce soit depuis l’Ukraine ou l’Australie. La récolte record australienne annoncée à 7,3 millions de tonnes (selon le dernier rapport d’Abares) devrait arriver sur le marché européen d’ici quelques semaines.

Les prix du colza ont également régressé sous la pression du prix des huiles, notamment de l’huile de soja, fortement affectée par l’annonce par l’EPA (Agence de Protection Environnementale des États-Unis) des taux d’incorporation obligatoire pour le biodiesel des trois prochaines années, qui se sont avérés en dessous des attentes du marché. Par ailleurs, les prix du pétrole ont aussi reculé cette semaine : la nouvelle hausse des taux directeurs de la banque centrale américaine a accentué les craintes d’une récession et d’un affaissement de la demande.

Enfin, la remontée de l’euro face au dollar a ajouté une pression baissière sur les cours du colza, cette dernière affectant la compétitivité des graines européennes à l’export.

Tourteau de soja : les cours flambent

Cette semaine, les cours mondiaux du tourteau de soja ont flambé soutenu notamment par une demande chinoise ferme, par la dépréciation du dollar et par une bonne attractivité face aux céréales.

Sur le CBOT (Chicago Board of Trade), le cours a bondi de 53 $ pour s’afficher à 517 $/t sur le rapproché. Le Fob argentin a lui grimpé de 56 $ à 544 $/t. De même pour la cotation à Montoir qui a progressé de 53 €/t pour s’afficher à 585 €/t. En effet, la demande du géant chinois s’est montrée très soutenue récemment avec notamment des signes d’allègement des restrictions sanitaires dans la gestion de l’épidémie de Covid-19 par les autorités chinoises.

En parallèle la dépréciation du dollar a rendu cette origine attrayante à l’exportation, contribuant à dynamiser les exportations de soja américain, ce qui a permis de soutenir les prix du tourteau. Les envois US hebdomadaires de soja se sont établis à près de 1,7 million de tonnes la semaine dernière, bien au-dessus des attentes du marché qui tablait plutôt sur des volumes entre 600 000 tonnes à 1,2 million de tonnes.

De plus, le ministère américain de l'Agriculture (USDA) a annoncé cette semaine des ventes conséquentes de soja vers la Chine, qui s’affichent au total à environ 512 000 tonnes à livrer sur la campagne 2022-2023. Les meilleures disponibilités en soja en Chine ont permis de booster la trituration et ont fait remonter un peu les stocks en tourteaux, mais ils restent toujours à de bas niveaux. Au 5 décembre 2022, les stocks se plaçaient 52 % sous leur niveau de l’an dernier.

Dans l’Union européenne, l’offre en tourteau de soja est très modérée actuellement du fait des faibles niveaux de production, en raison de marges industrielles basses et d’une forte concurrence du colza dans les lignes de trituration.

En ce qui concerne l’offre en soja mondiale, pas d’inquiétude pour le moment pour les cultures du soja sud-américaines. En effet, malgré quelques zones sèches, les semis et les premiers stades de développement se passent correctement. De plus, des précipitations sont attendues sur les prochaines semaines en Argentine et au Brésil. Toutefois, les pluies devront être régulières dans les prochaines semaines au sud du Brésil et au nord de l’Argentine, ces zones souffrant d’une humidité des sols inférieures à la normale. Cela reste à surveiller.

À suivre : contexte économique mondial (croissance, inflation), récoltes de céréales et colza de l’Hémisphère sud, conditions météorologiques en Amérique du Sud (soja, maïs), restrictions sanitaires en Chine, évolution du change euro/dollar, exportations de la Russie et de l’Ukraine, cours du pétrole.