France
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« Maria rêve », entre balais et pinceaux

Maria rêve **

de Lauriane Escaffre et Yvo Muller

Film français, 1 h 33

Une vie s’éteint, et une page se tourne. L’employeuse de Maria, une dame âgée, vient de mourir en lui léguant une statuette de laiton, signe de gratitude pour ses années de bons et loyaux services comme femme de ménage. La cinquantaine réservée, Maria trouve un nouveau poste à l’École des beaux-arts à Paris, un univers à mille lieues du sien. Chaque matin, elle part aux aurores de sa maison de banlieue où elle habite avec son mari pour la capitale. Maria travaille avec Hubert, surnommé le Mammouth, le gardien et intendant que la légende des lieux dit être né dans l’école. Il lui sert de guide et lui révèle un petit monde artistique vibrionnant, toujours en quête de beauté et de liberté.

Prisonnier de ses habitudes, Hubert prône l’évasion auprès de Maria, une curieuse qui tait son regard sur les autres et la vie. Le minuscule jardin secret de cette quinquagénaire tient sur un carnet dans lequel elle note quelques poèmes que jamais elle n’appellerait des haïkus, même s’ils en ont la brièveté et la grâce. Ces deux grands timides tentent de rester sourds aux battements de leur cœur pourtant à l’unisson.

Le charme des interprètes

Comme de nombreuses comédies romantiques, Maria rêve ne surprend guère par sa trame cousue de fil blanc. Le film pétille néanmoins du charme de ses interprètes. Karin Viard parvient à rendre crédible cette figure de discrète, comme elle l’avait fait pour Lulu femme nue de Solveig Anspach, un autre récit d’émancipation. En tendre bourru, Grégory Gadebois fait merveille. Il nous cueille en un regard, une parole ou un twist esquissé en douce devant un tuto, dans son bureau où n’entrent que ses rares protégés.

À leurs côtés, Noée Abita, émouvante alchimie d’enfance et de féminité lunaire, incarne une étudiante qu’ils épaulent ensemble dans ses performances, mais qui leur montre aussi tranquillement, du haut de sa jeune existence, un autre rapport au corps, aux mots et aux sentiments. Et puis il y a les Beaux-Arts, avec ses décors contrastés (architecture classique, ateliers bigarrés, bâtiment tagué des années 1970, verrière, etc.) et son effervescence créatrice, ses prétentions et sa folle énergie qui irriguent cette charmante comédie romantique.